mercredi 29 avril 2009

Le Missionnaire

Un film de Roger Delattre
Ecrit par Jean-Marie Bigard et Philippe Giangreco
Avec Jean-Marie Bigard (Mario Diccara), Doudi Strajmayster (Patrick Diccara), Jean Dell (Le capitaine de gendarmerie), Michel Chesneau (Le maire), Arthur Chazal (Lucien), François Siener (Giancarlo), Thiam Aïssatou (Nadine)...

Ma note : 7,5/10

L'histoire : Après sept années passées en prison, Mario Diccara est libre. N'ayant pas complètement réglé ses affaires avec le milieu et avec ses anciens complices, il demande à la seule personne de confiance qu'il connaisse, son frère Patrick, de lui trouver une planque.Patrick, qui est prêtre, lui propose de rejoindre un de ses amis, le père Etienne, dans son petit village de l'Ardèche. Pour lui conférer un meilleur anonymat, il lui fait revêtir une soutane...
Mais lorsque Mario arrive sur place, les choses ne se passent pas comme prévu. Le père Etienne vient de trépasser, et les villageois le prennent pour le nouveau curé...

Mon avis : On peut dire que ce Missionnaire-là a réussi sa triple mission : nous faire rire, nous émouvoir, et nous donner à réfléchir... Oui, oui, vous avez bien lu, "nous donner à réfléchir"... Car, il y a en effet plusieurs niveaux de lecture dans cette comédie pure.

Etudions-en les aspects positifs (de loin les plus nombreux).
D'abord, il y a la qualité des dialogues. Certaines répliques nous furieusement penser à du Audiard. D'ailleurs, plusieurs fois pendant le film, on ne peut s'empêcher d'imaginer Jean-Marie Bigard au beau milieu des Tontons flingueurs. Avec sa gueule, sa voix, sa truculence et sa bonhommie, il n'aurait pas déparé. Il est peut-être né trop tard. A moins qu'un nouveau Lautner ne se pointe dans le cinéma français et ne nous ponde quelques films chorale de cet acabit. Vous le lirez partout : Jean-Marie ne fait pas du Bigard. Pendant une heure et demie, il joue tout en intériorité, il ne fait pas d'effets de voix, il ne se laisse pas aller à ses fameuses exclamations. Il maîtrise de bout en bout. Il n'est plus raconteur, il est acteur. Et puis, il a une tronche. Et quelle tronche ! Roger Delattre, le réalisateur, ne se prive pas de très gros plans qui nous révèlent un visage passablement raviné et cabossé ; un vrai paysage lunaire. Il y a aussi son regard. Quand Jean-Marie y fait passer une lueur de tendresse, on craque. C'est pour toutes ces petites choses physiques et comportementales que l'on adhère sans problème à ce film. Bien en chaire, Bigard est tout-à-fait crédible dans le rôle du père Mario. En soutane, mais avec des baskets, il est réellement impressionnant, quasiment habité. Là, on peut dire que l'habit fait - vraiment - le moine. Ce rôle, c'est du pain bénit pour lui.

Le scénario ensuite. Il tient aisément la route, même celles escarpées et tortueuses des montagnes ardéchoises. Luc Besson, avec sa grande rigueur, a demandé du rythme, du rythme et du rythme. Il n'y a aucun temps mort, on ne se perd pas en fioritures. Ce film repose entièrement sur le comique de situation(s). Mario et son frère Patrick, ne font en fait que s'adapter aux embûches et aux nombreux quiproquos qui émaillent leurs aventures. Contrairement à des joueurs d'échecs, ils n'ont pas le loisir de préparer leurs coups, il leur faut réagir sur l'instant, à chaud et en "live". Ce qui a pour effet de provoquer des situations franchement désopilantes.

Les seconds rôles sont particulièrement bien choisis, du capitaine de gendarmerie au maire du village, en passant par l'enfant de choeur et le parrain de la mafia niçoise... D'ailleurs l'escouade de gendarmerie n'est pas sans rappeler leurs glorieuse aînée qui sévissait du côté de Saint-Tropez. On y retrouve le même genre de bras cassés sympathiques et un peu étroits du képi.

Ce film est également riche de quelques scènes qui sont autant de morceaux de bravoure : la première messe du père Mario téléguidée par portable interposé (à ce propos, ce scénario n'aurait jamais pu être réalisé sans l'usage du portable. Ce petit moyen de communication tient un rôle essentiel dans le film) ; la négociation de la vente des bijoux "menée" par Patrick dans l'antre de la mafia ; la dégustation du petit alcool local ; le prêche de la fin...

Enfin, ce Missionnaire est porteur d'un formidable message d'humanité et d'oecuménisme. Le père Mario remplace les Saintes écritures par le bon sens. Comme il de dit ingénument, il laisse parler son coeur. L'amour n'a pas de religion. Ou plutôt, il pratique la religion de l'amour. Et là, quand on connaît bien le lascar, il n'est pas franchement dans le rôle de composition.

Maintenant, je ne peux pas passer sous silence une partie du scénario qui ne m'a pas du tout convaincu et qui plombe un peu la légèreté ambiante de l'ensemble. Ce sont les scènes où Patrick (Doudi) plonge dans le stupre et la débauche. C'est tout much, ça manque de finesse et d'élégance. Je pense qu'on aurait pu effectivement le faire déraper, mais peut-être de façon un peu moins frontale et excessive. Il est sûr que cela permet au comédien de s'offrir un tout autre registre, mais cette incursion dans le luxe et la luxure - pour un prêtre s'entend - aurait dû, à mon goût, être traitée avec plus de subtilité.

Voilà, c'est dit !
Mais cette petite réticence ne peut occulter la qualité intrinsèque de ce film. On y passe un vrai bon moment de comédie "à la française". Bigard y est réellement épatant dans son rôle de canard sauvage qui se prend pour un enfant du bon Dieu. Ce personnage pourrait enfin lui ouvrir en grand les portes du septième art. Il le mérite. Et, je le redis, les dialogues sont savoureux et de haute volée et les situations qui se succèdent à un rythme effrené valent toutes leur pesant de drôlerie.
On n'a plus qu'à souhaiter à ce drôle de paroissien de rassembler le plus possible de fidèles et la messe sera dite.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Keep this going please, great job!

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