Grévin
10,
boulevard Montmartre
75009
Paris
Tel :
01 47 70 85 05
Métro :
Grands Boulevards
Tous les lundis, du 30 septembre au 28 octobre
Ecrit,
mis en scène et interprété par Nicolas Vitiello
Présentation :
Le 5 août 1912, à l’aube de la Première Guerre Mondiale, naît Henri Grouès dit
L’Abbé Pierre.
Comment
ce fils de bourgeois va, par sa foi, ses rencontres et ses révoltes contre la
misère, devenir une des figures les plus marquantes du 20ème siècle ?
Comment
cet homme a réussi à entraîner avec lui un pays, puis le monde entier dans son
combat pour la justice ?
A
travers une narration moderne et originale, portrait d’un homme au parcours
hors du commun, engagé, visionnaire et plein d’humour, porté par le destin.
Un
véritable message de paix et d’humanisme, un éveil des consciences !
Mon
avis :
Il était une Foi…
Pourtant
ce n’est pas un conte – ou alors un conte à frémir debout – que retrace devant
nous Nicolas Vitiello. C’est hélas le récit d’une accablante réalité. Réalité d’hier,
réalité d’aujourd’hui. Il fallait à l’abbé Pierre une foi sacrément chevillée
au corps pour consacrer toute sa vie à une inlassable croisade contre la misère
sous toutes ses formes…
Dès
les premières minutes, Nicolas Vitiello nous empoigne par le cœur. Et il ne
nous le lâchera plus. Il ne l’étreint pas, il ne nous le malaxe pas ; au
contraire, il nous le fait battre plus fort.
En
cette année 2019, qui marque le soixante dizième anniversaire de la création d’Emmaüs,
il apparaît ô combien nécessaire et urgent de rappeler que le combat qu’a mené
l’abbé Pierre est toujours d’une dramatique actualité… Pendant plus d’une
heure, c’est ce à quoi Nicolas Vitiello s’emploie.
Causes
toujours…
On
sent que le jeune homme, visiblement concerné, s’est totalement investi dans ce
spectacle. Il l’a écrit, l’a mis en scène et il l’interprète. Il a effectué
très intelligemment la synthèse du saint homme et de son action. Vibrant d’intensité,
il ne tombe jamais dans le pathos. Aucune leçon de morale dans son discours ;
et aucun prosélytisme non plus. L’abbé « Vitiello » Pierre fait systématiquement
passer l’humain avant le religieux. Ce qui est sacré chez lui, c’est le droit
de son prochain à vivre décemment.
Résistant
pendant la guerre, l’abbé Pierre restera un résistant toute sa vie. Porte-drapeau
d’une armée d’exclus, ayant toujours (hélas) une cause à défendre, il est inlassablement
reparti au front. Le mot qui revient le plus souvent dans sa bouche, c’est « combat ».
En perpétuelle révolte, il prône l’indignation à condition qu’elle soit « digne ».
Conscient d’être une voix que l’on entend, que l’on écoute (pas toujours) et
qui compte, il consacrera sa vie entière au service des autres.
Ce
spectacle est une œuvre utile. Grâce au jeu simple et naturel de Nicolas
Vitiello, on suit le parcours de l’abbé Pierre avec une attention qui ne
faiblit jamais. S’il stigmatise et dénonce les dysfonctionnements de notre société,
sa colère n’est jamais agressive. Malgré l’urgence de ses objectifs, il sait
prendre du recul ; si bien qu’il se permet de glisser malicieusement ça et
là quelques traits d’humour. Grâce à ce ton, à ces ruptures et à une mise en
scène astucieuse on est tout le temps captivé. Le récit, habilement rythmé, est
truffé d’anecdotes, de name dropping (Mitterrand, Kouchner, Eisenhower et,
surtout, Chaplin…), illustré par des projections d’images d’époque et des
enregistrements radiophoniques (comme le fameux appel du 1er février
1954).
Dès
qu’il coiffe le béret et endosse la célèbre pélerine, Nicolas Vitiello est
métamorphosé. Il devient l’abbé Pierre. Et sa parole prend alors toute sa
résonnance. On assiste en direct à un véritable dédoublement de personnalité. On
réalise alors combien le charisme, la conviction, la ténacité et la force de persuasion
de l’abbé pouvaient séduire et émouvoir ses interlocuteurs, quel que soit leur
rang.
Il
faut saluer la performance de Nicolas Vitiello. Mais lorsqu’on le félicite pour
son travail, il réagit en parfaite symbiose avec son modèle : avec une
réelle humilité.
Gilbert
« Critikator » Jouin
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