Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 35 32 31
Métro : Edgard Quinet /
Gaîté
Une pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène par Pascal Faber
Lumière de Sébastien Lanoue
Avec Eric-Emmanuel Schmitt et
Nicolas Stavy (piano)
Présentation : Madame
Pylinska, aussi accueillante qu’un buisson de ronces, impose une méthode excentrique
pour jouer du piano : se coucher sous l’instrument, faire des ronds dans l’eau,
écouter le silence, faire lentement l’amour… Au fil de ses cours, de surprise
en surprise, le jeune Eric apprend plus que la musique. Il apprend la vie.
Une fable tendre et comique, garnie
de chats snobs, d’araignées mélomanes, d’une tante adorée, et surtout de
mélodies de Chopin. Les grands compositeurs ne sont pas que des compositeurs,
mais des guides spirituels qui nous aident en nous apprennent à vivre…
Mon avis : Si vous aimez
ET les mots ET la musique, Madame Pylinska et le secret de Chopin va
vous emmener au ciel… Personnellement, j’ai passé au théâtre Rive Gauche une
délicieuse soirée. Et quand je dis « délicieux », c’est un euphémisme
tant mon plaisir a été total.
Non content d’être un remarquable
auteur, Eric-Emmanuel Schmitt est un formidable conteur doublé d’un comédien épatant.
Après un « prélude » plein d’humour, il nous embarque dans une
histoire intime qui va nous tenir en haleine pendant deux heures. C’est
passionnant. Le vocabulaire est d’une richesse et d’une précision rares. Sur le
plan descriptif, les images et les métaphores abondent ce qui nous permet de nous
projeter et de tout visualiser. Chaque décor est planté, chaque situation est
illustrée, le moindre sentiment est traduit… On a l’impression qu’Eric-Emmanuel
Schmitt nous prend chacun par la main pour nous emmener en sa chaleureuse
compagnie dans son voyage initiatique. On ne peut pas être au plus près de son
cheminement.
Le petit Eric-Emmanuel a 10 ans.
Le piano qui trône chez lui n’est qu’un meuble pour lequel il ressent une certaine
hostilité car il est l’instrument involontaire d’un massacre musical perpétré par
sa sœur. Son rejet est total. Jusqu’au jour où intervient la Tante Aimée. Elle
s’installe devant l’objet de son aversion, l’ouvre respectueusement, pose ses
doigts sur le clavier et se met à jouer… du Chopin. En quelques secondes le
garçonnet est foudroyé par la Révélation… Dès lors, en parallèle avec ses
études, il va consacrer sa jeunesse à tenter d’apprivoiser et d’interpréter au
mieux l’inaccessible Frédéric.
Si la tant aimée Tante Aimée a
été l’initiatrice c’est une autre femme qui va prendre le relais, la fantasque
Madame Pylinska, une Polonaise (tiens, tiens !) particulièrement radicale
et haute en couleurs qui revendique être une « monothéiste ». Son
seul Dieu, c’est Chopin. Seuls, mais à l’échelon inférieur, Bach et Mozart
trouvent grâce à ses yeux.
Eric-Emmanuel Schmitt incarne les
trois rôles : lui, Tante Aimée et Madame Pylinska… Un accessoire - un
éventail pour Aimée, une étole pour la professeure - lui suffisent pour nous
indiquer qui est en scène. En plus, pour Madame Pylinska, il adopte un
savoureux accent d’Europe centrale. Pour illustrer les différentes situations
et pour ponctuer ses évolutions psychologique et musicale, il convoque Nicolas
Stavy, un époustouflant soliste qui possède son Chopin sur le bout de ses longs
doigts agiles et délicats. Quel bonheur !
Dans ce spectacle, les mots nous
portent et les notes nous transportent. Il est impossible de dissocier le
récitant et le musicien tant ils sont en symbiose.
La partition écrite par
Eric-Emmanuel Schmitt présente, comme l’œuvre de Chopin, toute une succession
de climats différents. Si on rit beaucoup et souvent, s’il y a de la légèreté,
il y a aussi des pages de mélancolie, des plages de tendresse et des mouvements
de révolte. Difficile d’être plus exhaustif.
Photo : Fabienne Rappeneau |
Finalement, à travers celui de
Chopin, c’est son propre secret qu’Eric-Emmanuel Schmitt nous livre. Comment,
grâce aux conseils et aux suggestions de Madame Pylinska qui, fine mouche,
avait pressenti que sa destinée serait littéraire plus que musicale, il a
trouvé sa voie. C’est elle qui, de manière subliminale, l’a guidé vers sa
vocation.
J’ai passé au Rive Gauche une
soirée idyllique. J’étais comme un enfant à qui on raconte une histoire emplie
de personnages et d’objets pittoresques ; une histoire magnifiée par les
notes de Chopin.
Bref, captivé par l’histoire et
enchanté par la musique, j’ai passé avec Madame Pylinska et le secret de
Chopin, une de mes plus aimables (dans le sens littéral du terme) soirées
théâtrales. Lorsque les lumières se sont rallumées, la salle n’était qu’un
immense sourire de bonheur…
Gilbert « Critikator »
Jouin
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