mercredi 30 mai 2007
Daphné
Carmin
Deux ans après Emeraude, Daphné nous offre avec son deuxième album, Carmin, une nouvelle pierre ô combien précieuse.
Daphné, à brûle-pourpoint, c'est d'abord deux choses : une voix unique, immédiatement identifiable, faite de petites fêlures, de décrochages (qui font souvent penser à Barbara), et encocoonée d'un joli voile ; le deuxième élément qui lui est vraiment propre, c'est son univers musical. Il est d'une richesse et d'une originalité incroyables. Tous les instruments de musique existants figurent apparemment sur cet album. Elle passe sans transition de la guitare ou du piano intimistes à la fanfare façon New Orleans. Elle a certes un penchant marqué pour la ballade habillée en valse lente, mais elle ne dédaigne pas non plus les ambiances cuivrées, les pianos bastringue. Et elle ose même avec Les yeux comanches, un a cappella à faire pâlir d'envie les meilleurs groupes vocaux.
Les autres qualités de Daphné, on les remarque en écoutant attentivement son oeuvre. la jeune femme possède une sacrée bonne plume ! C'est une conteuse née, qui s'exprime parfois avec réalisme, parfois dans une poésie un tantinet abstraite (Déclaration à Celui). Ses chansons, qui ont chacune leur couleur propre, sont autant de petits livres d'images illustrées sur des tons pastels.
Bref, ce second opus de Daphné est original, rare, surprenant, musicalement luxueux. Un véritable enchantement !
Mon hit-parade :
1/ Musicamor : façon tango, dominée par une guitare toute simple qui se fait parfois subtilement hispanisante, un arrangement très chouette. Et la voix ! Comment elle joue avec ! C'est superbe.
2/ Les phénix : On y retrouve notre guitare sèche, mollement allongée sur un duveteux lit de cordes. L'interprétation, charmante, aérienne, emplie de tendresse, décolle d'une manière imparable à l'apparition du refrain. La voix, sur le fil, se fait délicieux chuintement. Et l'ambiance s'en va crescendo du subreptice jusqu'à un flamboyant final carrément symphonique...
3/ Le petit navire : Une ritournelle efficace sur fond de cuivres, une écriture subtile à l'inspiration maritime.
4/ Mourir d'un oeil : Là, l'instrument vedette, c'est le piano. Idéal pour cette valse lente pleine de mélancolie, réflexion craintive et révoltée sur l'échéance fatale. Avec, en même temps, une exhortation à profiter le vie, à l'insouciance et au rêve... A noter le clin d'oeil à Boris Vian via le leitmotiv "Je n' voudrais pas crever".
5/ Abracadabra : Chanson à part, inclassable, étonnante par sa construction, son climat, son écriture, et son interprétation bizarroïde. La voix de Daphné n'y apparaît que comme un instrument supplémentaire au sein d'une fanfare swingante Nouvelle Orléans, avec trompette bouchée, piano bastringue et tutti quanti.
6/ Les yeux comanches : C'est là aussi une chanson ovni. Totalement inattendue et franchement gonflée. Rien que des voix. Un groupe vocal mâle forme un écrin chaud et protecteur à l'organe fragile et éthéré de la chanteuse. C'est tout bonnement magnifique.
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