Le Funambule Montmartre
53,
rue des Saules
75018
Paris
Tel :
01 42 23 88 83
Métro :
Lamarck-Caulaincourt
Le
lundi à 21 h 00 et le mardi à 19 h 30
Une
pièce de Franck Buirod
Mise
en scène par Vincent Demoury
Avec
Franck Buirod (Franck, le petit-fils)
et Denis Obitz (Denis, le
grand-père)
L’histoire :
Franck entretient depuis sa plus tendre enfance une relation épistolaire avec son
grand-père Denis. Ce dernier aimerait bien que son unique petit-fils vienne lui
rendre visite. C’est un jour chose faite, mais le choc des générations ne tarde
pas à produire ses effets.
Franck
est rivé à son téléphone portable et on s’imagine que le séjour va être un
enfer pour les deux.
Le
grand-père propose alors un deal à son petit-fils qu’il accepte :
Franck
est privé de son téléphone une semaine… Ce séjour ne sera pas qu’une simple partie
de pêche…
Mon avis :
Voici une pièce qui nous rafraîchit l’âme tout en nous faisant chaud au cœur…
Son
thème est des plus banals - les relations d’un grand-père avec son petit-fils –
or, elle nous captive de bout en bout car, tout au long, nous sommes partie
prenante. Ce que ces deux là vivent et nous font partager fait partie de l’histoire
de chacun. Nous sommes tous concernés.
La
pièce est habilement structurée. Elle commence par un échange de correspondances
qui font tout doucement monter la pression ; nous avons de plus en plus
hâte que ces deux personnages se rencontrent enfin. A travers leurs courriers,
leurs personnalités, leurs caractères se dessinent et s’affirment. Si bien que
l’on sait déjà que leur confrontation va inévitablement tourner à l’affrontement.
De 7 à 77 ans
est une fable aussi initiatique que réaliste. En empruntant cette passerelle,
qui enjambe volontairement une génération, celle des parents, le jeune Franck
va entrer progressivement dans un autre monde : celui des adultes. Ce dont
il n’a jamais parlé avec son père et son mère, il va se le permettre avec son
grand-père. Tous les sujets, des plus badins aux plus graves sont abordés, le
plus souvent avec humour car le papy se révèle être particulièrement truculent,
épicurien et transgressif.
On
assiste presque à un numéro de dressage. Franck est un jeune coq rebelle et
rétif à toute forme d’autorité. Heureusement, il est doté d’une réelle
curiosité et d’un vrai respect pour son aïeul. Si les échanges sont vifs, ils
sont toujours emprunts de tendresse ; d’une tendresse qui n’apparaît qu’en
filigrane car, comme c’est souvent le cas, elle est souvent tempérée par cette
pudeur encombrante qu’ont la plupart des mecs.
Néanmoins,
le vieux coq va tenter de faire l’éducation du jeune.
Auteur et acteur de cette pièce, Franck Buirod possède un sens de l’observation très aiguisé. Son écriture est moderne, vive, elle ne s’embarrasse pas de fioritures. Il va à l’essentiel. Ses dialogues son drôles, percutants et agrémentés de formules qui font mouche. Il réussit le tour de force de traiter en une heure et quart d’une kyrielle de sujets forts et légers : les réseaux sociaux, la femme (quel bel éloge !), l’amour, la sexualité, la vie de couple, l’alcool, la drogue, la dépendance…
Bref,
le thème principal est la transmission. Denis va passer le témoin à Franck.
Cela ne se fera pas sans heurts, mais la sagesse l’emportera. Il est ici question
de l’héritage sous toutes ses formes. Les échanges sont cash, parfois crus,
parfois émouvants avec quelques judicieuses digressions un tantinet
métaphysiques (quel beau monologue du grand-père sur le temps qui passe !).
On est véritablement happé.
Enfin,
il faut insister sur la qualité de jeu des deux comédiens. C’est interprété
avec tellement de spontanéité et de naturel qu’on ne se sent pas au théâtre. Nous
sommes comme des petites souris témoins d’une longue discussion entre un
grand-père et son petit-fils. Rien n’est gratuit, tout est sensé. Nous sommes
dans la vraie vie.
Je
n’ai que deux minuscules objections à formuler : il y a une petit longueur
au début de la partie de pêche (on n’y mord pas tout de suite) et je trouve que
le titre, De 7 à 77 ans, est un peu
évasif. Il ne reflète pas vraiment la richesse et la profondeur de ce qui nous
est donné à voir et à entendre.
En
tout cas, aussi simple qu’efficace, elle mérite un franc(k) succès.
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