Grand Point Virgule
8 bis, rue de l’Arrivée
75015 Paris
Tel : 01 42 78 74 76
Métro : Montparnasse-Bienvenue
Seul en scène écrit par Antoine Duléry et Pascal Serieis
Mise en scène de Pascal Serieis
Présentation :
Tour à tour Belmondo, Serrault, Luchini ou Johnny, Antoine Duléry rend hommage
aux grands acteurs du passé mais aussi à ses complices d’aujourd’hui. Il passe
avec virtuosité d’un personnage à l’autre, du Théâtre au Cinéma, du réel à
l’imaginaire : Delon croise De Niro, Luchini poétise avec Jouvet, Galabru
dialogue avec Serrault. Au gré de ces rencontres improbables naissent des
situations jubilatoires.
Mon avis : « Ce
n’est pas de l’imitation, c’est de l’amour »… C’est en ces termes qu’Antoine
Duléry définit son spectacle à la fin de son seul en scène. Toute son
implication est contenue dans cette phrase. Antoine est entièrement dans l’affect,
en totale empathie avec ses glorieux aînés comme avec ses contemporains. C’est
un caricaturiste qui croque ses personnages sans jamais mettre dans ses
portraits une once de méchanceté. Il force certes beaucoup le trait, il accentue
les tics, il magnifie les tocs. Il est en permanence dans un mimétisme amplifié.
« Antoine Duléry
fait son cinéma ». Le titre de son spectacle comprend deux niveaux de
lecture et de réception. D’abord en donnant au verbe « faire » son
sens de « construire ». Il nous livre son générique idéal, de Michel
Simon et Louis Jouvet à Fabrice Luchini et Johnny Hallyday en passant par Jean-Paul
Belmondo et Michel Serrault. Quelle affiche somptueuse il nous propose !
Il joue en permanence à chat-mythe… Ensuite, il « fait son cinéma »
en ce sens où il en fait des caisses. Bonjour le Cabot ! Mais c’est un
cabot magnifique nanti d’un sacré pédigrée car il est issu d’une longue lignée
de splendides acteurs et comédiens. Il les a observés, il les a idolâtrés, il
les a croisés, côtoyés, il les a absorbés et il les a digérés. Ce qui en ressort
aujourd’hui, c’est la quintessence, le suc de tout cet amour. Ce spectacle, il
l’a laissé grandir en lui au fil du temps, au fil des films, au fil des
rencontres. Quand son trop-plein d’amour a débordé, tel un animal
hermaphrodite, il accouché de ce seul en scène qui lui est si personnel. Tout
Duléry est dans ce show. Il rend à ce métier-passion et à ses plus prestigieux
serviteurs un formidable hommage.
La petite salle du Grand Point Virgule (200 places) était
pleine comme un œuf. Le public, d’une moyenne d’âge plutôt élevée, était tout
vibrionnant à l’idée de découvrir en vrai sur près d’une heure et demie tous
ces personnages qu’Antoine Duléry avait esquissés sur les plateaux de
télévision, particulièrement chez Michel Drucker. Un public joueur, prompt à
entrer dans l’interaction facétieuse proposée par l’artiste. Plus les gens
réagissent, plus il va les chercher et les provoquer. Du coup, l’ambiance dans
la salle est extrêmement conviviale.
Antoine Duléry possède toutes les ficelles du métier. Il sait
tout jouer, mais il excelle surtout dans la gaudriole, dans l’humour. Il fait
vraiment bien son boulot mais sans donner l’impression de se prendre au
sérieux. Et pourtant, sa prestation est très travaillée. Elégant, charmeur, il
est visiblement là pour s’amuser et nous amuser. Son plaisir d’être sur scène
est aussi évident que communicatif. Il fait le show avec une générosité de tous
les instants. Ça ne ronronne jamais, il est tout le temps en action… Comme tous
les comédiens, Antoine Duléry aime les mots, les belles phrases. Son texte est
émaillé d’aphorismes, de citations, de jolies tirades (sa présentation de
Gérard Depardieu), d’extraits de dialogues de films (Les Enfants du Paradis, Tenue de soirée, Un singe en hiver…) ou de
pièces de théâtre (La Femme du boulanger).
Il y ajoute même un zeste de poésie lorsqu’il évoque l’importance du public
pour les artistes. Et, bien sûr, quand il le faut, il a toujours le sumo pour
rire…
« Antoine Duléry fait son cinéma » et il ne gâche
pas la pellicule, enchaînant sans temps mort les plans séquences et, proximité
oblige, multipliant les gros plans. Et, en prime, il peut s’offrir le luxe de
reprendre les meilleurs auteurs, Audiard en tête. Il n’est évidemment pas le
meilleur imitateur, mais avec ses dons de caméléon, sa puissance évocatrice, on
reconnaît aisément tout le monde, même les moins souvent parodiés (Pierre
Arditi, Claude Rich…). Cependant certains de ses personnages sont réellement
copie conforme avec les originaux : Luchini, Daniel Prévost, Johnny,
Belmondo, Galabru, Noiret sont véritablement étourdissants de réalisme. Et puis,
qualité non négligeable, ce diable d’homme sait aussi chanter : Barbara,
Montand, Aznavour, Bécaud, Michel Legrand (très applaudi) sont remarquablement
esquissés. Enfin, même quand il ne parle pas, il est capable de faire hurler la
salle de rire en campant Robert de Niro uniquement avec des mimiques…
Je pense que ce one man show va l’emmener longtemps et très
loin sur toutes les scènes de France car il contient la quintessence-même du
spectacle et il emmène avec lui toute la fine fleur du cinéma français. Chapeau
l’artiste !
Gilbert "Critikator" Jouin
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