La Cible
62bis,
rue Jean-Baptiste Pigalle
75009
Paris
Tel :
09 81 39 30 25
Métro :
Pigalle
Le
vendredi à 20 h 15 jusqu’au 30 juin
Ecrit
par Jean-Baptiste Germain et Sylvain Lacourt
Mis
en scène par Aslem Smida
Présentation :
« La poésie, c’est comme une première fois : pas besoin d’expérience
pour y trouver du plaisir »…
Comme un eunuque dans un
harem, c’est avant tout l’histoire d’un mec banal qui va
rencontrer la poésie. Pas celle qu’il récitait à l’école sans rien comprendre,
mais la poésie qui le touche, qui parle de sa vie et qui va la changer.
Il
nous la raconte sans nous prendre la tête et sans en faire des caisses. Tout y
passe : ses souvenirs d’enfance, l’amour et même le rap. De la poésie en
toute simplicité, ça fait du bien !
Son
défi : faire du moderne avec du classique pour que la poésie devienne
pétillante, actuelle et pleine d’humour. Un spectacle original, qui marie les
époques et les styles, pour toucher toute la famille.
Mon avis :
Ce spectacle, qui se distingue vraiment par l’originalité de son propos, se
déguste et se savoure comme un bonbon délicieusement acidulé. Pour faire court,
on l’apprécie avec la même délectation qu’un beau poème dont on goûte chaque
vers…
Oh
la la, le gros mot est lâché : « poésie » !!! C’est désuet,
décadent ; ça sent la naphtaline parfumée à la fleur bleue, la préciosité,
le romantisme exacerbé… A quoi ça rime, la poésie, en 2018, à une époque où
règnent le pragmatisme, l’urgence en tout, l’écriture automatique… On n’a plus
de temps à accorder à la contemplation, à la beauté d’un rythme qui nous berce…
Et pourtant, si on y prête un tantinet attention, la poésie est partout, elle
est en nous, elle fait partie de notre ADN. Elle est su-bli-mi-nale !
C’est
tout cela que s’attache à nous expliquer Germain. Il nourrit avec la poésie un
rapport très particulier. Elle l’a toujours accompagné. D’abord à son insu,
puis à son corps défendant. En fait, il nous narre une histoire d’amour comme
il en existe tant. Il la vit dès son enfance comme une relation honteuse, voire
même avec un sentiment de répulsion car, dès qu’il l’utilise, elle est synonyme
de moquerie et d’échec. Et les poèmes qu’il pond finissent en cata-strophes.
Alors, cette prime amourette tôt avortée, il pense à l’oublier. Il fait tout
pour l’éviter, mais elle est comme le bout de scotch du Capitaine Haddock.
Impossible de s’en débarrasser.
Bien
sûr, c’est à un moment où il s’y attend le moins, dans un endroit insolite,
qu’il va se faire rattraper et piéger. Les retrouvailles se passent dans le
métro. Erato lui adresse un message qui va l’interpeller, le bouleverser et
reprendre définitivement possession de son esprit. Pour le reséduire, la muse
s’est offert un allié de poids : Victor Hugo. Dès lors, Germain va
comprendre que cette passion était inéluctable et, plutôt que de la combattre,
mieux valait s’en faire une amie. Cette idylle va tourner au jeu de l’amour et
du hasard. Il va découvrir que la poésie ne se niche pas que dans les livres,
elle peut se cacher partout. Il suffit d’être attentif. Désormais convaincu, il
va nous faire partager son enthousiasme.
Comme un eunuque dans un
harem nous permet de vivre un grand moment d’amour,
d’humour et de partage. A travers ses confidences, Germain remet la poésie au
centre du débat. Il multiplie les anecdotes et les exemples à grand renfort de
citations, d’images, de comparaisons et de digressions. Tout est argumenté. Il
n’hésite pas à employer énormément le name-dropping. Dans son spectacle,
Jean-Luc Lahaye côtoie Baudelaire, Joe Dassin voisine avec Verlaine, le rappeur
Seth Gecko est cité avec les mêmes égards que Prévert et Vianney se tire la
bourre avec Edmond Rostand… On boit du petit lait, on se gargarise avec le miel
des mots. Germain paie sa tournée et les vers qu’il ne cesse de nous offrir
nous amènent à cette forme d’ivresse conviviale que seul un bon spectacle peut
nous procurer. D’autant qu’il n’est jamais soûlant.
Parce
que, en plus de son emballement pour la poésie, Germain s’avère être un
sacrément bon comédien et il occupe remarquablement la scène. Sans cesse en
mouvement, nous prenant quasi individuellement à partie, il joue beaucoup avec
sa voix et possède toute une panoplie de mimiques irrésistibles. Son spectacle
est aussi drôle qu’intelligent.
Actuellement,
il se produit à La Cible, une petite
salle de 48 places. Son talent, la sympathie qu’il dégage et son originalité
lui autorisent les plus grands espoirs. Je suis convaincu que ce garçon qui,
comme scandait Nougaro « ne poète pas plus haut que son cul » est
promis à un bel avenir.
Gilbert
« Critikator » Jouin
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