Le
Point Virgule
7,
rue Sainte-Croix de la Bretonnerie
75004
Paris
Tel :
01 42 78 67 03
Métro :
Hôtel de Ville
Seul
en scène écrit par Aymeric Lompret et Pierre-Emmanuel Barré
Mis
en scène par Loïc Castiau
Présentation :
Après avoir redoublé sa première, passé le permis en quatre fois, se l’être
fait retirer pour usage de stupéfiants, Aymeric décide d’intégrer HEC mais
abandonne au cours de la classe préparatoire, « trop dur », selon
lui.
Il
décide alors de devenir une star et joue le tout pour le tout en s’inscrivant à
« On n’demande qu’à en rire ». Dans un éclair de lucidité, il
abandonne avant d’être quand même éliminé par le jury.
Libéré
des contraintes du showbiz, il se lance dans l’écriture de son premier spectacle,
« L’incompris ». Suite à un accueil mitigé du public, il en écrit un
deuxième et tente aujourd’hui de conjurer le sort avec son troisième spectacle,
« Tant pis ».
« La
pire erreur n’est pas dans l’échec, mais dans l’incapacité de dominer l’échec »
(Aymeric Lompret et François Mitterrand).
Mon
avis :
Lorsque j’ai découvert l’affiche de « Tant pis », le nouveau seul en
scène d’Aymeric Lompret, je me suis dit que c’était le premier artiste que je
voyais prendre un bide avant même de jouer son spectacle !
Ce
profil peu avantageux peut être interprété de plusieurs façons. Soit il est
prémonitoire ; soit c’est pour conjurer le mauvais sort ; soit, plus
simplement, pour nous annoncer qu’il n’a rien à cacher et que son one man show
va être une mise à nu tant physiquement que psychologiquement… Maintenant que j’ai
vu « Tant pis », j’estime que c’est un cocktail de ces trois
hypothèses et qu’une des grandes qualités d’Aymeric Lompret est l’autodérision.
Aymeric
rime avec « porc-épic ». Or, s’il a choisi cette bestiole pour totem,
ce n’est pas anodin car ce rongeur a la dent acérée et il pique à tout-va.
Comme Aymeric ! Dans ce spectacle, il y a deux fils rouges : ce
fameux porc-épic donc et, à fréquence régulière, l’humoriste balance une volée
de réflexions et d’interrogations métaphysiques d’autant plus saugrenues qu’on
ne peut y apporter de réponse. Mais qui, néanmoins, donnent souvent à
réfléchir.
Aymeric
Lompret est cash, très cash. D’emblée, il nous conseille d’« entrer dans
son délire ». De toute façon, on n’a pas le choix, il nous l’impose. Pendant
plus d’une heure, il débite des horreurs à jet continu. Parfois désabusé,
parfois révolté, ce narquois décoche des flèches qui, en plus d’être
particulièrement aiguisées, sont le plus fréquemment empoisonnées. Très agité,
sans cesse en mouvement, prenant des poses que j’ai rarement vues sur une
scène, il dézingue tous azimuts. Politiquement incorrect, profondément misogyne, chroniquement provocant, viscéralement scato, spontanément cruel, il a fait de l’humour noir et
féroce son terrain de prédilection. Un terrain qui n’a pas de limites.
Il
ne faut donc pas être farouche pour se rendre au Point Virgule pour apprécier
les délires ce sale gosse aux antipodes de la folie douce. Le Figaro l’a
qualifié de « grossier », mais ça va au-delà. Il n’y a qu’un domaine
qu’il nous épargne, ce sont les blagues de cul ; tout simplement parce que
son cul lui-même est une blague !
Personnellement,
mis à part quelques gestes que j’ai jugés un peu outranciers (donc superflus),
j’ai véritablement été très amateur (dans le sens premier du terme) de ce
spectacle corrosif et saignant et, il faut le souligner, remarquablement
interprété.
Gilbert
« Critikator » Jouin
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