Gymnase Marie-Bell
38, boulevard de Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle
Une comédie de Sylvain Meyniac et
Manuel Gélin
Mise en scène par Catherine
Marchal
Décors de Caroline Lowenbach
Costumes de Chloé Boutry
Lumières de Stéphane Baquet
Avec, en alternance Manuel Gélin
ou Christian Charmetant (Simon), Enora Malagré (Marie), Cyril Couton (Sam),
Jessica Borio (Anne), Xavier Letourneur (Mathieu)
Présentation : Imaginez
un monde où le mensonge n’existe pas, un monde dans lequel on ne peut dire que la
vérité.
Des discours politiques aux
slogans publicitaires en passant par les journaux télévisés, tout est vrai !
Marie, Simon, Anne, Mathieu et
son frère Sam vivent dans ce monde, et ils se disent tout, sans réserve, sans
filtre et sans complexe… Jusqu’au jour où Sam, terrassé par un chagrin d’amour,
prononce le premier mensonge de l’humanité.
Cette découverte, aussi surprenante
que miraculeuse, va bouleverser sa vie, celle de son entourage, et peut-être
même renverser le destin du monde.
Mon avis : Quand on
fait profession de critique, on est déontologiquement tenu de livrer le plus
honnêtement possible son ressenti. Alors, lorsqu’il s’agit de donner son avis
sur une pièce dont le titre est A vrai dire, on sent moins que jamais le
droit de bidonner.
Déjà, petite restriction, je ne
suis pas d’accord avec le sous-titre. Il ne devrait pas être « Que serait
le monde sans le mensonge ? », mais plutôt « Comment est devenu le
monde avec le mensonge ? »
Le monde SANS le mensonge, on le découvre
dans la première partie – absolument jubilatoire – de la pièce. J’ai pris un plaisir
fou à entendre les cinq protagonistes se parler cash tout à fait naturellement.
C’est vraiment jouissif. D’autant que partout, y compris dans le journal
télévisé, on ne dit que la vérité. Et on s’aperçoit que le monde serait bien
plus facile à vivre. Quasi idyllique. Tout ce qu’on dit, tout ce qu’on entend, ne
traduit que la réalité. Quand chacun s’exprime sans aucun filtre et dit tout haut
ce qu’il pense, les relations sont d’office installées dans une banale
normalité.
Tout est transparent, commode, il
n’y a aucune ambiguïté. Même quand on se prend en pleine figure ce que nous,
spectateurs, on considère comme des horreurs, on reste impassible. Personne n’est
susceptible, rancunier. Puisque tout ce que l’on vous dit est marqué du sceau
de la vérité, il n’y a aucune raison à s’insurger ; tout glisse… Quand on
voit ce que Mathieu, Anne, Marie et Simon se balancent sur un ton totalement
dégagé, l’effet comique est irrésistible. Rien que pour cette première partie,
la pièce vaut le déplacement.
Photo : Jean Rauzier |
Le postulat de A vrai dire
est ingénieux, imparable. Quelle idée magistrale ! Ce sujet, immensément philosophique,
voire métaphysique, est une aubaine à traiter sur le plan théâtral tant il est générateur
de situations comiques et de dialogues décalés mais qui, par extension, donnent
aussi beaucoup à réfléchir.
Or donc, Sam a prononcé ce fameux
premier mensonge… Toute son existence va s’en trouver métamorphosée. Le loser
chronique, la tête de turc idéale, va d’un seul coup se retrouver starifié. Du
jour au lendemain, ce stakhanoviste de l’échec va connaître, grâce à son
affabulation, réussite et succès dans tous les domaines… Puis, par un phénomène
logique de mimétisme, il va progressivement gagner ses proches à la cause du mensonge.
Cette deuxième partie de la pièce
est parfaitement amorale car elle fait l’apologie du mensonge. Grâce à ce
subterfuge, tout devient possible. Et la vie s’en retrouve embellie. On en conclut
que, plus que la découverte du feu ou celle de l’électricité, l’invention du
mensonge a été une révolution pour l’Humanité.
Photo : Jean Rauzier |
Il faut préciser que les cinq
acteurs sont absolument épatants. Si, en raison de son rôle, Sam (Cyril Couton),
pivot de l’intrigue, nous livre une prestation de haut vol, ses quatre partenaires,
chacun dans son registre, sont impeccables. Et la mise en scène vive, inventive
et sans aucun temps mort de Catherine Marchal imprime le rythme idéal à cette
parabole théâtrale.
J’ai découvert la pièce le
premier soir. « En vérité je vous le dis », dès qu’elle sera un peu
rodée et que les comédiens auront pris leur vitesse de croisière, je pense qu’elle
va être, en raison de son thème et de la performance des acteurs, un des grands
succès publics de cette fin d’année.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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