jeudi 15 mars 2007

L'emPIAFée


Comédie République
1, boulevard Saint-Martin
75003 Paris
Tel : 01 40 29 03 02
Métro : République

Ecrit et mis en scène par Rémy Caccia
Avec : Christelle Chollet et Jean-Louis Beydon

Le sujet : Un pianiste ensmokingué, très classe, attaque les premières notes de L'hymne à l'amour. Son envolée est interrompue par l'irruption volcanique d'une sorte de canari botté et casqué qui, façon livreur de pizzas, affirme qu'elle a été envoyée par sa boîte, "SOS Chanteuse", pour pallier le forfait de l'artiste qui devait assurer ce spectacle sur le répertoire d'Edith Piaf...
D'abord interloqué, Jean-Louis, le pianiste, doit se plier aux éxgigences de la "dépanneuse", d'autant que celle-ci doit ensuite honorer un remplacement de Dave au Bal des Pompiers !

Mon avis : Quel show !!! Si vous voulez passer une excellente soirée, précipitez-vous à la Comédie République. L'emPIAFée est un spectacle total qui réunit tous les ingrédients de la scène, à savoir la comédie, la musique, le chant, la danse (?), l'humour, l'émotion, le rythme. On passe de surprise en surprise, d'émerveillement en émerveillement. On est immédiatement pris à la gorge (déployée) par cette pigiste improvisée qui, sans aucun complexe ni état d'âme assure son boulot de chanteuse-dépanneuse.
On ne peut qu'employer les superlatifs. Christelle Chollet nous offre une composition proprement ahurissante. C'est une véritable pile électrique, bourrée d'énergie. Avec sa bonne bouille, son irrésistible sourire encadré de charmantes fossettes, les yeux sans cesse illuminés d'une kyrielle d'étoiles malicieuses, un sens inné du swing et une gouaille que n'aurait pas reniée son modèle, la Môme Moineau (elle, ce serait plutôt le Môme Canari), elle nous fait témoins de sa vie professionnelle et sentimentale.
Ce qui est très habile dans ce spectacle, c'est d'une part la façon dont les chansons d'Edith Piaf sont amenées (elles s'inscrivent dans le cours du vécu de Christelle) et, d'autre part, l'extraordinaire originalité des arrangements musicaux. On redécouvre les chansons de Piaf, pourtant gravées dans leur version originale dans le disque dur de notre mémoire, sous un angle et des couleurs totalement différents. Et là, il faut saluer l'incomparable talent de Jean-Louis Beydon. Virtuose absolu, ce Ronaldinho du piano est époustouflant d'aisance dans tous les registres musicaux. Aspiré par la folle énergie de sa chanteuse d'un soir, il doit adapter son jeu en fonction des diktats de la donzelle. Non je ne regrette rien devient un blues, Mon manège à moi, une samba, La Foule, un rap (un grand moment !), Milord est relooké façon "Cabaret" dans une ambiance digne de Broadway, avec chorégraphie, et tout, et tout... Mais il ne faut pas trop en dire pour ne pas déflorer tous les rebondissements et toutes les trouvailles de ce spectacle.
Pour terminer, il faut bien en revenir à cette pétulante EmPIAFée. Christelle Chollet est une artiste complète. Elle sait tout faire et tout faire passer. Petite poupée blonde, elle est d'une incroyable facilité vocale. Et encore, on sent qu'elle en garde sous la semelle de ses bottines blanches. Jouant, sans en abuser, de sa féminité, elle a l'art de mettre le public dans sa musette. Elle charme les mâles, se fait complice des femmes. Elle est tellement saine et naturelle qu'on n'a jamais l'impression qu'elle interprète quelque chose d'écrit. Ce spectacle est une absolue réussite ; un superbe hommage à Piaf doublé d'un hymne à l'humour. On peut lui prédire un bel avenir et une vie en rose car les (empia)fées se sont penchées sur son berceau.

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