jeudi 24 mai 2007

Les Caméléons d'Achille


Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 Paris
Tel : 01 42 96 92 42
Métro : 4 septembre

Ecrit et mis en scène par Corinne et Gilles Benizio
Avec Corinne Benizio, Gille Benizio, Valérie Crouzet, Pascal Durozier, Maryse Poulhe.

Le pitch : Cinq comédiens s'amusent à revisiter, à leur manière, les principaux genres théâtraux en une succession de tableaux burlesques et saugrenus entrecoupés d'intermèdes farfelus.

Mon avis : Corinne et Gilles Benizio ont remisé un temps leurs panoplies de Shirley et Dino, avec lesquels ils commençaient à tourner un peu en rond, pour réendosser les costumes de leurs débuts, ceux d'Achille Tonic. Et ça leur a fait bien fou. Un véritable élixir de jeunesse ! Leur plaisir d'être sur scène aux côtés de trois complices aussi déjantés qu'eux est évident. Ils sont totalement redynamisés et, forts de leur talent d'Achille, plus toniques que jamais.
Le postulat de ce spectacle est imparable. En parodiant quelques uns des plus grands genres du théâtre : dans l'ordre d'apparition en scène, le boulevard, la farce façon Molière, le mélodrame, le théâtre shakespearien et la comédie musicale, ils s'offrent et nous offrent un éventail de jeu absolument complet. Et ils osent tout !
Dans un décor très original et très kitsch, changeant de costumes à tout bout de champ (il faut en parler des costumes tant certains sont improbables), ils se livrent à une débauche de situations inénarrables et rocambolesques avec un irrésistible humour potache.
On n'arrête pas de rire. D'un rire sain, simple, naturel, bon enfant. Il n'y a pas une once d'ironie ou de méchanceté chez Corinne et Gilles. Ils se permettent tout juste quelques apartés en formes de piques sur l'actualité, autant de clins d'oeil savoureux histoire d'affirmer qu'ils restent vigilants...
Les cinq comédiens ne rechignent devant aucune extravagance. Ils surjouent avec jubilation ; les mimiques et la gestuelle sont volontairement outrées. Ce qui nous donne une invraisemblable galerie de personnages complètement délirants. Pendant plus de deux heures, le rythme ne faiblit jamais. On a droit aux effets les plus lamentables : sonneries de portables faites avec la bouche, cascades hollywoodiennes sur un canapé, fausses dents, accents approximatifs ; ils se permettent même un tableau entier en pseudo anglais shakespearien du 16è siècle ! Là, c'est carrément les Monthy Python à la sauce Branquignols...
Personnellement, mon détournement préféré est celui abordant le genre du mélodrame. Quel grand moment ! Tous les clichés les plus éculés y sont contenus.
Et puis, il y a les fameux intermèdes. A travers ces parenthèses qui permettent les changements de décor, ils touchent vraiment le fond du ridicule. Mais c'est fait avec une telle candeur, un tel aplomb et une telle maladresse qu'on ne peut qu'éclater de rire. C'est tellement énorme qu'il est impossible de résister.
Il faut saluer la performance des cinq comédiens. Ils passent d'un rôle à l'autre et d'un costume à l'autre avec une aisance confondante. Chacun dans son registre est franchement épatant. Leur complicité est patente. On lit dans leurs regards leur plaisir à voir s'ébattre leurs partenaires. Ils en ont même parfois du mal à garder leur self-contrôle tant la prestation cocasse de l'un ou de l'autre est inventive.
Bref, Les Caméléons d'Achille sont l'archétype du spectacle total. Tout est parfaitement maîtrisé. Et ça fait tellement de bien de rire comme des enfants, sans retenue, sans aucune arrière pensée. Figurez-vous que, faisant fi de ma timidité chronique, je me suis même laissé aller à chanter en canon. Ce n'est pas là le moindre talent des Achille Tonic que nous inviter à partager. C'est tellement beau la générosité !

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