Sentier des Halles
50, rue d’Aboukir
75002 Paris
Tel : 0892 68 36 22
Métro : Sentier
Prochaines dates :
20 novembre / 18 décembre
Mon avis : Une belle découverte hier soir au Sentier
des Halles avec le tour de chant d’Alexiane Broque. Cette jolie brunette de 21
ans au large sourire inscrit dans une parenthèse de fossettes, dégage déjà une
sacrée personnalité, un caractère visiblement trempé et un tempérament de feu.
Entourée de quatre musiciens complices (basse, batterie, guitare, clavier),
elle est très à l’aise sur scène et d’autant plus convaincante qu’elle chante
ses propres chansons. En plus, elle fait un peu ce qu’elle veut avec sa voix ce
qui l’autorise à des variations de registre très larges en fonction des thèmes
abordés et de mélodies parfois déstructurées.
Alexiane Broque est une fille qui chante des chansons de
fille. De fille parce qu’elle vit les problèmes et les états d’âme inhérents à
son sexe ; et de fille aussi dans le sens filial du terme quand elle
exprime sa vision du monde des adultes.
Alexiane est fragile mais pas vulnérable car elle possède à
la fois une extrême lucidité et un sens de l’humour très développé, je dirais
même chronique. Ce qui est salvateur et apporte un certain recul sur les
choses. Surtout quand elle parle d’amour et qu’elle évoque les relations avec
les mecs.
Son récital commence d’ailleurs par une chanson très
ironique dans laquelle elle casse une espèce de lourdaud (un ex ?) en
parodiant Marquise le poème de Thomas
Corneille mis en musique par Georges Brassens ; son « Je suis jeune
et belle et je t’emmerde » rejoint en effet le « J’ai 26 ans mon
vieux Corneille et je t’emmerde en attendant » … Comme quoi il y a
une vraie pérennité chez les drôlesses !
Alexiane alterne habilement les chansons toniques, les mid
tempo et les ballades. Personnellement, c’est dans ce dernier registre que je
la préfère. D’abord parce que l’on profite pleinement des textes et que la
douceur, voire la mélancolie, lui vont bien. Le seul regret que j’ai eu avec
les chansons plus rock, c’est que les paroles étaient souvent couvertes par la
musique. Je crains par exemple d’être passé à coté d’un petit bijou apparemment
intitulé Mylène, dans lequel il est question de chaussettes dont les tribulations étaient hélas noyées dans les décibels.
Mes quatre chansons préférées sont J’aime pas les filles (ça commence piano-voix pour exposer les
rivalités entre filles pour exploser en un cri du cœur. La ballade se mue soudain
en un tango musclé du meilleur effet, la voix se fait ténue. C’est superbe). J’disais pas (très beau texte empreint
de mélancolie dans lequel il est question de « se taire pour ne pas crier »,
où la haine peut être un moteur pour avancer et où elle exprime son dégoût pour
un certain monde. C’est fort, très fort). J’ai été également très touché par
cette comptine qui parle d’une fillette ou d’une ado perturbée et traumatisée
par la mésentente de ses parents, qui ne sait pas où est sa place et qui, par
souci de protection, refuse de grandir et d’intégrer le monde des adultes pour
ne pas vivre les mêmes conflits qu’eux. Autobiographique ? Même si ce n’est
pas le cas il reste une analyse profonde remarquablement écrite). Et puis j’ai
apprécié cette chanson qui est une sorte d’hymne véhément à la volonté. Il faut
se bouger, croire en soi et les choses viendront d’elles mêmes si on va les
chercher)
L’intégralité du tour de chant tient remarquablement la
route. Alexiane adopte une gestuelle sobre. Chez elle, tout est dans le regard,
dans les sourires et, surtout, dans l’interprétation. Comme elle n’a pas de
souci avec sa voix, elle peut vivre ses chansons à fond. Et nous emmener avec
elle dans un univers qui lui est très personnel. Très conviviale, faisant
preuve d’un métier déjà affirmé, elle établit d’emblée une communication
chaleureuse avec le public…
Alexiane Broque… Retenez ce nom.
Gilbert "Critikator" Jouin
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