Théâtre de la Porte Saint-Martin
18, boulevard Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 00 32
Métro : Strasbourg Saint-Denis
One woman show écrit et mis en scène par Muriel Robin
Assistée de Clara Guipont
Lumières de Xavier Maingon
Le spectacle :
On en rêvant depuis huit ans, Muriel l’a fait. Robin revient. On retrouve sur
scène celle qu’on a connue, celle qui nous a fait rire avec les choses de la
vie. On la reconnaît : ses yeux noirs ronds comme des billes, de petite
fille qu’elle n’a jamais été. Muriel Robin revient de loin. Tout a changé. Elle
a changé. La silhouette et la femme dedans. Elle est prête. Et toujours aussi
drôle. Nouvelle Muriel, nouveau spectacle où se trame l’histoire de sa vie qui
est un peu la nôtre…
Mon avis : Robin revient ! Plus qu’un retour,
c’est une re-naissance. 2005-2013… Huit ans qu’elle ne s’était pas produite sur
une scène. Certes on avait pu la voir, mais c’était en duo (Fugueuses avec Line Renaud en 2008 et Les diablogues avec Annie Grégorio en
2009). Elle avait sans doute besoin de jouer, mais avec des béquilles pour
conserver l’équilibre. Seule, elle n’aurait pas tenu debout. Ce n’est pas un
hasard si son dernier one woman show s’intitulait Au secours !. L’appel était réel. Le désarroi était profond. Elle
aurait pu également baptiser son spectacle « Attention, fragile ». Pour
elle, plus viscéralement que chez d’autres, l’humour est véritablement la
politesse du désespoir. Et elle est très polie Muriel. Trop pudique aussi.
Robin revient !
Elle n’a pas huit ans de plus, mais huit ans de moins. Robin de jouvence…
Radieuse, épanouie, bien dans son corps et dans sa tête. Dans son cœur aussi.
Pourquoi éprouve-t-elle ce besoin de clamer son retour à grand renfort de « Tsoin-tsoin » ?
Envie de rassurer certainement. Rassurer son entourage, rassurer son public, se
rassurer elle-même aussi. Alors, dès son entrée en scène, entourée de voiles
noirs, elle s’explique sur ce foutu tunnel. Un tunnel néanmoins éclairci par
deux lucarnes télévisuelles : Marie
Besnard et Mourir d’aimer ;
deux histoires sombres et dramatiques qui correspondaient parfaitement à son
état d’esprit de l’époque. Mais deux succès aussi qui permettaient de franchir
à gué, non pas huit, mais « sept années de dépression ». Elles les a comptées.
Robin revient !
Elle revient pour raconter sa vie. Essentiellement son enfance, sa jeunesse et
ses débuts dans le métier qu’elle s’est choisi. Une drôle d’autobiografille pas
si marrante que ça. Mais elle la raconte avec son regard aujourd’hui distancié
et un sens de l’humour salvateur. Muriel a mis huit ans – sans doute plus
encore – pour atteindre et briser son oppressant plafond de verre.
Je ne raconterai pas son seule en scène. Elle le fait très
bien elle-même. Robin revient en présentant une autre forme de spectacle. Les sketchs
sont mis de côté pour un instant au profit d’une sorte de stand-up dans lequel
il y a plus du Muriel, du « Mumu » même, que du Robin. Elle se livre
avec une franchise totale. Y compris dans les relations les plus intimes. Elle
nous aide à comprendre comment elle a été déconstruite. Elle évoque ses
questionnements, ses complexes, ses angoisses. Mais elle ne tombe jamais dans
le pathos parce qu’elle le fait à la Robin, avec cette force comique qui n’appartient
qu’à elle, ses intonations si personnelles, cette gestuelle unique.
Vous l’aurez compris, Robin
revient n’est pas un spectacle où l’on se tape sur les cuisses. Le rire
vient plutôt du cœur. C’est le mot : on rit de bon cœur. On rit parce qu’elle
a envie de nous faire rire avec ses mésaventures. Et puis elle a ce talent de
savoir distiller l’émotion sans appuyer le trait, avec une forme de bienveillance
régénératrice. Et nous, on est en totale connivence avec elle. Je pense qu’avec
se spectacle Muriel, qui a toujours eu faim d’amour, va être rassasiée.
Muriel outragée ! Muriel brisée ! Muriel
martyrisée ! Mais Muriel libérée !!! Libérée de sept ans d’occupation
d’une sale maladie.
Et, à la fin, image on ne peut plus symbolique, les voiles
noirs se décrochent et tombent sur la scène.
La salle est debout. La ferveur enfle et envahit la scène.
Muriel essuie furtivement quelques perles de joie. On pense au bonheur de Brel
avec sa Mathilde : « Muriel est revenue ! »
Gilbert "Critikator" Jouin
Gilbert "Critikator" Jouin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire