Les Feux de la Rampe
34, rue Richer
75009 Paris
Tel : 01 42 46 26 19
Métro : Cadet / Grands Boulevards
Ecrit par Emmanuelle Bodin et Vincent Varinier
Mis en scène par Eric Delcourt
Voix off de Romy Mulot
Présentation : Le spectacle féminin et féministe qui ne
maltraite pas les hommes ! (enfin… presque pas !)
Emmanuelle vous emmène dans sa
quête folle et difficile : devenir une femme.
A travers la rencontre de
personnages truculents : son psy misogyne, sa mère sexo-féministe
castratrice, son ex gros macho au cœur d’artichaut, sa meilleure copine que
l’amour rend non seulement aveugle mais aussi décérébrée, sa fille précoce et
éco-responsable, sa coach de préparation à l’accouchement très… directe…
On suit les péripéties d’Emma,
trentenaire, célibataire, un enfant, qui essaie d’être une femme moderne avec
toutes ses contradictions… Peut-on être féministe, sexy, et aimer les
hommes ? Comment gérer la charge mentale d’une maman et rester coquette,
intéressante, amie et amante ?
Mon avis : Emmanuelle Bodin, alias « Emma », est une
véritable tornade. Dès son entrée sur scène, elle nous empoigne et, pendant une
heure, elle ne nous lâchera plus une seule seconde. Elle est impressionnante
d’énergie et de bagout.
Au bord de la crise de mère est un spectacle bien conçu car il nous
raconte une tranche de vie dans sa chronologie. Son héroïne, Emma, qui
ressemble furieusement à Emmanuelle Bodin, nous confie ce laps de temps qui a
entouré sa grossesse, de sa conception à la naissance de sa fille. Tout au long
de ce parcours de la combattante (surtout battante), elle incarne les
principaux protagonistes qui jalonnent son quotidien. Cela donne lieu à une
galerie de portraits plutôt croustillants. Personnellement, je préfère les
spectacles à sketchs au stand-up parce que je garde en mémoire certains
personnages hauts en couleurs, bien dessinés et définis psychologiquement et
physiquement.
Ici, difficile de ne pas quitter
la salle en ayant en tête les délires hystérico-nunuches de la copine Audrey,
la balourdise sympathique de Gérard, géniteur à son insu, la truculence
autoritaire et castratrice de Marie-Jo la maman, ou la virilité digne d’un
entraîneur de GI de la coach en accouchement…
Emmanuelle Bodin incarne tout ce
petit monde avec une aisance fascinante. Elle prend des attitudes, change de
voix, crée des dialogues, joue les situations, prend le public à témoin… Bref,
elle n’arrête pas… Il faut admettre qu’elle possède pas mal d’atouts pour se
lancer dans la discipline du seule en scène : elle possède un physique sur
lequel je ne m’étendrai pas pour ne pas être taxé de « porcitude »,
c’est une excellente comédienne, elle est athlétique, danse à merveille… Les
féées ont été sympa avec elle en se penchant sur son berceau. Tout ce que je
viens de dire vaut pour la forme (et les formes).
Bonus à ce spectacle : il y
a du fond. Les nombreuses vannes et les (bons) jeux de mots servent en fait à
faire passer subtilement une poignée de messages sur la condition de la femme.
A l’instar de Monsieur Jourdain, Emma fait du militantisme sans le savoir. Ou,
du moins, en feignant la naïveté, alors qu’en réalité, elle n’est pas dupe. Et
nous non plus. Son analyse des nombreux avantages que possède la gent masculine
est imparable. Aussi, après cet exposé liminaire, telle Sisyphe, elle essaie de
remonter la pente pour y hisser le lourd rocher de la féminité. C’est écrit
très intelligemment (superbe parodie de la tirade du nez de Cyrano) car, alors
que son langage est plutôt cash et cru, elle insinue et suggère plus qu’elle ne
condamne. Sa lucidité sur les rapports hommes-femmes la pousse à l’indulgence,
ce qui est assez rassurant pour l’avenir ; un avenir incarné par sa fille
de fiction, Olympe, dont je suppose que le prénom n’est pas anodin. Suivez mon
regard du côté d’une certaine de Gouges…
En conclusion, Emmanuelle Bodin
jouit d’un énorme potentiel. Son éventail est très large. Elle ne devrait pas
tarder à trouver sa place en tête du peloton de nos femmes humoristes, de plus
en plus nombreuses et de plus en plus talentueuses.
Gilbert « Critikator »
Jouin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire