samedi 7 septembre 2019

Panayotis "Presque"


Le Point Virgule
7, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie
75004 Paris
Tel : 01 42 78 67 03
Métro : Hôtel de Ville

Seul en scène écrit par Payanotis Pascot
Mis en scène par Fary

Présentation : « Avoue, je suis stylé sur l’affiche. Conquérant sur ma barque, sûr de moi, petite moue genre mec nonchalant et tout…
Alors qu’en vrai la barque était tellement petite que j’étais à deux doigts de tomber dans l’eau vaseuse, l’étiquette du costume me grattait et la photographe me criait dessus en allemand comme si j’étais un animal de cirque en fin de carrière…
On fait tout ça face aux autres, comme si on contrôlait ce qui se passe.
Alors que moi j’arrive pas à contrôler grand-chose. Les seuls trucs que je gère à peu près, c’est mon spectacle et les omelettes… »

Mon avis : En fait, dans sa déclaration liminaire émise ci-dessus, Panayotis nous livre déjà quelques éléments de sa personnalité comme la différence entre l’image et la réalité, la posture et le moi profond ou son incapacité à contrôler quoi que ce soit…

J’avais assisté à son tout premier show case en avril 2018… Hier soir, j’ai eu du mal à reconnaître le post ado hésitant, un peu emprunté avec son corps qui débitait son texte sur un ton parfois monocorde. C’étaient ses tout débuts. Près de dix-huit mois plus tard, j’ai découvert sur la scène du Point Virgule un jeune homme très à l’aise dans l’exercice du one man show. Les cheveux et la barbe ont poussé ; le regard, dans lequel on peut lire son plaisir d’être face au public, est assuré ; sa maîtrise du ton, du débit, des silences, est totale ; mais surtout, il se révèle être un excellent comédien.


En revanche, j’ai retrouvé tout ce que j’avais aimé lors de son show case. D’abord son sourire. Absolument craquant. Plus que du charisme, Panayotis possède un charme irrésistible. Son petit côté Johnny Depp ne devrait pas tarder à attirer les réalisateurs de cinéma. Et puis, si la forme est désormais acquise, c’est le fonds de ses propos qui m’a plu.
Son spectacle ne ressemble à aucun autre. S’il est original, c’est tout simplement parce que Panayotis ne fait que parler de lui. Il se livre à nous sans détours. Très vite, il casse son image en exprimant sa difficulté chronique à montrer l’être humain qu’il rêve de devenir. Tout est contenu dans le titre – explicite – de son spectacle : « Presque »…


Panayotis est presque un séducteur, il arrive presque à embrasser la fille qu’il aime, il parvient presque à dire ce qu’il pense, il a presque coupé le cordon ombilical avec sa mère, il a presque tué le père… Il essaie de grandir avec ou malgré sa grande vulnérabilité et son incapacité à montrer ses sentiments (merci papa). Pour se protéger, pour donner le change, il a trouvé un subterfuge : presque malgré lui, mais il en est conscient, il se complaît à sortir des blagues, de préférence trash, plutôt que de dévoiler ses inclinations et, plus encore, son amour.

Très lucide, il se connaît parfaitement. A 21 ans, il sent qu’à force d’introspection, il est parvenu à devenir « presque lui ». En tout cas, ce spectacle, indéniablement thérapeutique, va certainement contribuer à le gommer bientôt ce « presque » et à l’éradiquer. En attendant, il nous reste un seul en scène très personnel, atypique, joliment interprété par une jeune homme plus que prometteur que sa fragilité et ses doutes, complètement assumés, rendent terriblement attachant... et drôle.
Quand on voit la complicité qui le lie à son public, on peut affirmer que Panayotis est déjà presque une vedette. En tout cas, le plus dur du chemin est presque accompli...

Gilbert « Critikator » Jouin

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