dimanche 28 avril 2019

Pierre Palmade "Dites à mon père que je suis célèbre"


Autobiographie écrite avec la collaboration d’Eric Libiot
Editions Harper Collins
202 pages + cahier photos
19,00 €

Sortie le 2 mai 2019

Présentation : C’est l’histoire d’un homme qui voulait être aimé par tout le monde.
Qui va être happé trop tôt par le show-business.
Qui va s’afficher tout sourire devant le public pour mieux se cacher dans les ombres de la nuit.
Qui va s’y brûler… pour suivre aujourd’hui un chemin plus serein…

Mon avis : Ce livre est à l’image de Pierre Palmade, il est d’une sincérité désarmante.
Sous-titrée « Ceci est mon histoire », cette autobiographie couvre cinquante ans de la vie de Pierre Palmade, de sa naissance, en 1968, à aujourd’hui. Il s’y livre avec une totale franchise. On sent, dès les premières lignes, que la rédaction de cet ouvrage était pour lui une nécessité impérieuse ; pour de multiples raisons. Même si l’on pouvait penser bien connaître l’artiste à travers une œuvre originale et foisonnante, et l’homme à travers ses confidences dans les médias et, surtout, à travers des agissements qui ont souvent défrayé la chronique.


Pierre Palmade coupe court à toute supputation. Tout au long de ces 200 pages, il balance. Il SE balance. Le moment était venu pour lui de se retrouver face à lui-même et de révéler au grand jour tout ce qui était « planqué sous la couverture ». Alors, il dit tout avec une honnêteté absolue. Il s’auto-analyse méticuleusement avec une volonté affirmée de « transparence » qui aurait pu s’avérer destructrice si elle n’avait pas été tempérée par la première de ses dispositions naturelles, « l’autodérision ». Il n’élude rien.

Pendant trente ans, en gros de 20 à 50 ans, Pierre Palmade, « mégalo de naissance », s’est construit un personnage paradoxal et ambigu. Mélange de candeur et d’orgueil, de force et de vulnérabilité, de partage et de suffisance, mais d’une lucidité impressionnante. Pour synthétiser, son accomplissement personnel a été en permanence altéré par trois problèmes essentiels de gestion : la gestion de la célébrité, la gestion de son homosexualité, et la gestion de la mort prématurée de son père. Rien que du lourd !

Précoce et hyperactif, doté d’un sens très aiguisé de l’observation, il a eu très tôt conscience de son talent hors norme et de sa capacité à faire rire. La plus imparable des armes de séduction. Il n’a jamais douté de lui et de sa réussite. Raison pour laquelle il a quitté Bordeaux, terrain de jeu trop étriqué pour lui, pour venir à la conquête de Paris, la ville aux 130 salles de théâtre et, surtout la ville où il pourra rencontrer ses deux idoles, Jacqueline Maillan et Sylvie Joly… Il n’aura guère le temps de douter car il rencontre coup sur coup Sylvie Joly, Muriel Robin et Chantal Ladesou et… le succès. C’est fulgurant.


Il s’étourdit, s’enivre de tout : de travail, de rencontres, d’alcool, de sexe et, enfin, de coke. Il côtoie les célébrités, il gagne de l’argent et il jouit d’une santé formidable. Il décrit tout cela à grands coups de révélations (« J’ai eu le melon entre 20 et 30 ans »), il n’a qu’une idée en tête, « faire la bringue ». Pendant 30 ans, il entretient une routine nocturne « lamentable » en se consacrant à ce qu’il appelle son « tiercé perdant : la baise, l’alcool, la drogue »... Dans ce livre où il se dévoile sans tabou, il pratique une sorte de naturisme confidentiel : ni cache-cœur, ni cache-sexe.

Dans ces confessions sans concessions, il aborde le meilleur et le pire. Le meilleur : « Je sais que j’ai du talent », « Je suis une entreprise de séduction », « Je suis un dandy », « Je suis très orgueilleux », « Je suis totalement midinette » (il dit par là qu’il a su garder sa capacité d’émerveillement), « Je n’ai pratiquement jamais connu l’échec »… Puis, sans complaisance aucune, il évoque ses addictions (qu’il résume à un laconique « quand je déconne » qui ouvre la porte à tous les excès) : « Ce poison (la coke) a gâché une grande partie de ma vie »… Aujourd’hui, à 50 ans, il est conscient d’avoir frôlé l’abîme : « Je suis un miraculé, un survivant ».

Et l’amour dans tout ça ? Il en parle. Il en parle énormément. Hélas, encore une fois, ce sentiment est phagocyté par le drame qui a conditionné son existence : la perte de son père quand il avait 8 ans. Depuis, il a peur en permanence de perdre l’être aimé. Il est incapable d’entretenir une relation durable et comme il craint d’être abandonné de nouveau, il préfère être celui qui quitte. Pas simple à gérer tout cela.


Je pense que la rédaction de ce livre était un passage obligé pour Pierre Palmade. En fait, il l’a écrit pour lui. Pour se mettre SA vérité en face. Ses ombres, ses lumières, ses muses, ses démons, ses succès, ses dérives, tout y est dûment consigné. Une chose est certaine : il se connaît parfaitement et il sait ce qu’il doit faire. Une phrase résume à elle seule où il en est psychologiquement aujourd’hui : « Je me sens mieux parce que j’assume de ne pas être normal »… 
Assurément, Pierre Palmade est Trop. Trop doué, trop différent, trop boulimique, trop excessif, trop en demande, trop sûr de lui, trop vulnérable, trop agaçant, trop attachant…

Délibérément hors mode, « plus spirituel que comique », il est l’enfant brillant et turbulent qu’auraient pu adopter Sacha Guitry et Oscar Wilde. Mais il est avant tout unique… Personnellement, lorsque j’ai refermé ce livre lu d’une seule traite, touché par autant de sincérité, j’ai eu envie de l’aimer encore plus…

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