Théâtre de Poche Montparnasse
75, boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Tel : 01 45 44 50 21
Métro : Montparnasse-Bienvenue
Une pièce de Sébastien Thiéry
Mise en scène par Jean-Louis Benoit
Décor de Jean Haas
Lumières de Jacques Puisais
Costumes de Marie Sartoux
Avec Bruno Solo, Sébastien Thiéry, Antony Cochin
Présentation :
Tilt ! est un mélange choisi et
remanié des textes de Sébastien Thiéry parmi les plus corrosifs, les plus
explosifs et les plus irrésistibles de Sans
ascenseur et Dieu habite Düsseldorf,
ses deux premiers recueils de sketchs surréalistes (2003 et 2004).
Deux hommes ahuris, timides et inoffensifs se posent des
questions sur leur existence, leur famille, leur travail ou leur place dans la
société. Ces dialogues drôles et loufoques ne seraient-ils pas finalement
l’inventaire désenchanté d’une contemporaine et irrémédiable solitude ?
Mon avis :
J’ai vu quatre des sept pièces signées Sébastien Thiéry (Dieu habite Düsseldorf, Cochons d’Inde, Qui est Monsieur
Schmitt ?, Le Début de la fin), c’est dire si son univers me plaît et
me transporte de joie.
Tilt ! est en
quelque sorte une œuvre de jeunesse puisqu’elle est composée d’un patchwork de
textes datant aujourd’hui de dix ans et plus. Elle préfigure formidablement le
contenu de ses pièces à venir, à savoir un univers absurde, déroutant, un ton
décalé et une propension au non-sens qui n’appartient qu’à lui.
Rassurez-vous, en dépit de son titre, Tilt ! ne vous fera pas flipper. Quoi que… En tout cas, il y a
largement de quoi perdre la boule. Personnellement, je lui ai trouvé un réel
cousinage avec Les Diablogues de
Roland Dubillard. On y retrouve le même humour loufoque, une même culture de
l’illogisme. Pourtant, ces quelques saynètes totalement irrationnelles, mises
bout à bout, finissent par avoir un sens. Si la forme des différentes
situations est résolument saugrenue, au fil de l’histoire, le fond prend de
plus en plus en plus d’épaisseur. C’est cette curieuse alchimie qui fait tout
le charme de Tilt !. Tout en
nous réjouissant, l’incohérence des propos s’estompe, craquèle comme un vernis,
pour laisser apparaître la réalité du message contenu dans ce spectacle :
la communication et le besoin de l’autre.
Alors même que les scènes sont tout à fait disparates,
l’habile construction de la mise en scène fait qu’un lien se tisse entre les
deux protagonistes. Ce sont deux solitudes qui se rencontrent, qui évoluent
d’abord en parallèle avec beaucoup de méfiance, puis qui commencent à se
chercher, à se plaire ensemble et enfin, se révélant complémentaires, qui
finissent par fraterniser. Ce cheminement mental est très subtil. Ce sont deux
marginaux, deux souffreteux de la vie, deux complexés. Au départ, ils sont
comme deux aimants dont les deux pôles, identiques, se repoussent, et que leurs
différences vont leur permettre petit à petit de s’attirer. Jusqu’à ne plus
pouvoir se passer l’un de l’autre…
Pour réussir à faire passer une telle subtilité, une telle
humanité, il faut deux comédiens particulièrement fins. Déjà pour réussir à
faire passer et à rendre (presque) crédibles des situations complètement
délirantes ; ensuite, pour être capable de faire passer en quelques
silences ou expressions leur profonde vulnérabilité. Dire que Bruno Solo et
Sébastien Thiéry sont épatants dans cet exercice est un euphémisme. Ils sont
carrément fascinants, chacun dans un registre très différent mais, comme je le
soulignais plus haut, absolument complémentaires.
Gilbert 'Critikator" Jouin
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