lundi 18 février 2008
Paris
Un film de Cédric Klapisch
Avec Juliette Binoche (Elise), Romain Duris (Pierre), Fabrice Luchini (Roland Verneuil), François Cluzet (Philippe Verneuil), Mélanie Laurent (Laetitia), Albert Dupontel (Jean), Karin Viard (la boulangère), Gilles Lellouche (Franky), Zinédine Soualem (Mourad), Julie Ferrier (Caroline), Olivia Bonamy (Diane), Maurice Bénichou (le psy), Anne lise Hesme (Victoire)...
Ma note : 5,5/10
L'histoire : Pierre vient d'apprendre qu'il était atteint d'une grave maladie du coeur qui va nécessiter une intervention chirurgicale dont l'issue n'est pas garantie. Envisageant le pire, il se met à regarder le monde qui l'entoure d'un oeil différent. Plus que la sienne, la vie des autres, la vie de la ville - Paris - prennent soudain une autre dimension...
Mon avis : Le jeu de mot est facile mais, pour ce qui me concerne, Cédric Klapisch n'a pas commis avec Paris un film... capital. Pourtant, depuis quelques semaines, les Ruquier, Drucker, Ardisson et autres chantent les louanges de ce film. Pour la faire bref, personnellement, si on enlève les scènes où figurent Fabrice Luchini et Karin Viard, il me reste la sensation d'un film trop long, trop éclaté et passablement ennuyeux. Je m'explique :
L'aspect positif d'abord... On qualifie ce film de "film choral", ce qui, vu le quantitatif et le qualitatif du générique, est une évidence. Dans cette fameuse chorale donc, tout le monde chante juste (c'est un minimum) et personne ne tire la couverture à soi. La façon de filmer Paris, soit aérienne, soit vu du sol, et avec une abondance souvent bien venue de gros plans, est irréprochable. La caméra aime cette ville et le lui déclare. La cité est omniprésente, bruissante de vie et de mouvement. Ses bruits si caractéristiques forment une très bonne bande son. Les dialogues sont justes. Il y a de jolies relations, frère-soeur (Romain Duris et Juliette Binoche), ou frère-frère (Fabrice Luchini et François Cluzet). Romain Duris, amaigri, joue avec une grande sensibilité et beaucoup d'intériorité (trop ?) un artiste qui prend le temps de regarder enfin le monde qui l'entoure parce que sa vie, déjà sur le plan professionnel, marque un arrêt. Juliette Binoche, en femme débordée, un peu paumée, pas du tout dans la séduction, est absolument touchante. Karin Viard, épatante, est une commerçante plus vraie que nature ; on devrait la détester, mais elle nous amuse trop. Quant à Fabrice Luchini, il est une fois de plus étourdissant. Quelle pépite pour le cinéma français ! Toutes les scènes dans lequelles il apparaît sont autant de merveilleux petits sketches. Il y en a deux qui sont de purs moments de très grande fantaisie : la séance chez le psy et sa démonstration de rock'n'roll avec une façon de bouger qui n'appartient qu'à lui. Mélanie Laurent s'affirme de plus en plus comme une comédienne avec laquelle il va falloir désormais compter.
En conclusion : ce film est un patchwork composé de quelques moments de grâce, il transpire d'humanité et de tendresse et il contient quelques moments de magie d'un très haut niveau. Et le message, même s'il est un peu galvaudé, qui nous incite à faire plus attention à ceux qui nous entourent passe parfaitement. Mais...
L'aspect négatif, maintenant... Mais tant (trop ?) de bonnes intentions ne suffisent pas à nous embarquer. D'emblée, la musique du générique nous agresse les oreilles. le seul superbe passage musical est le piano d'Erik Satie égrenant ses notes sous une neige tombante ; c'est en parfaite harmonie et romantique à souhait... Malgré tout leur talent, on ne parvient pas à s'apitoyer vraiment sur le sort des personnages campés par Romain Duris et Juliette Binoche. Plus de deux heures, c'est beaucoup trop long. J'ai trouvé certaines scènes réellement superflues :
- L'odyssée du Sénégalais ne fait que nous embrouiller en nous emmenant sur une fausse piste. Ce pseudo fil rouge n'apporte rien de vraiment constructif, il ne fait qu'alourdir le film.
- Le délire onirique de François Cluzet, même s'il est esthétiquement original, nous égare lui aussi.
- On ne voit pas très bien l'utilité du faux sondage que Romain Duris vient effectuer chez Mélanie Laurent. En plus, cette scène sonne faux.
- Le pire est ce long tunnel qui nous entraîne du côté des halles de Rungis. Tout ce qui s'y passe nous éloigne du récit et, trop décalé, ne nous concerne guère. Il est hors Paris, donc hors sujet.
Conclusion : Le pari de Paris n'est pas toujours tenu. La faute à un rythme trop lent, alourdi par des scènes superfétatoires. Ce film souffre finalement de sa trop grande richesse. Abondance de biens nuit. Quand un réalisateur possède sous la main une telle escouade d'acteurs tous aussi performants, il doit avoir tendance à jouer les "Monsieur Plus" en rajoutant un peu de ceci, puis un peu de cela, et encore un peu de ceci...
C'est dommage, car avec un peu plus de concision, de nervosité, nul doute que Paris possède tous les ingrédients esthétiques et humains pour faire un grand film.
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