mercredi 7 mars 2007
Romane Serda
Après la pluie
Après la pluie, le deuxième album de Romane Serda, s'inscrit parfaitement dans le prolongement du précédent. Comme son titre l'indique, il est a priori censé tendre vers le beau temps, vers le positif. Or, il ne faut pourtant pas le considérer uniquement par le gros bout de la lorgnette car cet opus contient quelques chansons-cumulus évocatrices de longues périodes de grisaille (T'étais pas là), ou annonciatrices d'orages (Pleure pas), de petite pluie fine(London, Glasgow, Dublin), de nuages plus légers et vaporeux (T'es où ?) et, hélas, rapporteuses de dévastateur tsunami affectif (Dylan)...
On l'aura compris, le ton général de cet album est le clair-obscur (définition du Petit Larousse : procédé consistant à moduler la lumière sur un fond d'ombre, de manière à suggérer le relief et la profondeur). Les chansons, plutôt lentes, s'incrivent dans un climat feutré. Bref, Romane Serda s'installe délibérément dans la famille des folksingers, façon Joan Baez ou, plus près de nous, Tracy Chapman. Elle est l'antithèse de la chanteuse à voix québécoise et, même si elle vient du Sud, elle ne le braille pas comme Chimène Badi. La jeune femme nous susurre directement dans l'oreille, sa voix délicatement éraillée nous chatouillant fort gréablement la trompe d'Eustache. Je l'avoue franchement : j'adore la voix de Romane. Une voix fragile de femme-enfant avec de délicieux petits décrochages qui n'appartiennent qu'à elle.
Un regard sur les crédits de cet album nous apprend qu'hormis deux apports mélodiques d'Alain Lanty et Peter Glenister, les chansons sont signées de Romane pour les musiques et d'un certain Renaud Séchan pour les textes. Les remerciements qui viennent en fin de livret, peu nombreux, donc immensément qualitatifs, se terminent par un vibrant et malicieux : "Merci enfin à mon Renaud, auteur, producteur, reproducteur et bien plus..."
Après la pluie est donc le résultat d'une collaboration on ne peut plus étroite et familiale. Quand on a sous la main un auteur comme Renaud, la barre est, dès le départ, placée très haut. Mais c'est en même temps une sacrée responsabilité car on vous attend au tournant, toute mignonnette blondinette que vous soyiez.
Venons-en donc à cet ouvrage intime et intimiste de cette "dream team".
On n'épiloguera pas sur l'écriture. Elle est celle d'un poête à la fois réaliste et impressionniste. Un texte comme Après la pluie, est tellement joliment descriptif qu'on dirait une rédaction d'école. Et j'ai beaucoup de tendresse pour celui de Nos différences, petite chronique d'une vie de couple qui témoigne - ce n'est pas nouveau - d'un sens très aigu de l'observation.
Cet album, très guitareux, appartient à la catégorie de ceux que l'on écoute. De préférence dans une ambiance tamisée. En voici mon hit-parade :
1/ T'étais pas là. Titre très personnel. L'abandon du père y est décrit sans amertume aucune, sans agressivité, avec même une forme de tendresse, comme le simple constat d'un vide et d'un inévitable manque.
2/ Tu ne me connais pas. C'est léger, tendre, généreux ; et interprété du bout du coeur.
3/ London, Glasgow, Dublin. Pour son petit côté gainsbourien. Portrait d'un bon nombre de gamines de 17 ans, un peu paumées, un peu révoltées, un peu grunge, un peu provoc', dont le seul refuge et le seul moyen d'expulser leur mal-être est la musique.
4/ Nos différences. Chaque couple qui écoute cette chanson peut l'adapter et la transposer à sa propre vie...
Voilà. Cet album possède le charme indéfinissable d'un bonbon acidulé. C'est doux, tout doux. Trop doux ? Je pense qu'il y a un parti pris d'homogénéité de climat. La voix, très devant, permet de bien profiter des textes ciselés par un orfèvre amoureux de son plus beau bijou. Il s'est appliqué le bougre ! Maintenant, cet album pêche peu ou prou par certaines mélodies un tantinet faiblardes, peut-être parce qu'épurées à l'extrême (Aller au Sud, Nuit blanche, Pleure pas, Balade avec toi). A vous de juger...
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1 commentaire:
je désirerais avoir la partition de "aller au sud" de Romane Serda et Renaud, ainsi que celle de "nos différences". merci
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