vendredi 16 avril 2021


Conte Jouin n° 17

Accro aux romans et aux films noirs, je nourrissais une certaine tendresse pour les anti-héros...


Cafardnaüm

Je suis anxieux, là, dans le noir

Je suis groggy, j’ai peur, j’ai froid

J’ai peut-êtr’ bien trop bu ce soir

Mais au cafard j’étais en proie

 

Quand vers deux heures du matin

Je suis entré dans ce tripot

Plein de truands et de putains

J’aurais dû fair’ gaffe à ma peau

Au lieu de ça je m’ suis r’dressé

Et j’ai roulé des mécaniques

Au barman je m’ suis adressé

En commandant un gin tonic

« Je cherche quelqu’un, que j’y ai dit

Tu vas p’têtr’ m’aider à l’ trouver

Celui qu’ je cherche c’est l’oubli »

Et je m’ suis mis à rigoler

 

Dans la sall’ soudain silencieuse

Un escogriffe s’est levé

Il avait la mine soucieuse

J’ai continué de rigoler

« Ne t’approch’ pas, que j’y ai dit

J’ai comme une envie de tuer

A moins qu’ tu n’aim’ le rififi

Tu ferais mieux de te tirer »

Il m’a regardé tristement

D’autres truands s’étaient levés

« Ecoutez-moi, c’est simplement

Le temps que je voudrais tuer »


 Faisant fi de ma plaisant’rie

L’homme a sorti un cran d’arrêt

Et aussitôt s’en est servi

Pour couper l’électricité

Dans le noir je m’ suis cavalé

Je ne pensais qu’à me cacher

Je suis entré dans les WC

Mais l’homme m’avait rattrapé

Pris de panique j’ai vomi

Pour moi les carottes étaient cuites

« Je suis bourré, que j’y ai dit

Alors, tir’ mon vieux, mais fais vite »


Le regard du gars s’est glacé

Sa main serrait quequ’ chos’ de gros

Et puis soudain il a tiré

Il a tiré… la chasse d’eau

 

 

 

 

 


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