Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009 Paris
Tel :
01 48 74 76 99
Métro :
Saint-Georges / Pigalle
Une comédie
musicale de Hervé Devolder
Ecrite,
composée et mise en scène par Hervé Devolder
Chorégraphies
de Cathy Arondel
Lumières de
Denis Korsanky
Décor de
Lalaô Chang
Avec, en alternance, Cathy Arondel ou Carole
Deffit (Kate), Julie Costanza ou Julie Wingens (Nina la stagiaire), Rachel Pignot ou
Léovanie Raud (Agnès), Grégory Juppin ou Hervé Lewandowski (Etienne), David
Jean ou Grégory Benchenafi (Fred, le coursier), Arnaud Léonard ou Franck
Vincent (Le Boss, alias Henri Duverger, alias Le Patron)
Musiciens : Thierry Boulanger ou Daniel Glet
ou Hervé Devolder (piano), Benoît Dunoyer de Segonzac ou Bernard Lanaspèze ou
Fred Liebert (contrebasse), Jean-Pierre Beuchard (guitare)
Présentation : Dans l’atmosphère délirante de ce
cabinet d’avocats pas comme les autres, un coursier rocker, un patron baryton
lyrique, deux secrétaires, plus latinos que dactylos, une femme de ménage
“flamenco”, un assistant “cabaret” et une stagiaire effarée chantent, dansent
et jouent au loto au lieu… de bosser !
Mon avis : Avec Chance !, Hervé Devolder a réussi la gageure, à l’instar du film Les parapluies de Cherbourg de Jacques
Demy, de concevoir un spectacle dans lequel l’intégralité des dialogues est
chantée. Dès les premiers échanges, on est quelque peu décontenancé et puis,
très rapidement, on se prête au jeu et on n’en fait plus cas. D’abord parce qu’on
s’attache tout de suite aux six personnages qui fréquentent ce cabinet
d’avocats. Leurs différentes personnalités, fort bien dessinées, nous
permettent ainsi de savourer leurs comportements. Cet open space est le cadre
d’un drôle de melting pot. Le mot “drôle” est ici employé au premier degré car
on ne cesse de rire devant les extravagances de ce bureau en folie.
Nous sommes les témoins amusés de leur
quotidien avec leurs petits rituels comme le café du matin avec le coursier. Et
puis, surtout, celui du lundi matin : le choix des numéros pour le bulletin de
loto collectif du lundi matin. Progressivement, on voit les profils se
préciser. L’apprenti avocat un peu rêveur et pas très sûr de lui, la secrétaire
secrètement amoureuse de son play boy de patron, l’autre secrétaire,
complètement exubérante, qui fait swinguer la vie, le coursier très rock’n’roll…
On assiste également à l’arrivée de la stagiaire, un peu gauche, un peu
intimidée mais chez qui on décèle un caractère assez affirmé.
Subtilement, quelques messages sont distillés
tout au long du spectacle : la triste condition du boulot de stagiaire, les
hommes qui sont si douillets (l’incommensurable souffrance vécue par Etienne
pour un ongle cassé est particulièrement bien incarnée), les patrons sans
scrupules qui veulent se faire du fric sur le dos de leurs clients, une
mentalité qui révolte la stagiaire idéaliste… Et les chansons, très ciblées,
très explicites se succèdent : le blues de l’escroc, la complainte de la femme
de ménage, le flamenco de l’aspiro, les mille et une façons de déclamer une
plaidoirie, le gospel du coursier, le rap de l’avocat… Tout cela est très haut
en couleurs tout en dégageant énormément d’humanité.
Et puis – sans cela le spectacle ne
s’appellerait pas Chance ! – notre
fine équipe va gagner 99 millions au loto ! Alors, chacun commence à rêver à la
façon dont il va utiliser sa soudaine fortune. Là aussi les caractères de
chacun sont parfaitement respectés… Plus besoin de travailler, le bureau reste
en sommeil et chacun va réaliser ses rêves…
Mais tout cela n’a qu’un temps. L’envie de
retrouver les anciens collègues se fait irrepressible. On se permet quelques
incursions dans le bureau et, surprise, on s’y retrouve tous. La morale de
l’histoire, car il y en a une, c’est que la plus belle des fortunes, c’est
l’amour. Il leur paraît evident qu’ils ne peuvent pas se passer les uns des
autres. Alors, autant créer un projet choral. Le travail reprend ses droits et
ils finissent tous “enrobés”.
Il y a tant de générosité de la part des
comédiens-chanteurs-danseurs (il y a quelques chorégraphies particulièrement
savoureuses), qu’elle gagne les spectateurs. Le public réagit, rit de bon
coeur, s’attendrit. On vit au La Bruyère un joli moment de partage. Les six
acteurs sont absolument épatants. Personnellement j’ai eu un petit faible pour
la prestation de stagiaire, aussi drôle que touchante (Julie Costanza hier
soir), et le couple charmant qu’elle forme avec Etienne (Hervé Lewandowski hier
soir). Mais ils sont tous excellents, ce sont de vrais performers et ils nous
font partager leur bonheur d’être sur scène. Il faut aussi souligner la
présence des trois musiciens qui accompagnent en live toutes les facéties des
comédiens.
Gilbert “Critikator” Jouin
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