Casino de Paris
16, rue de Clichy
75009 Paris
Tel : 08 926 98 926
Métro : Trinité d’Estienne d’Orves
One man
show écrit par Franck Dubosc
Présentation :
Tel un lion trop vieux, Franck Dubosc casse les barreaux de sa prison dorée
pour fuir au bout du monde, loin des emmerdes… Jusqu’à ce que, redevenu
sauvage, tout lui manque… Il est trop tard pour revenir, mais assez tôt pour en
tirer des conclusions sur un monde pas si mauvais…
Mon avis :
De spectacle en spectacle, Franck Dubosc est en train de se construire une
œuvre tout à fait cohérente. Lorsqu’on le suit depuis ses débuts, on a
l’impression de grandir avec lui et, comme il se livre de plus en plus, de le
connaître de mieux en mieux.
Franck Dubosc, c’est un personnage et un univers. Les deux
évoluent en même temps que lui dévoilant peu à peu une forme de mûrissement.
Mais, heureusement pour toi public, Franck Dubosc reste Franck Dubosc. Il est
toujours aussi hâbleur, il cabotine toujours autant, il se complaît toujours
autant dans l’exagération. Et – mais ça c’est dans son ADN – il a gardé deux de
ses plus importants traits de caractère, un qui nous amuse profondément, son
côté mytho, et l’autre qui nous attendrit, son côté enfant. Ces deux entités,
qui cohabitent paisiblement en lui, apparaissent régulièrement au gré du
spectacle, l’un comme l’autre faisant notre ravissement.
A l’état sauvage,
le nouveau one-man show de Franck Dubosc s’inscrit donc dans la lignée des
précédents tout en s’en démarquant notablement. Le format qu’il a choisi cette
fois, qui s’apparente plus au stand-up, lui apporte beaucoup plus de liberté
que les deux premiers seuls en scène, J’
vous ai pas raconté ? et Romantique,
qui étaient construits sur des sketchs, et même que le troisième, Il était une fois… Franck Dubosc, qui
était essentiellement autobiographique.
Après nous avoir gratifié d’une entrée digne d’une rock star
(l’excès fait partie de ses péchés mignons), il nous interpelle tout de suite
pour nous faire part de sa déception du monde qui l’entoure. Franck a un coup
de mou, tout « l’emmerde ». Et ce ne sont pas les exemples qui lui
manquent. Alors autant utiliser ce vague à l’âme pour embarquer destination
l’île déserte ( ?) de Tonkiki… Un bon coup de solitude, loin des
turpitudes et des agressions du monde moderne, ne pourra lui faire que du bien.
On a l’impression d’être dans une bande dessinée. Franck est
un conteur hors pair. Son écriture est très imagée, son sens de la formule est
toujours aussi aiguisé, ses comparaisons toujours aussi audacieuses, et ses
digressions toujours aussi savoureuses. Le fait de ne pas être prisonnier du
carcan d’un sketch lui permet de musarder, de divaguer, de passer du coq à
l’âne. Il peut faire quelques allusions sur l’actualité, parler de politique,
intégrer des personnages, nous adresser ça et là un clin d’œil par rapport à ses
précédents spectacles (Sandy). Libre de tout, il nous emmène où il veut.
A l’état sauvage
se décompose en trois parties : avant l’île, pendant l’île et un dernier
chapitre plus personnel, plus intime, dans lequel il évoque sa famille. La fin
est très jolie. Son couplet sur le bonheur est de la poésie pure. On y retrouve
Franck-le-tendre, mais qui, par pudeur, s’autorise pas mal d’autodérision et quelques
réflexions impayables. Ses nombreuses expériences de comédien font qu’il se
trouve aujourd’hui au sommet de son art. Sa gestuelle, parfaitement maîtrisée,
n’appartient qu’à lui. L’œil qui frise en permanence, le sourire malicieux,
toujours prompt à provoquer les spectateurs du premier rang, la gentillesse est
chez lui plus naturelle que la moquerie. Sauf lorsqu’il se complaît à se
ridiculiser.
Franck Dubosc me plaît et m’amuse énormément. J'aime l'homme autant que l'artiste. Le vernis de
mytho-hâbleur dont il se pare est un trompe-l’œil qui n’abuse personne. Ou
alors il faut manquer sacrément de lucidité et de sensibilité. Et comme, ces
derniers temps, il a tendance à vouloir s’en badigeonner de moins en moins, on
voit de plus en plus souvent le cœur apparaître…
Gilbert « Critikator » Jouin
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