mercredi 18 septembre 2013

Mon beau-père est une princesse

Théâtre du Palais-Royal
38, rue Montpensier
75001 Paris
Tel : 01 42 97 40 00
Métro : Palais-Royal /Bourse / Pyramides

Une pièce de Didier Bénureau
Mise en scène par Didier Bénureau et Catherine Hosmalin
Décor de Bernard Fau
Lumières d’Orazio Trotta
Costumes de Pascal Bourdet
Musique de Julie Darnal
Avec Michel Aumont (Michel), Claire Nadeau (Micheline), Didier Bénureau (Rémi), Gaëlle Lebert (Aude)

L’histoire : Aude et Rémi ont invité Michel et Micheline, les parents d’Aude, à passer un week-end dans le Cantal. Michel, chef d’entreprise, s’est enfin résolu à prendre sa retraite, mais son inactivité l’angoisse. Micheline se plaint de son épouvantable humeur. Aude veut profiter de ce séjour pour apprendre à son papa chéri à se détendre par la relaxation. Cette première soirée s’annonce joyeuse. On parle politique, on plaisante… Lorsque Rémi annonce à son beau-père qu’il a l’impression d’être amoureux de lui…

Mon avis : Voici plus de vingt ans que je suis Didier Bénureau. J’ai vu ses cinq one man shows et également dans Brèves de comptoir et dans la pièce Les Amis du placard. C’est dire si j’apprécie ce garçon, sa folie, son jeu, son culot. Tout, quoi ! Inconditionnel je suis… Aussi étais-je avide de découvrir la première pièce qu’il ait écrite, une pièce au titre aussi énigmatique que saugrenu : Mon beau-père est une princesse. En plus, pour une princesse, en toute logique, il ne pouvait exister de cadre plus idéal qu’un Palais Royal… Enfin, la présence à l’affiche de Michel Aumont et de Claire Nadeau était on ne peut plus alléchante.

Décor sympa. Un ancien corps de ferme aménagé, une immense baie vitrée offrant une superbe vue sur les monts du Cantal, bref, une pièce à vivre qui eut l’heur de plaire immédiatement à Micheline (Claire Nadeau) invitée avec son mari Michel chez leur fille et leur gendre.
Rapidement, les caractères sont précisés. Micheline est gentiment évaporée, très cool, elle n’est apparemment pas compliquée à vivre. Aude (Gaëlle Lebert), sa fille, est débordante de vitalité ; férue de psychologie, elle a tendance à vouloir tout analyser, tout intellectualiser… Et puis il y a les hommes. Il paraît tout de suite évident qu’ils vont être les deux pivots de l’histoire (c’est annoncé dans le titre). Michel (Michel Aumont) est un bougon chronique, limite asocial, qui n’hésite pas à employer un langage assez vert pour définir des congénères pour lesquels il n’a aucune estime… Quant à Rémi (Didier Bénureau), il est transi d’admiration pour cet ancien chef d’entreprise tout jeune retraité. Il le trouve viril, cultivé, autoritaire. Il est pour lui l’image de la réussite. Si bien qu’il se montre très flatteur à son égard, limite obséquieux, ce qui donne lieu à quelques jolies scènes de comédie.


On comprend très vite que la pièce va reposer sur ce jeu du chat et de la souris entre le gendre et le beau-père. Le premier tiers est plutôt convaincant. Rémi se livre à une sorte de vol du bourdon autour de l’élu de son cœur lequel, interloqué et horrifié, ne songe qu’à le repousser. Les arguments développés avec la plus grande sincérité par Rémi sont cohérents et l’attitude de Michel complètement logique.

Au début du deuxième tiers, j’ai brutalement dévissé. Je n’ai pas du tout compris le revirement de Michel. Sa soudaine métamorphose, sa docilité, ne correspondaient plus du tout à l’image qu’il avait donné jusque là. Même si Rémi avait su déployer une incessante force de persuasion, il n’y avait aucune raison pour que le solide papillon se transforme ainsi en libellule. Ce manque de crédibilité m’a considérablement indisposé. Dès lors, et jusqu’à la fin, les tribulations des quatre personnages ne m’ont arraché que quelques sourires (Claire Nadeau en particulier). Je n’y croyais plus.


Et pourtant la pièce est bien écrite, remarquablement interprétée. Bénureau est excellent en soupirant véhément et virevoltant. Michel Aumont s’en donne visiblement à cœur joie dans ce rôle. Claire Nadeau fait du Claire Nadeau, donc c’est réellement plaisant. Et Gaëlle Lebert déploie une belle énergie.
Et bien, en dépit de tous ces ingrédients, la mayonnaise ne prend pas. Au début, il y a pas mal de vinaigre, mais elle s’affadit inexorablement à l’approche de ce foutu deuxième tiers. Bénureau, l’auteur, avait pourtant trouvé là un superbe sujet, original, provocateur, mais il n’a pas su, à mon avis, construire la passerelle entre répulsion et acceptation de la part de Michel. Sa mue est bien trop brutale et incompréhensible.


On ne s’ennuie pas parce que les acteurs sont vraiment bons, on sourit relativement souvent, on ne rit pratiquement jamais. Même en en acceptant le postulat, on n’arrive pas à rentrer dans ce scénario… Ça n’enlève rien à l’immense talent de Didier Bénureau, mais sa pièce n’a pas correspondu à l’attente que j’en avais. On est bien plus exigent avec ceux que l’on admire.

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