Théâtre du Marais
37, rue Volta
75003 Paris
Tel : 01 71 73 97 83
Métro : Arts et Métiers
Tous les lundis à 19 heures.
Jusqu’au 18 décembre
Seule en scène écrit et mis en
scène par Adrien Costello
Costumes d’Anne Valentine
Collaboration artistique :
Isabelle Layer
Interprété par Alice Costello (Lucana)
Présentation : Alors qu’un grand cataclysme a détruit la
planète, il semble que le dernier survivant soit… « une » scarabée.
Dans son abri, l’insecte se sent
terriblement seule et lutte pour sa survie. Pour tromper la folie qui la guette,
elle fait revivre des personnages qu’elle a connus avant la fin du monde. On
parle du climat, de politique, de racisme, de drogue, du show business… et
surtout on rêve, on rit, on est ému aussi.
Mon avis : Jamais je n’avais osé imaginer passer une heure et
quart en tête-à-tête avec un insecte. Mais Lucana n’est pas une bestiole comme
les autres. D’abord, elle semble être le dernier être vivant de notre planète
anéantie par un cataclysme et, ensuite et surtout, elle est douée de la parole.
Et pour être douée, elle est douée !
J’ai rencontré hier soir une
véritable scarabête de scène !
Alice Costello est un phénomène
(tiens, il n’y a pas de féminin à « phénomène » ?...) J’ai
rarement vu quelqu’un posséder autant de qualités, une telle variété, une telle
puissance et une telle subtilité de jeu. Quelle présence ! Elle est
fascinante. Ses silences sont aussi éloquents que ses mots. Dans son regard
incroyablement expressif, on peut saisir le moindre des sentiments qui
l’habite. Son visage est un livre ouvert. Candeur, étonnement, révolte,
mélancolie, enthousiasme… elle sait tout faire passer, tout traduire. Alice est
un couteau suisse dans lequel il ne manque aucun élément, y compris celui qui
pourrait sembler le plus futile. Sa créature, la Lucana, est tout autant folle
que sage, truculente que délicate, trash que poétique.
Le pire est que je ne suis
absolument pas excessif dans mes louanges. Alice Costello est dotée d’un
potentiel énorme, son éventail de jeu est exceptionnel. Elle est véritablement
touchée par la grâce.
Maintenant, il reste le texte.
Dans ce domaine, mon foutu esprit par trop cartésien n’a cessé de me faire des
croche-pieds pour que je ne puisse pas le prendre intégralement… mon pied.
Voici, en gros, ce qu’il m’a insidieusement soufflé : Mandibules est un vaste
fourre-tout, un patchwork un tantinet décousu. Son auteur, Adrien Costello, a
voulu, par excès de gourmandise, trop mettre de choses dans ce spectacle.
Résultat, on a l’impression d’assister à une succession de tableaux sans aucun
lien entre eux. On comprend, bien sûr, tous les thèmes qu’il a voulu aborder.
Mais cela donne un spectacle disparate, divisé en une demi-douzaine de
saynètes. Sa cuisine est presque trop riche car il y a mis trop d’ingrédients
qui ne se marient pas forcément les uns aux autres : la cérémonie des
Césars, le stand-up façon 9-3, le slam social, les grèves, les revendications
syndicales, la satire politique, le racisme, les quartiers sensibles, « Je
suis Charlie », la drogue… Il a voulu dresser une sorte d’état des lieux
de notre pays à un moment « T » ; depuis cet instant où le monde
a été détruit un funeste mois de septembre 2016. C’était donc hier. Il a donc
essayé de tout traiter, du léger au grave, avec la même intensité, avec le même
esprit d’urgence.
Cette pièce contient des moments
de grâce, des moments forts, des moments d’une drôlerie absolue, qui tous
sublimés par l’interprétation et l’implication de la comédienne. Ce qui nous
permet de ne jamais lâcher prise. Il y a dans Mandibules plusieurs
spectacles en un. On ne va quand même pas bouder notre plaisir pour un excès de
richesse !
Bref, je n’ai nulle envie de
pulvériser de l’insecticide sur cette formidable et attachante Lucana, mais
plutôt de vaporiser sur elle le parfum du succès que sa formidable présence
scénique mérite.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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