Le Point Virgule a fait l’Olympia et
Bobino
Les 12, 13 et 14 juin, a eu lieu la septième édition de ce
rendez-vous désormais incontournable pour les amateurs d’humour, de bon humour.
De même qu’il existe un Printemps de la Chanson, cette manifestation pourrait
être sous-titré « le Printemps de l’Humour ».
Dix jeunes artistes passés par ce creuset de talents que
sont le Point Virgule et, plus récemment, le Grand Point Virgule, sont venus
présenter un sketch dans ces salles prestigieuses que sont l’Olympia et Bobino.
Le fait d’avoir été sélectionné pour faire partie de ce programme est un signe
fort de reconnaissance.
Hier soir, je me trouvais donc à Bobino et je peux affirmer
que, décidément, l’humour se porte vraiment bien en France. Les humoristes à l’affiche
proposaient une palette de jeu très variée et, surtout, d’un excellent niveau,
tant dans l’expression que dans l’écriture.
Intronisé maître de cérémonie, Ben, a fait une fois de plus étalage de son insolente maîtrise de l’absurde.
Très élégant dans son smoking, il nous a encore sorti des phrases alambiquées
et des digressions saugrenues qui n’appartiennent qu’à lui (j’ai adoré son
détournement : « Pas de break,
pas de chocolek !...). Son échange autour de l’histoire de Bobino avec
Christine Berrou était absolument désopilant. Ben a pris une belle envergure
dans le panorama de l’humour français. Je pense qu’il n’a pas fini de nous
surprendre.
Dans ce programme, parmi de jeunes pousses, figuraient
néanmoins quelques artistes déjà confirmés. On ne présente plus Vérino. Il fait un carton tout-à-fait
justifié partout où il se produit. C’est une valeur sûre.
Il y avait Tano
aussi, dont j’avais déjà vu deux spectacles. Au fur et à mesure de ses
prestations, il s’affirme de plus en plus. Il prend de plus en plus d’aisance,
il va de plus en plus loin. Son humour, toujours bien écrit, est corrosif, osé,
anticonformiste et il joue de mieux en mieux. A suivre, et de près…
Les autres artistes, je les connaissais un peu ou pas du
tout. Les voici par ordre d’entrée en scène :
Fary m’a vraiment
bluffé. En plus de son accoutrement improbable mais visiblement très étudié, il
sait tout faire avec son corps. Il a une présence incontestable. Avec un air de
ne pas y toucher, passant son temps à s’excuse avec son leitmotiv à l’adresse
du public « Soyez pas méchants », il énonce et dénonce des vérités
qui ne sont pas toujours bonnes à dire. Son humour est très fin, subtil. Avec
un ton distancié, il aborde des sujets aussi épineux que le communautarisme, le
racisme et… les filles. C’est très gonflé, et ça fait mouche à tous les coups.
Une authentique révélation et un potentiel énorme. C’est un personnage.
Marc-Antoine Le Bret
a su lui aussi m’amuser et, surtout, me surprendre. Des imitateurs, j’en ai
croisés énormément et même accompagnés certains. Marc-Antoine m’a intéressé par
sa façon intelligente d’amener ses imitations. Du jamais vu. Rayons voix, il
nous a cloné des gens dont on n’a pas beaucoup l’habitude : Laurent
Deutsch, André Manoukian, Benjamin Castaldi, Denis Brognart, les frères
Bogdanov… Il est très facile, il a du charisme et ses textes sont
remarquablement ciselés.
Alors lui, c’est mon gros coup de cœur ! Antoine Schoumsky va très rapidement
faire partie de nos têtes d’affiche. Je l’avais déjà repéré dans On n’ demande qu’à en rire sur France 2.
Chacune de ses prestations a été marquée du sceau de l’originalité. Il sait à
ravir interpréter les personnages inquiétants, les psychopathes, les débiles
plus ou moins légers. Son visage est très expressif et il possède la gestuelle d’un
véritable acrobate. Artiste complet, il s’inscrit dans un registre bien à lui qui
repose sur un humour très, très noir, voire féroce. J’ai hâte de découvrir son
one man show dans son intégralité.
Bouchra aussi est
étonnante par l’éventail de ses capacités. Non contente de savoir nous faire
rire, elle danse à merveille, elle possède tout un arsenal de mimiques
imparables et un sourire dévastateur. Très féminine, elle raconte son enfance,
égratigne ses camarades d’école, revendique ses origines algériennes, s’en
amuse et, avec beaucoup de pertinence et d’impertinence, ne tombe jamais dans
le communautarisme. Une très belle présence.
Céline Lelièvre
est pour moi un cas à part. Les fées se sont visiblement attardées sur son
berceau pour la fignoler. Très jolie, agréable à regarder, bonne tchatcheuse, c’est
une remarquable danseuse de hip-hop. Elle se livre à un cours collectif avec
leçon de gestes et apprentissage du jargon hip-hopien. C’est convivial, interactif,
mais ça trouve difficilement sa raison d’être dans un spectacle réservé à l’humour.
Elle a néanmoins le mérite de se livrer avec une belle générosité.
Alex Barbe, je l’avais
déjà entraperçu. Avec une espèce de nonchalance et une allure de premier de la
classe, il pratique un humour corrosif, frontal, délicieusement dérangeant. On
sent qu’il des choses à dire et la façon de les dire. Un garçon très
prometteur.
Farid Chamekh
aussi ne m’était pas totalement inconnu. Il fait également partie de ces
artistes complets qui savent tout faire. Souriant, sympathique, très à l’aise
avec son corps, il possède une grosse présence. Il a visiblement un métier déjà
affirmé. Il donne lui aussi envie d’en voir plus.
Enfin, Christine
Berrou est une de mes belles surprises de cette soirée. Déjà, au cours de
ses saynètes farfelues avec Ben, je l’avais trouvée vraiment drôle. Elle a une
façon quasi innocente de balancer vannes et vacheries. Elle possède surtout une
très belle écriture. Lumineuse, fine, pratiquant à ravir l’autodérision, elle
est particulièrement efficace dans le second degré. Avec une telle plume, une
présence aussi charismatique et sa voix de petite fille elle devrait aller très
loin.
Voilà. Elle était pas chouette ma soirée ?...
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