mardi 5 novembre 2019

Aymeric Lompret "Tant pis"


Le Point Virgule
7, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie
75004 Paris
Tel : 01 42 78 67 03
Métro : Hôtel de Ville

Seul en scène écrit par Aymeric Lompret et Pierre-Emmanuel Barré
Mis en scène par Loïc Castiau

Présentation : Après avoir redoublé sa première, passé le permis en quatre fois, se l’être fait retirer pour usage de stupéfiants, Aymeric décide d’intégrer HEC mais abandonne au cours de la classe préparatoire, « trop dur », selon lui.
Il décide alors de devenir une star et joue le tout pour le tout en s’inscrivant à « On n’demande qu’à en rire ». Dans un éclair de lucidité, il abandonne avant d’être quand même éliminé par le jury.
Libéré des contraintes du showbiz, il se lance dans l’écriture de son premier spectacle, « L’incompris ». Suite à un accueil mitigé du public, il en écrit un deuxième et tente aujourd’hui de conjurer le sort avec son troisième spectacle, « Tant pis ».
« La pire erreur n’est pas dans l’échec, mais dans l’incapacité de dominer l’échec » (Aymeric Lompret et François Mitterrand).

Mon avis : Lorsque j’ai découvert l’affiche de « Tant pis », le nouveau seul en scène d’Aymeric Lompret, je me suis dit que c’était le premier artiste que je voyais prendre un bide avant même de jouer son spectacle !
Ce profil peu avantageux peut être interprété de plusieurs façons. Soit il est prémonitoire ; soit c’est pour conjurer le mauvais sort ; soit, plus simplement, pour nous annoncer qu’il n’a rien à cacher et que son one man show va être une mise à nu tant physiquement que psychologiquement… Maintenant que j’ai vu « Tant pis », j’estime que c’est un cocktail de ces trois hypothèses et qu’une des grandes qualités d’Aymeric Lompret est l’autodérision.


Aymeric rime avec « porc-épic ». Or, s’il a choisi cette bestiole pour totem, ce n’est pas anodin car ce rongeur a la dent acérée et il pique à tout-va. Comme Aymeric ! Dans ce spectacle, il y a deux fils rouges : ce fameux porc-épic donc et, à fréquence régulière, l’humoriste balance une volée de réflexions et d’interrogations métaphysiques d’autant plus saugrenues qu’on ne peut y apporter de réponse. Mais qui, néanmoins, donnent souvent à réfléchir.

Aymeric Lompret est cash, très cash. D’emblée, il nous conseille d’« entrer dans son délire ». De toute façon, on n’a pas le choix, il nous l’impose. Pendant plus d’une heure, il débite des horreurs à jet continu. Parfois désabusé, parfois révolté, ce narquois décoche des flèches qui, en plus d’être particulièrement aiguisées, sont le plus fréquemment empoisonnées. Très agité, sans cesse en mouvement, prenant des poses que j’ai rarement vues sur une scène, il dézingue tous azimuts. Politiquement incorrect, profondément misogyne, chroniquement provocant, viscéralement scato, spontanément cruel, il a fait de l’humour noir et féroce son terrain de prédilection. Un terrain qui n’a pas de limites.


Il ne faut donc pas être farouche pour se rendre au Point Virgule pour apprécier les délires ce sale gosse aux antipodes de la folie douce. Le Figaro l’a qualifié de « grossier », mais ça va au-delà. Il n’y a qu’un domaine qu’il nous épargne, ce sont les blagues de cul ; tout simplement parce que son cul lui-même est une blague !
Personnellement, mis à part quelques gestes que j’ai jugés un peu outranciers (donc superflus), j’ai véritablement été très amateur (dans le sens premier du terme) de ce spectacle corrosif et saignant et, il faut le souligner, remarquablement interprété.

Gilbert « Critikator » Jouin

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