dimanche 21 février 2010

Vous avez quel âge ?


Comédie des Champs-Elysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
Tel : 01 53 23 99 19
Métro : Alma-Marceau

Une pièce de Françoise Dorin
Mise en scène par Stéphane Hillel
Avec Jean Piat

Ma note : 8,5/10

L’argument : Depuis que le monde est monde, les êtres humains ont été confrontés à de vastes problèmes. Beaucoup ont été résolus. Mais il en est un qui leur résiste : celui de l’âge et du temps !
Que répondre d’ailleurs à ces deux questions : « Vieillir, ça vous fait peur ? » ou « Vous avez quel âge ? »… En guise de solution, Françoise Dorin verse au dossier quelques espérances roboratives. Sans langue de bois ; avec humour, santé, gaîté.

Mon avis : Quand je vous parlais de cette foutue loi des séries… Et bien de retour, le lendemain de Colombe, dans la même salle de la Comédie des Champs-Elysées pour assister au spectacle donné par Jean Piat, j’ai de nouveau éprouvé ce bonheur ineffable qu’offrent les grands textes dits par un immense comédien.
Vous avez quel âge ? est une savoureuse pseudo conférence sur l’âge et le temps écrite sur mesure pour de formidable diseur qu’est Jean Piat par une auteure qui le connaît (très) bien. Avant même de s’attarder sur le jeu, parlons du texte tout bonnement admirable qu’a ciselé Françoise Dorin. En quittant la salle, je n’avais qu’une envie : pouvoir lire ce texte tant il est riche et foisonnant. Et tellement vrai. Ici, les méfaits et les ravages de l’âge sont décrits, disséqués, analysés, moqués. Ce long exposé plein d’humour est également enrichi per bon nombre de citations qui sont autant de corollaires à ce qu’énonce Jean Piat (en vrac, Pierre dac, Jean Renard, Beaumarchais, La Bruyère, Balzac, Voltaire, Agatha Christie, madame de Sévigné, Guitry, Hugo, La Rochefoucauld, Tristan Bernard, Fontenelle…)
Quand d’aussi belles phrases, d’aussi fins adages sont livrés par un virtuose du verbe, ils prennent toute leur saveur.

« Je travaille à mon avenir » déclare en préambule à une ministre imaginaire notre docte et primesautier octogénaire. Car, pas une seule fois, Jean Piat ne s’apitoiera sur son âge aujourd’hui respectable. Au contraire, avec son sourire enjôleur et son œil malicieux, il s’en amuse et il en fait même parfois l’apologie. « Tant qu’on a des douleurs, c’est qu’on est toujours vivant ! », c’est peut-être une lapalissade, mais elle est tellement juste… S’il ironise sur « saint Botox et saint Laser », c’est pour pouvoir nous placer cette image comportementale implacable : « rire la bouche en cul de poule pour éviter les pattes d’oie »… ça donne tout de même à penser, non ? Et, un peu plus loin, au cours de cette brillante séquence dans laquelle il nous livre dix conseils pour ne pas « faire son âge » : « Les vieux se répètent, les jeunes n’ont rien à dire ».
Pour évoquer la presbytie, Jean Piat se fait poète. Faire rimer les vers pour parler des verres, c’est du grand art. Parfois, pour mieux interpréter ces variations sur le temps, il prend une voix de petit vieux, se fait narquois : « le vieillissement est un problème vital » affirme-t-il avant de préciser « et un problème social ». Si on rit sans cesse, il n’en reste pas moins que le sujet nous interpelle tous. Et, très souvent, le public émet quelques murmures d’approbation. C’est qu’on est tous terriblement concernés. Et que rajouter à une ellipse aussi percutante que « on vit, on rit, on meurt, on pleure » ?
Toujours est-il que si le sujet du vieillissement ne prête à priori guère à la gaudriole, on passe en compagnie de Jean Piat un délicieux moment plein de charme et d’humour, ponctué de tout un lot de formules brillantes et savoureuses. Que du contentement ! Chapeau Madame Dorin et respect Monsieur Piat !

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