Capitol / Universal Music
Sortie le 8 janvier 2016
J’ai eu le privilège de connaître
et de côtoyer un peu Daniel Balavoine. Etant ami avec son batteur, Jean-Pierre
Prévotat, j’ai été amené à assister à quelques séances d’enregistrement et à
des répétitions. Je garde le souvenir d’un homme facile d’accès, convivial, bon
vivant, vanneur et très porté sur les blagues potaches et les histoires
cochonnes. Et quel rire il avait ! Je l’entends encore. Un rire explosif,
juvénile, communicatif… En même temps, il était terriblement exigeant et
perfectionniste, particulièrement au niveau du son. Il y avait un temps pour la
déconne, et un autre pour le travail.
J’appréciais l’homme autant que
l’artiste. J’avais pris une claque en 1978 avec son troisième album qui contenait
entre autres Le Chanteur, Lucie, Si je
suis fou… Mais ma chanson préférée – je la réécoute encore souvent –
c’était Les oiseaux… Puis j’ai eu la
chance de le découvrir sur scène au printemps 1979 dans le rôle de Johnny
Rockfort dans Starmania. Depuis ce
jour, je suis devenu un admirateur inconditionnel et l’ai toujours suivi.
Quelques temps après sa
disparition, devenu journaliste, j’ai rencontré à plusieurs reprises sa sœur
Claire et son frère Bernard. Ils oeuvraient au sein de l’Association Daniel
Balavoine et ils avaient pris le relais de leur frère pour assurer
l’installation en Afrique de pompes à eau… Il m’est également arrivé de croiser
sa compagne, Corinne, qui travaillait alors dans les médias.
Lorsqu’il m’est arrivé également
d’interviewer certains de ses partenaires de Starmania comme Fabienne Thibeault, Diane Dufresne, Nanette
Workman, Roddy Julienne, on évoquait inévitablement la personnalité forte et
attachante de Daniel. Il avait laissé en eux, en nous, une empreinte
indélébile.
En ce moment, à l’approche du
trentième anniversaire de sa disparition, les hommages et les émissions
commencent à se multiplier.
J’ai ainsi beaucoup aimé le
documentaire Je m’ présente, je m’appelle
Daniel de Didier Varrod, diffusé sur France 3 le 30 décembre dernier.
Et c’est avec autant de curiosité
et d’intérêt que je me suis penché sur Balavoine(s),
le premier « tribute » qui lui est consacré, qui sort le 8 janvier.
Bon, comme d’habitude, l’exercice
critique est hélas totalement subjectif. Je ne peux que me fier à mes goûts, à
mes sensations, à mon plaisir… ou pas. Voici donc mon hit-parade très
personnel.
Emmanuel Moire |
A la plus haute marche de mon
podium, je place Florent Pagny pour
sa reprise de La vie ne m’apprend rien.
Son interprétation est à la fois pleine de conviction et de sensibilité. On le
sent vraiment concerné par le sens de ce superbe texte. Il adhère visiblement à
chaque mot et le fait sien. Et, atout supplémentaire, il ne recherche
absolument pas la performance vocale. Du coup, on en apprécie d’autant plus les
nuances.
Ensuite, je place Emmanuel Moire. Il restitue Le chanteur à sa façon, avec sa propre
personnalité. Il traite parfaitement l’aspect pathétique de cette chanson. Là
où Daniel, jouant les matamores, mettait une sorte de défi, il distille une fragilité
empreinte de mélancolie. En cela il est conforme à l’esprit du texte. En
permanence sur le fil, il confirme sa grande intelligence et sa finesse.
Sur la troisième marche du
podium, j’ai installé Christophe
avec Lucie. On dirait que cette
chanson lui appartient, qu’elle fait partie de son répertoire tant elle est en
adéquation avec son climat habituel. C’en est d’ailleurs troublant.
Marina Kaye, Zaz, Florent Pagny (photo Abaca) |
Je ne connaissais pas Josef Salvat et j’ai découvert une voix
intéressante, une sonorité originale vraisemblablement due à ses origines
australiennes. Il apporte une signature très personnelle à Pour la femme veuve qui s’éveille…
En revanche, l’interprétation de Damien Lauretta – que je ne connaissais
pas non plus – m’a d’abord rendu perplexe. Tellement habitué à l’agressivité et
au ton menaçant de Daniel Balavoine dans Quand
on arrive en ville que j’ai été décontenancé par le ton tranquille, la voix
douce de ce jeune homme. Et puis, soudain, il est passé en voix de tête, et
j’ai trouvé que c’était plutôt réussi. Finalement je n’ai jamais cessé
d’osciller entre agacement et plaisir. Un peu à côté de la plaque (il ne fait
pas assez méchant), il a au moins le mérite d’avoir pris une option et de s’y
tenir. A revoir…
Jenifer |
Enfin, quasiment sur un même pied
d’égalité, je place Cléo pour son
intensité dans Dieu que l’amour est
triste… Jenifer, pour son
absolue maîtrise, sa maturité et la beauté formelle de sa voix mélodieuse au
service de cette très sensible chanson qu’est Mon fils, ma bataille… J’ai aimé l’appropriation intelligente, toute
en retenue d’Ours dans Si je suis fou… Cats On Trees pour son interprétation presque trop respectueuse de Aimer est plus fort que d’être aimé, ce
qui donne quelque chose d’assez distancié mais au climat intéressant… Le choix
de Féfé faire de L’Aziza un reggae est fort judicieux, très
agréable à écouter.
Sinon, il faut saluer le joli
travail de Marina Kaye dans la seule
chanson en anglais de cet album, Only The
Very Best. On la sent vraiment habitée, imprégnée et son refrain est
impeccable... Quant à Raphaël, il
apporte toute sa délicatesse dans une reprise feutrée et sobre de Soulève-moi… Nolwenn Leroy s’en sort comme d’habitude avec une élégance rare et
beaucoup de raffinement avec cette chanson pas évidente d’accès, toute en
sinuosités qu’est Un enfant assis attend
la pluie.
Hélas, presque toutes les
chansons de Balavoine(s) sont, à mon
avis – et cela n’engage que moi- gâchées par des arrangements ratés, décalés,
parfois pompeux voire incongrus. C’est dommage car on passe à côté de quelque
chose de vraiment fort. Je me suis souvent perdu en route, indisposé que j’étais
par cette incompatibilité entre de jolies voix et de mauvais accompagnements
musicaux. J’ai écouté l’album à plusieurs reprises et j’ai souffert à chaque
fois. Mais ce n’est que mon ressenti…
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