lundi 9 avril 2007

Oshen


Je ne suis pas celle
(V2)

Oshen fait déjà partie de ces jeunes chanteuses qui possèdent un univers tout à la fois musical et sémantique bien affirmé. Pour la situer, je la classerais entre Jeanne Cherhal et Clarika.
La sensation générale qui se dégage de son deuxième album, Je ne suis pas celle, est une grande douceur. Douceur de la voix, douceur des mélodies, douceur des arrangements. Mais il ne faut pas se laisser prendre à ce leurre. Dotée d'une jolie voix, très agréablement mélodieuse, elle dit les choses sans grand renfort de décibels ; des choses qui se glissent insidieusement dans nos oreilles et qui mettent un certain temps à pénétrer notre intellect. Car c'est dans un deuxième temps que l'on réalise que la suave Oshen est en train de proférer quelques vacheries bien senties à l'égard de son mec ou de dire un gros mot ! Oshen ne met pas de gants. Elle utilise un langage moderne, direct et ne s'encombre pas de fioritures et de formules ampoulées. Ce qu'elle a à dire, elle le dit. En plus, elle sait écrire. Elle s'attache particulièrement à la sonorité des mots, ce qui donne une jolie unité à son "oeuvre". Enfin, sa maîtrise parfaite de sa voix lui donne la plus grande des libertés dans l'interprétation. Certaines de ses chansons sont de véritables saynètes.
Dans cet album intimiste, totalement dénué d'agressivité, elle privilégie l'ironie, le fiel. Toutes les chansons sont exprimées à la première personne. Apparemment, elle n'est pas dupe de grand chose. Elle affirme même sa duplicité (Je ne suis pas celle). Et bien qu'elle clame "J'ai la flemme d'aimer", on sent bien qu'elle adore être amoureuse (Merci, Si on tombe). Que les expériences qu'elle narre soient vécues ou non, elles ont le parfum de l'authenticité. En dépit de son nom, Oshen n'aime pas rester dans le vague. S'il faut être crue, voire limite grossière, pour se faire comprendre, elle emploie le mot juste.
Voici dont mon petit hit-parade personnel :
1/ Dans la peau. Sur une base discrète de percussions qui donnent une ambiance africaine, elle énumère tout ce qui est resté gravé en elle au gré du temps, ces petites choses qui se transforment en cicatrices ou en habitudes. C'est très adulte. Elle annonce la couleur. Cette chanson est une invitation à simplifier les rapports quand on a déjà tout un vécu derrière soi. C'est là une bonne et sage façon d'éviter de refaire les mêmes conneries.
2/ La première fois que tu m'as quittée. Cette chanson très rythmée raconte une relation plutôt destructrice, vouée à l'échec. Mais malgré tout, on en reprend toujours un petit peu. C'est une histoire d'amour gigogne qui va inéluctablement en se réduisant. Ici, Oshen ne mâche pas ses mots. Le texte est vachard, cru quand il le faut. Et puis il faut noter les nombreuses petites trouvailles sonores au niveau de l'arrangement qui rendent ce titre très vivant.
3/ Jim. Limite langage parlé, cette chanson est terriblement chargée en sensualité. Oshen y joue finement avec les sonorités en "ile" et "ine". C'est une invitation au plaisir sans aucune ambiguïté. Il ne reste plus qu'à lui souhaiter d'avoir affaire à un Jim tonique...
4/ Baratineur. Tout l'art de conteuse d'Oshen est contenu dans cette chanson sous forme de dialogue entre deux femmes. Leur trait d'union, ou plutôt de désunion, est un mec qu'elles ont en commun. L'une (Oshen) est gentiment narcissique. Quant à son interlocutrice, elle écoute, elle écoute la relation de ces fantasmes jusqu'au moment où elle craque et annonce la vérité. C'est un régal.
5/ Arc-en-ciel. Encore une petite chanson dans laquelle Oshen utilise un langage on ne peut plus direct. Elle vaut surtout pour son superbe refrain, mélodieux à souhait et nanti d'une couleur musicale très originale.

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