7, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie
75004 Paris
Tel : 01 42 78 67 03
Métro : Hôtel de Ville
Dimanche et lundi à 20 heures
Mise en scène de Léon Vitale
Présentation :
Karim Duval s’amuse avec malice de son métissage… et du vôtre.
Un voyage à la recherche de ses origines, du nord au sud et
d’orient en occident. Sur sa route, des rencontres aussi drôles
qu’improbables : le PDG des vendeurs de roses à la sauvette, un athlète
marocain sans-papiers candidat aux « J.O. de Gibraltar », un professeur
de musique adepte du silence…
Entre stand-up et personnages, Karim Duval nous offre un
humour frais et piquant. Toujours élégant, jamais vulgaire, ce citoyen du Monde
contourne la facilité des clichés communautaires. Lui-même n’appartenant… à
aucune communauté !
Mon avis : A
défaut de ne pas être communautaire, Karim Duval est un personnage peu commun. Avec
lui, pendant plus d’une heure, un mélange passe…
Garçon jovial, sympathique et chaleureux, il installe
immédiatement la communication avec le public. Il tient d’abord à éliminer tout
malentendu : Karim Duval n’est pas un pseudonyme. Prénom arabe, patronyme
on ne peut plus français, mais… yeux légèrement bridés pour brouiller encore
plus les pistes. En fait, il est l’épicentre d’un triangle d’or dont les trois
côtés sont trois continents, l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Karim Duval est
franco-sino-marocain ou, comme il le dit de façon plus prosaïque : il est « couscous-riz
cantonais- tartiflette » ! Voilà, les choses sont dites. Il est temps
de passer au spectacle.
Ce « Trois en un », il va s’amuser à en faire une constante. En y mettant systématiquement l’accent adéquat, il jongle malicieusement avec les ethnies. Les trois mots qui le définissent le plus sont intelligence, humour et élégance. Karim Duval est un artiste complet. Il possède une belle écriture, le sens de la formule, un visage et un corps souples donc très expressifs. Il alterne habilement le stand-up avec la création de personnages très hauts en couleurs comme les tontons Hamid et Chang. Ce melting show donne un spectacle dense, varié, fait de ruptures, dans lequel on le suit avec un grand amusement. D’autant que sous son aspect fils de bonne famille instruit et fin, il a l’art de distiller une forte dose d’humour noir, de placer à bon escient une vanne en plein coeur d'une digression philosophique ou sociétale, de glisser une pointe savoureuse de machisme, et de pratiquer une autodérision absolument jubilatoire. Il est vraiment du genre à épicer ses plats de l’harissa la plus forte et de nous les servir avec un grand sourire angélique. Reubeu rebelle ou Maroc star, sino cinoque, Français leste mais jamais vulgaire, Karim Duval est l’archétype du seul en scène exigeant et de qualité. Sous le vernis de l’humour, il y a de la profondeur d’esprit. Rien n’est gratuit, tout fait sens.
Parmi les grands moments de drôlerie qu’il nous fait vivre, je crois que le sketch qui synthétise le mieux son parti pris, c’est celui des « J.O. de Gibraltar ». Ce triathlon de l’extrême auquel sont confrontés des dizaines et des dizaines de migrants, qui nous fait littéralement tordre de rire tant il est gonflé, imagé et outré, dénonce en (dure) réalité les souffrances que ces pauvres gens endurent. Karim Duval est un accusateur soft. Sa réflexion sur l’utilité des frontières est tellement confondante de vérité !
La plupart de ses tableaux sont des petits bijoux de finesse
et de comédie pure. Certains de ses personnages frisent le moment d’anthologie.
Ah ce prof’ de musique clone de Salvador Dali ! Il ne craint pas non plus
de s’aventurer sur le terrain du surréalisme ; en inventant par exemple
son double inversé. Quelle trouvaille ! Et puis, comme je l’ai signalé
plus haut, ce drôle d’oiseau multicolore possède une de ces plumes… Quand il a
du vague à slam, nos plus brillants poètes doivent voir en lui un des leurs.
Il y a énormément de travail derrière cette apparente
facilité. Et beaucoup de réflexion.
Melting pot est un
bon, très bon spectacle, en adéquation parfaite avec son interprète, pour lequel on pourrait inventer un néologisme en le qualifiant de "karimsmatique"...
Gilbert « Critikator » Jouin
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