L’Archipel
17, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tel : 01 48 00 04 05
Métro : Strasbourg Saint-Denis
Jusqu’au 12 avril
Cette pièce sera jouée à Avignon en juillet. Théâtre du Roi René à 18 h 15.
Cette pièce sera jouée à Avignon en juillet. Théâtre du Roi René à 18 h 15.
Une pièce de Jean Barbier
Mise en scène par Idriss Saint-Martin
Décors d’Olivier Prost
Lumières de Jean-Luc Piro
Costumes de Maryvonne Hamida
Avec Diane de Segonzac (la vieille dame), Christophe Poulain
(Red Douglas), Julien Tortora (Jeff), Sabine Perraud (Liz Douglas), Jacques
Chailleux (John)
L’histoire :
Années 70, dans une petite ville tranquille des Etats-Unis. Deux hommes que
tout oppose vont, par goût du risque et pour l’appât du gain, cambrioler une
pauvre vieille femme. Mais la situation tourne mal… Ils vont commettre
l’irréparable. Seul l’un d’entre eux sera arrêté et jugé… A sa sortie de
prison, il part à la recherche de son ex-associé…
Mon avis :
C’est un crève-cœur que cette pièce doive s’arrêter le 12 avril… Sincèrement,
j’ai été happé par cette histoire sombre, par ce sordide fait divers qui aurait
pu s’inspirer de la réalité tant il est crédible et tant sa logique est implacable.
C’est simple, à un moment du début, je lui ai trouvé un véritable cousinage
avec Orange Mécanique ;
Christophe Poulain, dans le rôle de Ted, n’étant pas loin de se comporter comme
Alex le personnage interprété dans le film de Kubrick par Malcolm McDowell.
C’est là un véritable compliment tant ce garçon réussit à distiller une
inquiétante violence gratuite et à y montrer un plaisir sadique. Il fout
vraiment la trouille, c’est un grand détraqué, incontrôlable et
hyper-dangereux.
L’habileté de l’auteur est de lui avoir adjoint un complice qui
lui est diamétralement opposé. Quand Ted fait partie de ce qu’on appelait à l’époque
les « blousons dorés », Jeff lui est un authentique blouson noir, un
voyou venu de la rue, un héritier de ces bandes nées au milieu des années 50 qu’un
film comme La Fureur de vivre a
immortalisées. Julien Tortora a ce look. On le croirait sorti tout droit de la
bande des Sharks, ces latino-américains de West
Side Story. Autant Ted est un adepte de la violence, autant Fred préfère agir
en douceur. Ils forment un binôme façon « flic gentil » et « flic
méchant ». Mais leur finalité est commune : partir avec les économies
de la vieille dame.
Pendant toute la première moitié de la pièce, on est sous
tension. On prend fait et cause pour la vieille dame, on a peur pour elle.
Surtout qu’elle ne veut rien lâcher. Cette petite dame fragile est d’un courage
hallucinant. Mais, à l’instar de la Chèvre de Monsieur Seguin, son opiniâtreté
risque de ne pas être suffisante, surtout face à un barjot comme Ted… Les
scènes qui se déroulent dans l’appartement de la vieille dame sont dures,
âpres, sans concession. Elles sont absolument nécessaires pour nous faire
comprendre les profils psychologiques des deux principaux protagonistes et
préparer ainsi le terrain à la deuxième partie.
La sanction est une pièce bien construite. Elle aurait pu
être malsaine, elle est uniquement machiavélique. Et, surtout, elle est
remarquablement interprétée. D’abord par le duo Poulain/Tortora. Ils sont en
tous points excellents. C’est d’autant plus méritoire qu’ils incarnent des
personnages qui doivent faire appel à un registre de jeu très étendu. Ils sont
vraiment parfaits.
Une mention particulière aussi pour la prestation de Diane
de Segonzac dans le rôle hyper délicat de la vieille dame, un rôle dans lequel
elle doit subir toutes sortes de violences morales et physiques, au cours
desquelles il lui arrive, grâce à Jeff, de connaître quelques petits moments d’espoir.
Un beau, très beau personnage.
Grand amateur de polars, j’ai aimé La Sanction pour son climat, pour la justesse de ses personnages et
pour leur jeu réellement habité. C’est une pièce qui ne peut pas laisser
indifférent. Je n’ai pas regretté ma
soirée…
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