Théâtre 14
20, avenue Marc Sangnier
75014 Paris
Tel : 01 45 45 49 77
Métro : Porte de Vanves
T3 : Didot
Spectacle écrit et interprété par Catherine Delourtet et
Jean-Paul Delvor
Accompagnés au piano par Florian Digne
Lumières de Julien Simon
Costumes de Christelle Yvon
Le pitch : l’histoire est simple : Catherine et
Jean-Paul vous invitent à leur mariage… Défilent alors le souvenir de leur
première rencontre, le cauchemar pour élaborer le menu, l’intervention d’invités
surprise… Un feu d’artifice de sketchs, de chansons fantaisistes et de parodies
délirantes pour fêter le plus beau jour de leur vie.
Mon avis : C’est tout simple : Vous aimez la chanson,
vous aimez la comédie, vous aimez les parodies et, surtout, vous aimez vous
amuser et rire de bon cœur, sans arrière-pensées, Folles Noces est un spectacle
tout à fait approprié.
En fait, tout est dans le titre. Nous, public, nous avons le
privilège d’être invités à la cérémonie et aux festivités qui entourent le
mariage de Catherine et Jean-Paul. Le problème, c’est que nous allons être
confrontés à un mariage absolument pas conventionnel car ces « noces »
vont se révéler complètement « folles ». Ils nous donnent en quelque
sorte le droit d’asile… Dès l’entrée en scène, le ton est donné. En robe et
costume de mariés, nos tourtereaux s’avancent dans l’allée centrale dans une
horrible cacophonie de casseroles malmenées qui couvre les accents mélodieux de
la Marche nuptiale. Cette farce de mauvais goût perpétrée par de mauvais
plaisants de la famille de Jean-Paul, n’a pas, mais alors pas du tout, l’heur
de plaire à Catherine. Qui ne se gêne pas pour le lui dire, ce qui donne droit
à la première scène de ménage. Car Jean-Paul n’a pas l’intention de se lasser
faire. S’en suit un échange d’« amabilités » perfides et de remarques
de plus en plus persifleuses, une surenchère dans les noms d’oiseaux et les
épithètes les plus colorés. Tout cela en musique et sur un texte admirablement
écrit… Après ça, comment voulez-vous que leur relation s’établisse dans la plus
parfaite harmonie. C’est foutu. Heureusement, chez eux, la désunion fait la
force. La cérémonie va se transformer en joute verbale et en règlements de
compte entrecoupés de tentatives de retour à la raison et à la sérénité.
Tous les dialogues sont habilement saupoudrés d’extraits de
chansons hyper connues, ce qui est fort réjouissant car nous pouvons, dans
notre for intérieur, finir leurs phrases en même temps qu’eux.
La deuxième chanson qu’ils interprètent nous plonge alors
dans un total délire, dans une débauche d’énergie burlesque. Nous nageons en
plein détournement. La chanson ainsi massacrée n’est autre que L’Avventura, de
Stone et Charden, elle est exécutée dans une sorte de twist frénétique, avec
poses et chorégraphie grotesques. Après un tel moment, nous savons que ces deux
là ne vont plus s’imposer aucune limite. Folie annoncée, folie il y a, et sans
demi-mesure. Sauf au piano, car il faut saluer la qualité d’instrumentiste de
leur accompagnateur, Florian Digne, un musicien à l’aise dans tous les
registres.
Après Stone et Charden, nos deux hurluberlus vont ratisser
large. Ils revisitent des chansons de Juliette, Dutronc, Bourvil, Thiéfaine,
Michel Legrand, Dranem, Georgius, les Frères jacques, Elli Medeiros, Colette
Renard, et nous distillent à bon escient des extraits de tubes de Jeanne Mas,
Graeme Allwright, Sardou, Gilbert Montagné, Renaud, Dalida, Zizi Jeanmaire, Sacha
Distel, Goldman, Claude François… C’est un joyeux « hétéroclite parade »
qui survole toute l’histoire de la chanson française. Ils ne sont pas sectaires.
Or, pour pouvoir interpréter un tel éventail de chansons, il
faut être sacrément doué. Et sur le plan vocal, et sur celui du jeu. Catherine et
Jean-Paul nous offre une véritable performance dans ces deux domaines.
Loin de moi l’idée de vous dévoiler à quelles pitreries ils
vont se livrer, quels accoutrements ils vont revêtir pour camper tel ou tel
personnage.
En revanche, je me dois de souligner l’incroyable prestation de
Jean-Paul Delvor. Cet homme est complètement barré. Il chante, danse, s’agite,
se trémousse, gesticule ; il est sans cesse en mouvement. Homme
caoutchouc, aucune partie de son corps ou de visage n’est au repos. D’une incroyable
générosité, il est à fond dans le cartoon parodique.
Mais pour que des noces soient réussies, fussent-elles
folles, il vaut mieux être deux. Et la réplique que lui offre Catherine Delourtet
est amplement au diapason. Bien sûr, en tant que femme, elle ne peut pas s’aventurer
dans le registre de la débauche physique frénétique de son complice. Elle, elle
se cantonne plus dans celui de la comédie (bien qu’elle n’hésite jamais à se
livrer à des chorégraphies farfelues et n’a aucun scrupule à se complaire dans
le ridicule). Avec son visage expressif, elle joue la femme autoritaire, un
tantinet revêche tout en sachant parfois se montrer très chatte.
Ils sont parfaits tous les deux. Ils atteignent un sommet de
drôlerie dans une sorte de bouquet final dans lequel ils font défiler et
incarnent une dizaine de couples célèbres (Roméo et Juliette, Cyrano et Roxane,
Quasimodo et Esméralda, Ulysse et Pénélope, César et Cléopâtre, Léonard de
Vinci et Mona Lisa, J.R. Ewing et Sue Ellen, Bonnie et Clyde, Tarzan et Jane
et, évidemment, nos chers géniteurs, Adam et Eve. C’est drôle à souhait, complètement
cocasse, c’est parfois (pour notre plus grand plaisir) du grand n’importe quoi
(en apparence, du moins, car c’est vraiment chiadé).
Bref, Catherine et Jean-Paul ne s’aiment pas un peu, ni même
beaucoup, mais à la folie. C’est vrai qu’il y a de quoi en perdre les pétales
tout au long de ce spectacle absolument réjouissant et roboratif.
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