Théâtre du Marais
37, rue Volta
75003 Paris
Tel : 01 71 73 97 83
Métro : Arts et Métiers
Seule en scène écrit et
interprété par Elisabeth Buffet
Mis en scène par Nicolas Vital
Direction artistique : Jarry
Présentation : « Les
temps changent… Ne pouvant plus capitaliser sur un physique en faillite, je
mise sur un charme intellectuel pour vous régaler de mes débauches oratoires,
de mes libertinages lexicaux. Je suis heureuse de vous présenter mon nouveau
spectacle : Obsolescence programmée »
(Elisabeth Buffet)
Avec ce spectacle, Elisabeth
Buffet se livre et nous délivre sa vision très personnelle de notre temps. A l’aube
de ses 50 ans, elle assume tout, s’affranchit des conventions avec humour,
enthousiasme et esprit. C’est une Elisabeth Buffet renouvelée mais fidèle à
elle-même qui s’offre à nous. Une bouffée de liberté jouissive qui fait du
bien.
Mon avis : Après deux spectacles tonitruants et résolument
croustillants, Elisabeth Buffet a voulu dresser son état des lieux. Avec Obsolescence programmée, elle analyse son
présent tout en jetant dans son rétroviseur un regard à la fois ironique et
nostalgique.
Elisabeth Buffet s’est carrément mise
au défi d’écrire la légende de son demi-siècle. Dans ce nouveau spectacle, on
retrouve certes le personnage exubérant et haut en couleur qui a fait son
succès, et pour lequel on s’est déplacé, mais on découvre aussi une nouvelle
facette de son talent : l’écriture. Dans ce seule en scène, l’auteure s’est
brillamment hissée au niveau de la comédienne.
Photo : Julien Benhamou |
Prise d’une irrépressible envie
de poéter, Elisabeth Buffet ouvre son spectacle avec une superbe tirade en
alexandrins sur le temps qui passe puis, toujours sur ce même thème, elle
enchaîne avec un slam particulièrement réjouissant. Déjà, on est séduit par la
qualité de l’écriture de ces deux exercices. Le vocabulaire est riche, imagé,
évocateur ; les formules, toujours aussi percutantes, font mouche à chaque
fois.
Photo : Julien Benhamou |
Cinquante ans peut-être, mais
toujours sale gosse. Consciente qu’on ne pourra jamais réparer du temps l’irréparable
outrage (« J’ai renoncé à faire jeune »), elle accepte de se résigner
et d’accepter sa décrépitude physique mais, fidèle à son tempérament viscéralement
rebelle, elle se cabre et veut encore essayer de se livrer au doux jeu de la
séduction. Et de nous narrer avec force détails ses tentatives pathétiques d’allumer
le mâle. Evidemment, ces efforts seront vains et Elisabeth va rester misérablement
« seule dans sa culotte ». Telle la chèvre de Monsieur Seguin, elle
aura lutté ; mais lorsque le petit jour arrive, elle voit enfin clair et
se détermine à remiser sa libido dans le coffre de ses souvenirs. Les chants
désespérés étant les chants les plus beaux, elle va traduire son marasme avec
lyrisme.
Photo : Julien Benhamou |
Elisabeth Buffet assume sa
schizophrénie sémantique. Elle aime autant les gros mots que les beaux mots. Du
coup, « bite » cohabite avec « cénobite ». Dans son texte surgissent
des termes rarement utilisés dans un spectacle d’humour. Le langage est châtié,
le ton est délicat. Et puis, son côté provoc’ resurgit. Le fait d’être
convaincue d’avoir atteint sa date de péremption, la rend misanthrope et asociale.
Etablissant un parallèle avec ses propres 13 ans, elle ironise sur les
comportements des ados d’aujourd’hui immergés entre autres dans un monde
virtuel. Puis, allez savoir pourquoi, elle s’acharne sur la ville bourguignonne
de Montceau-les-Mines ; parenthèse pittoresque émaillée d’exemples savoureux.
Ce spectacle passe comme une
obsolète à la poste tant il est complet. Lorsque la qualité textuelle se met au
diapason de la puissance du jeu, on frise la perfection. En auteure de sainteté,
Elisabeth met tous ses dons d’actrice au service de ses mots. Ses postures, sa
démarche extravagante, ses gestes désordonnés, son visage incroyablement expressif,
ses mimiques… bref, tout son éventail créatif est utilisé pour notre plus grand
bonheur. Aujourd’hui, Elisabeth Buffet est vraiment au sommet de son art. Elle
est très loin d’avoir atteint son obsolescence artistique.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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