vendredi 25 mai 2007

Hors forfait


Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 35 32 31
Métro : Edgar Quinet

Une comédie de Noémie de Lattre et Delphine Lacouque
Mise en scène de Marc Goldberg
Avec Malcolm Conrath (Antoine), Delphine Lacouque (Hélène), Noémie de Lattre (Joe), Aude Roman (Nathalie)

Le pitch : Histoire de tromper son ennui et sa déprime naissante, Joe décide d'organiser une soirée pour fêter l'anniversaire d'Hélène. Outre cette dernière, elle invite Antoine, son ex (dont elle n'a pas encore vraiment cicatrisé), et sa nouvelle compagne, Nathalie. Or, le couple est en crise : Nathalie n'a pas annoncé à Antoine qu'elle était enceinte et celui-ci n'a pas encore eu le courage de lui dire qu'il voulait l'épouser... Quant à Hélène, qui diffuse la bonne parole de Dieu depuis chez elle pour gagner sa vie, elle ne se montre pas particulièrement enthousiaste devant cette invitation. Visiblement, elle a d'autres projets en tête...

Mon avis : Etais-je alourdi par la roborative truffade engloutie au restaurant en face du théâtre, toujours est-il que j'ai eu un mal fou à essayer de prendre du plaisir à cette pièce. Peut-être le prologue m'a t-il déjà déconcerté. Je l'ai trouvé trop long et, surtout, totalement superflu car il n'a rien à voir avec la suite.
Honnêtement, le décor, une construction de cartons décorés de post-it, s'avère une jolie astuce de mobilité pour supplanter l'absence évidente de moyens. Les jeux de voiles nous permettent aisèment de changer de lieu et d'univers. C'est plutôt bien fait et les lumières sont jolies.
Puis je me suis attaché à suivre les circonvolutions téléphoniques de ce quatuor. Très vite, on pige la situation. Nathalie vient de se découvrir enceinte. Elle n'a pas osé en faire part à Antoine tant elle craint qu'il soit hostile à l'idée de paternité. Du coup, elle est fragilisée, parfois agressive et elle pleure pour un rien... Antoine, jeune cadre qui a réussi, est un macho type, qui refuse de prendre ses responsabilités. Et comme, en plus, il est affligé d'une grave hypocondrie, il se renferme dans un égocentrisme puéril et vraiment excessif. D'ailleurs, il s'avère que le plus hystérique de la bande, c'est lui ! Joe, l'ex d'Antoine, a sombré dans une déprime languide qu'elle compense par une forte consommation de cigarettes et d'alcool. On voit que, par nature, c'est une meneuse. Quant à Hélène, elle semble sage et douce, compréhensive, humaine. Elle serait le personnage normal de cette pièce si elle n'était pas tombée fraîchement amoureuse. Et là elle en devient franchement idiote, bêtifiant et roucoulant à l'infini.
Ce sont donc quatre personnages en crise qui ne cessent de s'appeler, de raccrocher, de se rappeler, d'attendre qu'on les appelle. Car le personnage principal de Hors forfait, c'est bien évidemment le téléphone. Cette pièce nous démontre à quel point cet ustensile fait aujourd'hui partie intégrante de notre quotidien ; il est le dépositaire de tous nos états d'âme ; il fait office de confident, de bouée de secours, d'exutoire. Il est indispensable... La pièce met en évidence notre difficulté à communiquer. On se parle mais on ne s'écoute pas.
Le sujet est donc on ne peut plus actuel. Et l'idée d'écrire une comédie autour de cette dépendance était judicieuse. Les trois filles sont plutôt pas mal. Joe, survoltée, fait preuve d'une énergie considérable. Hélène est parfaite en gentille nunuche. Les rôles de Nathalie et d'Antoine semblent avoir été plus délicats à cerner car ils sont en permanence sur le fil du surjeu.
Bref, il y a tous les ingrédients pour faire une bonne pièce, un bon rythme, on sourit parfois à quelques jolies saillies ("Fumer, ça devrait être un métier"), mais on reste un peu étranger face à ce tohu-bohu. C'est sympa, mais il manque le petit quelquechose qui nous rendrait complice de leurs avatars. Au final, on ne passe pas une mauvaise soirée. Elle aurait toutefois pu être meilleure. Avec un peu plus de rigueur dans le texte ?

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