Polydor/Universal
Au bout de deux écoutes attentives, j’ai été vraiment charmé
par cet album qui nous creuse un Sillon
pernicieux au cœur et à l’âme. AuDen nous livre un opus homogène, folkeux à
ravir. Il nous prend en douceur. On écoute ses chansons comme on siroterait de l’hydromel
en se laissant peu à peu envelopper par des vapeurs enivrantes.
Cet album, c’est un climat. Il nous incite à quitter un
confortable salon cosy pour aller se balader sur la lande bretonne. Le ciel est
gris-bleu, les genêts se courbent mollement sous la caresse d’une douce brise,
la mer est à peine agitée, comme alanguie, attirante et mystérieuse…
La voix est douce, la musique est douce, les éléments ne
sont pas hostiles, plutôt bienveillants. AuDen s’affirme comme un chantre de la
mélancolie ? En tout cas, il y a longtemps que je n’avais pas lu des
textes aussi empreints de poésie. Belle, très belle plume, le garçon !
La première chanson de l’album, Azur éther, est pour moi le titre-étalon. Il préfigure parfaitement
l’ambiance générale, il donne le ton et, tout de suite, entêtant, lancinant, il
nous intrigue. AuDen a l’obsession du temps ; du temps qu’il fait, du
temps qui passe. Le mot revient souvent dans ses textes. On ne peut pas dire qu’il
soit très jovial. Il apparaît un tantinet désabusé (Les printemps), il est encombré de questionnements quasi
métaphysiques, du genre « qui sommes-nous ? », « Où
allons-nous ? » (Ici ou là, Etourdi)…
Est-il viscéralement discret, voire secret ? Est-il véritablement
modeste ? On peut le croire. On ressent comme une crainte d’être percé, d’être
mis à jour. Il est l’anti-narcisse même. Dans Le bout de tout, il s’auto-flagelle carrément : « Je ne
suis rien du tout » et a-t-il vraiment réalisé que dans « terminus »,
il y a « minus »… Je ne pense pas qu’il aille jusque là. Quoi que…
Dans la chanson suivante, Douces vapeurs,
il en remet une couche, cherchant à s’oublier et à se faire oublier… Il est
tout le contraire d’un fier-à-bras, d’un matamore. Ce qui doit diablement
plaire aux jeunes filles. D’autant que dans Tes
détresses, il se montre particulièrement attentif et secourable devant le
mal-être d’une jeune femme. A la limite de l’aveu d’impuissance, il est
touchant dans sa tentative de percer le mystère féminin… Il y a là de quoi lui
donner de la matière pour les albums à venir !
J’ai bien aimé suivre le Sillon
d’Auden. Il a le soc élégant, respectueux. Il y sème délicatement des petites
graines qui éclosent en chansons diaphanes, éthérées aux tons pastel. Ça nous
change du désordre ambiant. Un peu de douceur dans ce monde de brutes, ça ne
fait pas de mal.
Voici, dans l’ordre préférentiel, mon petit hit-parade :
-
1/ Aller
sans retour
-
2/ Azur
éther
-
3/ Le bout
de tout
-
4/ Pour
mieux s’unir
-
5/ Ici ou
là
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