Théâtre des Béliers Parisiens
14bis,
rue Sainte-Isaure
75018
Paris
Tel :
01 42 62 35 00
Métro :
Jules Joffrin
Comédie
écrite et mise en scène par Nicolas Lumbreras
Décors
de Juliette Azzopardi
Costumes
de Chloé Boutry
Chorégraphies
de Mélanie Dahan
Perruques
d’Irina Dyakonova
Lumières
d’Arthur Gauvin
Collaboration
musicale de Raphaël Alazraki
Avec
Emmanuelle Bougerol, Constance Carrelet, Serge Da Silva, Benjamin Gauthier,
Nicolas Lumbreras, Benoît Moret
Présentation :
Louis XIV aime les femmes. C’est pour ainsi dire sa passion. Mais la Reine ne
supporte plus ses infidélités incessantes. Alors, lorsque le Roi s’amourache de
Madame de Montespan, l’ambiance devient vite tendax à Versailles !
Arrivera-t-il
à ménager la chèvre et le chou ? La Reine dansera-t-elle le
flamenco ? Tata Régine passera-t-elle l’arme à gauche ? Vous êtes
plutôt beurre doux ou beurre demi-sel ?
Cette
comédie boulevardo-musicalo-royaliste tentera de répondre à toutes ces
questions…
Mon avis :
Sur le plan purement théâtral, cette pièce est parfaitement équilibrée. En
effet, au début, elle se déroule uniquement côté Cour, c’est-à-dire à
Versailles. Ensuite, pour la deuxième partie, elle nous emmène à la campagne, côté
jardin donc. Mais c’est là le seul aspect cohérent de cette énorme farce.
On
ne peut pas la raconter tant l’auteur s’est ingénié à accumuler ses situations
les plus invraisemblables. Alchimiste aussi gourmand qu'illuminé, Nicolas Lumbreras a d’abord
introduit une bonne dose de burlesque a laquelle il a progressivement ajouté une
belle rasade d’absurde puis, comme si cela ne suffisait pas, il versé
par-dessus un flacon de loufoquerie et il a complété son cocktail avec quelques
gouttes d’un liquide farfelu. Il a porté le tout à ébullition et il a obtenu un
vaudeville complètement déjanté estampillé Grand Siècle. C’est un peu comme si
Molière et Lully, son acolyte musicien, avaient rencontré Georges Feydeau.
N’oublions pas que c’est Molière qui a créé vers 1660 un genre tout nouveau
qu’il a baptisé « la comédie-ballet », un spectacle intégrant
comédie, musique et danse. Jean-Louis XIV,
c’est donc ça avec, en prime et pour notre plus grand plaisir, un rythme et des
rebondissements propres au père de L’Hôtel
du libre échange et d’Un fil à la
patte…
L’intrigue
de la pièce est là. Louis XIV, le Roi Soleil s’il vous plaît, rêve de s’envoyer
en l’air avec la belle marquise Athénaïs de Montespan. Le problème, c’est que
sa légitime, l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche, se doutant qu’il est
sur le point de donner un énième coup de canif dans le contrat de mariage, lui
a mis un fil à la patte. Elle le fait surveiller son bougre de mari. Aussi,
lorsque le Louis quatorzième du nom va donner discrètement rendez-vous dans son
hôtel du libre échange à lui, qui s’appelle « Le Joyeux Breton », il
ignore que la Marie-Thé l’a fait suivre. Comme tous les chauds lapins sur le
point de consommer une nouvelle conquête, le Roi est infantile. Face à
l’infante, jalouse, froide et machiavélique, il ne fait pas le poids. Et lui qui aurait
tant aimé jouer Les Amants magnifiques,
va devoir endosser le rôle du Mari confondu…
Comment va-t-il se sortir de ce piège ?
Voici
en quelque sorte le synopsis de ce savoureux OVNI théâtral où tout est prétexte
à rire. Les dialogues sont truculents, les chansons – à l’instar de La
Montespan - joliment troussées, les chorégraphies – astucieusement orchestrées par
Mélanie Dahan – sont pour le moins pittoresques, les anachronismes fleurissent
à bon escient, les tableaux les plus saugrenus s’enchaînent…
Ce
qui rend cette pièce particulièrement réjouissante, c’est que tous les
comédiens se prêtent aux situations les plus désopilantes et les plus
extravagantes avec le plus grand sérieux. Et puis, autre atout de cette œuvre, c’est
l’abondance de scènes toutes plus hilarantes les unes que les autres. Il y en a
des trouvailles !
Nicolas
Lumbreras n’a reculé devant aucune audace. Parmi les personnages qui se
succèdent sur la scène, il a convoqué… Dieu lui-même. Ainsi avons-nous
confirmation à la fois de Son existence et de Ses origines. On se doutait bien
que, comme son fiston, le Tout-Puissant était Juif ; Séfarade de surcroît.
Bonjour le look et l’accent !... On comprend mieux pourquoi l’auberge choisie
par le Roi pour jouer la bête à deux dos avec la Marquise s’appelle « Le
Joyeux Paysan » ; en effet, on découvre que son tenancier est
effectivement plus que joyeux, il est même franchement très, très gai… A un autre
moment, nous avons l’infime privilège, réservé aux personnes de haut rang,
d’assister en direct à une défécation royale. Preuve intime, s’il en est
besoin, que la monar… chie. Enfin, dernier coup de grâce avec l’apparition d’un
personnage particulièrement croquignolesque, le fameux super héros « Kouignaman »,
sorte de Superman celte un tantinet sucré.
Tous
les protagonistes joyeusement impliqués dans cette inénarrable gaudriole sont
de remarquables chanteurs, avec toutefois une mention spéciale pour Emmanuelle
Bougerol (Marie-Thérèse) qui nous scotche littéralement avec sa première
chanson toute en espagnol. Superbe ! Mais Serge Da Silva (Louis) fait lui
aussi ce qu’il veut avec sa voix (royale bien sûr).
Ajoutez
à cela un accompagnement musical en live, quelques effets spéciaux et sonores
de bon aloi et vous comprendrez que Jean-Louis
XIV est un spectacle total qui donne un plein emploi à nos zygomatiques.
Au
fait, pourquoi ce « Jean » devant le « Louis » ? Eh
bien, pour le savoir, il faut courir aux Béliers Parisiens. Un, deux, trois…
Soleil !
Gilbert
« Critikator » Jouin
1 commentaire:
Lovely blog you have hhere
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