mercredi 30 mai 2007

Le Comte de Fourques


Sans me forcer

Voici là un vrai album de chansons. On comprend pourquoi Cali veille sur la carrière de ce garçon. C'est qu'il y a de la qualité chez ce pseudo aristocrate. Sa noblesse de réside pas dans son sang improbablement bleu, mais dans son âme. Il y a chez lui en effet une forme d'élégance du désespoir. Monsieur le Comte se raconte. Ou bien il s'étudie dans son miroir, et il n'est pas content de lui ; ou bien il regarde par la fenêtre le monde qui l'entoure, et il n'est pas content non plus. Pas un cadeau la vie. L'environnement part en quenouille, les filles sont déroutantes, vampirisantes et destructrices, lui-même est un amoureux peu fréquentable... Excès de lucidité aussi évidents qu'encombrants. Le Comte se connaît bien, il s'auto-analyse à longueur d'album et sa vision de l'avenir est peu engageante. Malgré tout, il s'impose un furtif "La vie est belle" façon méthode Coué. Il s'accroche à cette bouée de sauvetage et barbote en sifflotant dans un marais fangeux et pollué.
Vous l'aurez compris, le Comte de Fourques est un dandy désenchanté, un témoin de son temps plutôt pessimiste et un virtuose maso de l'autodérision. Allez, j'ose le dire : il y a du Baudelaire chez lui... J'aime beaucoup son album, musicalement très costaud avec des arrangements riches et fournis. 11 titres sur 12 sont essentiellement guitareux. et c'est vachement bien. Sa voix, dont certaines inflexions ne sont pas sans rappeler Kent, est chaude, distincte, avec une pointe d'ironie et une distance quasi permanentes. C'est agréable un CD agrémenté de jolies musiques et nanti de paroles qui s'écoutent...

Mon hit-parade :
1/ Dans la lune : Chanson sautillante et guillerette intégralement accompagnée par une guitare sèche de bon aloi. Le Comte nous y distille son autocritique. Il se reconnaît rêveur, capricieux, et revendique son besoin d'espace et de hauteur. Pour le mériter, il faut savoir se hisser jusqu'à lui. C'est ainsi !
2/ Sans me forcer : Un looser scrute son existence par le petit bout de la lorgnette. C'est la justification et la glorification de l'échec. Sur un texte remarquablement écrit, il énumère tout ce que la vie apporte de désagréments et d'emmerdes. Ce qui n'interdit pas au refrain d'être tout à fait jubilatoire.
3/ L'affiche : Quel texte ! cette chanson ressort du lot car elle est la seule où la guitare ne fait pas son intéressante. Elle s'efface devant un piano, un accordéon, une clarinette... Résultat, ça swingue grave. Le thème est l'agression permanente de la profusion de l'affichage publicitaire et les dégâts qu'il provoque dans notre cortex. Bonjour les fantasmes ! Et c'est tellement vrai.
4/ Par-dessus la jambe : Là encore, le Comte ne se fait pas de cadeau. Bourré de remords, il s'auto-flagelle et en un terrible mea culpa : "Je suis coupable de désamour". C'est terriblement masculin, mais au moins, lui, il a le courage de reconnaître quand il se conduit en "ordure". Magistral !
5/ Pluie acide : L'écologie est omniprésente dans les obsessions de monsieur le Comte. Cette chanson est un constat lucide et fataliste des dérives environnementales que provoque notre société de consommation. Le monde part en sucette. Alors, ne faut-il pas faire l'autruche, essayer de rester un enfant endormi et ne pas se réveiller ? Je ne pense pas que ce soit son genre.
6/ Te fuir : C'est la parfaite opposée de Par-dessus la jambe. C'est l'asservissement amoureux, la dépendance à l'autre, poussés à leur paroxysme. Dans une ambiance musicale vigoureuse, il attend de toucher le fond du fond pour s'autoriser cet ultime sursaut qu'est la fuite. Mais ça ne va pas être facile. La douleur est là, qui guette au tournant.
7/ A bicyclette : Cette bicyclette symbolise parfaitement le cheval de bataille du Comte contre la pollution, la menace de la raréfaction de l'essence. Une chanson-gag chorale qui se veut entraînante mais qui nous met sérieusement en garde. "Le monde déraille" et "les écolos rongent leurs freins". Si on continue à pomper inconsidérèment dans nos ressources, il ne nous restera que l'huile de coude et l'énergie des mollets car "on finira tous à vélo"... Il y a de quoi réfléchir.

1 commentaire:

le comte de fourques a dit…

Merci beaucoup pour cette critique élogieuse que je prend comme un encouragement. Voici quelques liens qui vous permettrons si vous le souhaitez d'écouter mes dernières œuvrettes. A très bientôt j'espère.

http://www.myspace.com/lecomtedefourques

http://lecomtedefourques.free.fr/


http://lecomtedefourques.blogspot.com/