Théâtre du Gymnase
38, boulevard de Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle
Les mardis et mercredis à 20 h 00
Conçu et mis en scène par Lucy
Harrison
Avec Lucy Harrison et Fabrice Banderra
accompagnés au piano par Richard Poher ou Raphaël Bancou (en alternance)
L’histoire : Elle, lui, deux célibataires, opposés en tout,
voisins de palier, chacun chez soi.
Inscrits sur un site de
rencontre, ils décrochent un rendez-vous…
Une terrible surprise les
attend : leur rendez-vous s’avère être l’un avec l’autre… Etonnant ?
Mon avis : Ce spectacle est vraiment sympa. Il fait du bien
aux yeux, aux oreilles et même, au cœur… L’idée de départ est toute simple :
mettre en présence deux individus diamétralement opposés. Tout sépare en effet « Tony
75 » et « Ruth 66 » (ce sont les pseudos qu’ils se sont choisis
pour échanger sur un site de rencontres entre célibataires). L’astuce imaginée
par Lucy Harrison, l’auteure et metteuse en scène, c’est de nous les montrer
dès le départ, en parallèle, chacun dans son univers, sur une scène partagée en
deux car ils sont voisins.
« Tony » vit dans un
appartement tout blanc. Il joue aux échecs, boit du whisky et lit Vogue. Il est
élégant, raffiné mais avec beaucoup de malice dans l’œil. Il n’a pas encore
réussi à couper le cordon avec sa maman… « Ruth », elle, évolue dans
un décor en rouge vif et noir. Elle boit de la vodka et lit un magazine à la
gloire d’ACDC. Elle est totalement cash et libre… Il est smoking, elle est
blouson de cuir… Mais le domaine où ils sont le plus en opposition, c’est la
musique. Lui, c’est le crooner. Il aime Tony Bennett, Frank Sinatra, Nat King
Cole et Dean Martin… Elle, elle s’inscrit dans la lignée des Janis Joplin,
Dolly Parton, Tina Turner et Amy Winehouse… Bref, il est soft et elle est hard,
il est bluette, elle est bluesy.
Bien sûr, ils ne se supportent
pas. C’est vrai qu’ils n’ont rien en commun. Les voir évoluer chez eux ne fait
qu’amplifier leur antagonisme. Et ça nous amuse énormément. Lucy Harrison est
impressionnante en tout. Elle porte des tenues pour le moins pittoresques (celle
avec laquelle elle se présente sur scène pourrait être qualifiée de « crâneuse »,
vous comprendrez en la voyant), elle est désinhibée, elle assume ses rondeurs, pratique
l’autodérision, elle ignore la langue de bois. Et, surtout, elle possède une
voix incroyable ; puissante, éraillée tout en étant nuancée. Elle a une
telle maîtrise vocale, et dans tous les registres, que ça lui laisse beaucoup d’espace
pour jouer la comédie. Même si on n’excelle pas en anglais, grâce à ses
mimiques et à sa gestuelle, on comprend tout ce qu’elle veut faire passer dans
ses chansons.
Fabrice Banderra, comédien
subtil, nous propose une composition parfaite en contrepoint avec sa partenaire
sur-vitaminée. Il est plus dans la sobriété, la retenue, mais avec, en
permanence, cette pointe d’humour british qui nous ravit tant dans les grandes
comédies romantiques américaines.
On passe un très bon moment dans
cette petite salle agréable du Gymnase. On n’entend que des tubes et des grands
standards. Qu’ils chantent seuls ou en duo, c’est tout le temps un véritable
régal. Personnellement, j’ai entendu hier la meilleure version de Walk On The Wild Side, de Lou Reed ;
l’humour et l’émotion s’y confondent pendant trois minutes d’une grâce totale…
Et puis, il y a l’histoire. Krooner on
the Rocks est construit comme une dramatique. La tension ne fait que
monter. Chaque tableau est conçu pour nous amener à la grande scène finale :
LA rencontre. C’est qu’on l’attend, cette rencontre !
Voici un spectacle qui fait du bien.
C’est frais, joyeux, optimiste. On en sort tout revigoré, la banane au coin des
lèvres, avec une vague sensation de « trop court ». C’est tellement
bien joué et chanté, qu’on en voudrait encore un peu plus. C’est un bon signe,
non ?
Gilbert « Critikator »
Jouin
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