jeudi 2 novembre 2017

Laurent Gerra "Carnets d'un sale gosse"

Editions du Cherche Midi
Collection « Beaux Livres »
128 pages / 430 photos
19,90 €

Ce 29 décembre, Laurent Gerra aura 50 ans. Un demi-siècle, ça se fête. Et ; lorsqu’on est un homme public, ça se célèbre. Alors, pour marquer l’événement et le partager avec ses nombreux admirateurs, Laurent a eu la judicieuse idée de rendre publics ses Carnets d’un sale gosse, un superbe ouvrage (et je pèse mes mots) dans lequel il se raconte et se dévoile avec une totale sincérité.


Ce livre est un pur délice tant il est complet. D’abord, il est illustré par plus de 430 photos. Et on sait combien les images sont importantes et révélatrices. Elles sont autant de petites bornes qui ont jalonné son existence, depuis sa plus tendre enfance (il nous ouvre son album de famille) jusqu’à aujourd’hui où il va présenter son tout nouveau spectacle, Sans modération. Ensuite, riche en anecdotes, cet ouvrage, cette « somme » devrait-on mêmedire, contient tout ce qu’on a envie de voir et de savoir sur lui. Il va même au-delà de nos espérances car il nous permet d’entrer dans son intimité : fac-similés de documents personnels, coupures de presse, nombreux témoignages (de ses parents ; de Franck Perrot, son ami d’enfance devenu son ingénieur du son : de David Mignot, autre ami d’enfance devenu son fidèle accompagnateur ; de Michel Drucker ; de Jean-Jacques Pironi, son co-auteur, de Christelle Bardet, sa compagne ; et bien d’autres…). On y trouve également une kyrielle de photos le montrant en compagnie de célébrités françaises et internationales, des sketches, les étapes importantes de sa vie professionnelle (la scène, la radio, la télévision, l’édition, le cinéma), sa sanctuarisation au Musée Grévin… Bref, difficile d’être plus exhaustif. Lorsqu’on referme ce livre, on sait tout de lui. Et pourtant, pour bien le connaître, c’est un garçon extrêmement pudique.


Laurent Gerra, je l’ai rencontré en 1991, alors qu’il venait à peine de débarquer à Paris. Le hasard nous avait dîner à la même table après un concert à l’Olympia de Gilbert Bécaud, à l’Intercontinental rue Scribe. En discutant, je me suis même aperçu que je l’avais déjà vu sur scène dans la station de sports d’hiver de La Clusaz. Suite à cette soirée, alors qu’il était un total inconnu, j’avais réussi à ce qu’il vienne présenter son spectacle en Tunisie à l’occasion d’une fête organisée par le magazine télé pour lequel je travaillais, fête à laquelle était convié tout le gratin de l’audiovisuel de l’époque… Je le connais donc bien et j’ai toujours suivi sa carrière de près.


Laurent Gerra est un « sale gosse » qui a paradoxalement consacré sa vie au propre. Au propre de l’homme : le rire. Les fées (en décembre, ce sont des fées d’hiver) qui se sont penchées sur son berceau avaient peut-être un petit coup dans le nez après un dîner bien arrosé chez Marc Veyrat, toujours est-il qu’elles étaient un tantinet portées sur la gaudriole. En effet, dès son plus jeune âge, le garçonnet, nourri de calembours en Bresse, a commencé à se livrer à ses toutes premières imitations : Polnareff, Distel, Carlos, Dutronc, Sardou… Comment dès lors ne pas croire à la prédestination ? Dans son cas, ne pas faire usage d’un tel don eût été criminel et aurait témoigné d’un manque de reconnaissance vis-à-vis des espiègles bonnes fées. Il avait donc le talent dans les gènes, certes, mais pour paraphraser Brassens, « Le talent sans travail n’est qu’une sale manie ». Laurent a bossé, beaucoup bossé. C’est un stakhanoviste de la voix. On ne parvient pas à un tel succès, à une telle reconnaissance générale, et à s’y maintenir surtout, sans remettre sans cesse son métier sur l’ouvrage, et se lancer en permanence de nouveaux défis.

Aujourd’hui, le petit Laurent de Mézériat a 50 ans. Ça fait 45 ans qu’il imite des vedettes et ça en fait 30 ans qu’il fait de la scène. Il est à son tour devenu une méga vedette, un saltimbankable, le numéro Ain dans sa discipline… Si vous voulez vraiment tout savoir de son formidable parcours, précipitez-vous sur ses Carnets d’un sale gosse. Vous allez vous en payer une sacrée tranche… de vie !


Note bene : Juste pour sourire un peu, j’ai relevé une savoureuse coquille page 115, dans une confidence que nous livre Christelle Bardet qui, pour moi, a des allures de lapsus révélateur. Il est écrit en effet que « La bonne « chair », c’est quelque chose d’important pour Laurent ». Bonne « chère » eût été plus adéquat. A moins qu’on y voie là un aveu bien plus intime…

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