vendredi 6 avril 2018

Alex Ramirès "Sensiblement viril"


Comédie des Boulevards
39, rue du Sentier
75002 Paris
Tel : 01 42 36 85 24
Métro : Bonne Nouvelle

Ecrit et interprété par Alex Ramirès
Mis en scène par Alexandra Bialy

Présentation : On entend souvent l’expression « le spectacle de la maturité »… Avec ce one man show, Alex Ramirès offre celui de la sincérité, à l’image de ce masque qu’il enlève dès les premières secondes du spectacle.
Dans Sensiblement viril, il se livre sans faux-fuyant et s’interroge sur la masculinité et sur ce entre-deux qu’il représente entre virilité et sensibilité.
Alex assume tout, à commencer par ses contradictions et s’offre une mise à nu à la fois drôle et attachante : on peut se la péter à la salle de sport et perdre tous ses moyens à un premier rendez-vous, faire ses courses comme un bad boy et pleurer sur du Adèle, bruncher en amoureux mais rêver de plan d’un soir ou adorer les enfants en ayant une furieuse envie de frapper ses potes qui viennent d’être parents.
Enfant de la pop culture, Alex Ramirès présente un spectacle construit comme un véritable show et s’offre un final qui fait la part belle à son sens du rythme et sa passion pour les clips.
Un spectacle décalé pour tous ceux qui n’entrent pas dans les cases.

Mon avis : « Une belle découverte ! Un garçon bien sympatoche ! »
Alex Ramirès tombe le masque, au propre comme au figuré, dès le début du spectacle. En quelques secondes, il nous brosse son portrait avec une désarmante sincérité que son œil bleu qui frise compense malicieusement. On sait tout de suite où on en est et qui il est. Après ce court préambule identitaire, il n’a plus qu’à ouvrir largement les vannes de son formidable humour.
Vif, souriant, chaleureux, très à l’aise sur scène, il enchaîne les situations avec un sens de l’observation très aigu. Son langage, imagé et éminemment descriptif, est servi par une science cartoonesque de la mimique et du geste. On a dû instiller une bonne dose de Tex Avery dans son bol de hip-hop-corn flakes dans son enfance. En effet, ce qui est immédiatement évident, c’est que sa drôlerie est naturelle, innée, spontanée. Jamais il ne surjoue. Tout est simple avec lui. Il a l’humour à fleur de peau.


Aussi moqueur avec les autres qu’avec lui-même, il nous décrit, quasi chronologiquement, quelques chapitres de sa vie. Son écriture, fine et évocatrice, son art du contre-pied, n’ont d’égal que son jeu parfaitement abouti. Alex Ramirès est un sacré comédien. Il est servi en cela par un visage on ne peut plus expressif et par un physique affûté qui lui permet de se livrer à une irrésistible débauche d’énergie. Aucun temps mort dans ce spectacle. Le rythme est étourdissant. Ses facultés pour le mimétisme (et dans « mimétisme », il y a « mime », une discipline dans laquelle il excelle) lui permettent d’incarner les personnages particulièrement hauts en couleurs qu’il est amené à croiser : l’instit’ qui tente de le formater, le patron de la salle de sport, l’agent immobilier, la vieille nounou…  et bien d’autres.


Attardons-nous un petit moment sur « Tatie », la vieille nounou. Elle lui permet de nous offrir une saisissante métaphore entre l’ivresse et l’amour. L’écriture est ciselée, précise, le texte et son interprétation sont aussi pleins de bon sens que de poésie. Ce passage, très émouvant, lui sert également de passerelle pour adresser un bref éloge à la mélancolie… Intelligemment, après cette parenthèse empreinte de sensibilité, il termine en trombe en nous faisant partager sa passion pour le clip. Ce qui nous permet de découvrir, en plus de ses nombreux autres dons, ses spectaculaires qualités de danseur. Il se démène tellement et si bien qu’il pourrait revendiquer la paternité d’un nouveau mode d’expression, le clip kangourou !


Alex Ramirès a l’art de saupoudrer du fond dans ses propos. 90% d’humour et 10% d’émotion. Equilibre parfait. Personnellement, j’ai été emballé par sa prestation du début à la fin de son spectacle. Il m’a joliment embarqué dans son petit monde. Tout m’a plu. On rit sans arrêt ; mais d’un bon rire, un rire fin, positif, un rire complice… Si ce jeune homme qui se définit lui-même comme étant « le chaînon manquant entre le beauf et la fiotte », ressent le besoin de parler beaucoup c’est parce qu’il a envie qu’on l’aime… Qu’il soit rassuré : on ne peut que l’aimer. Il est trop vrai, trop franc, trop sincère et, vraiment, trop, trop drôle.
Ah oui, j’oubliais. Je crois qu’Alex Ramirès est homo. Mais on s’en fout ! Il est d’abord, surtout et avant tout un formidable humoriste (homoriste ?)

Gilbert « Critikator » Jouin



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