Polydor
/ Universal
Une Pomme est tombée sur
ma tête… Exactement comme cela est arrivé à Isaac Newton.
Quelle force
d’attraction ! Après avoir savouré son album plusieurs fois, j’estime avec
une relative « gravité » que Pomme est un des plus beaux fruits de la
chanson française de ces dernières années.
Pomme, c’est d’abord et
avant tout une voix. Mais quelle voix ! J’en ai encore les oreilles en
compote. C’eût été un sacrilège qu’elle n’utilisât point cet organe
exceptionnellement rare pour ne pas le mettre au service de la chanson. Sa voix
est fruitée (bien sûr), pleine, voluptueuse, incroyablement mélodieuse… C’est une
voix qui a du « sex apple ».
La première chanson m’a
scotché. Et pas « A peu près ». Complètement. Passées les premières
notes, passé l’effet de surprise, on tombe sous le charme de cette voix qui ne
ressemble à aucune autre ; on est décontenancé et séduit par ce phrasé si
particulier, cette façon unique de prononcer certains mots, de les découper,
d’en faire traîner les syllabes ; on est troublé par ces décrochements,
ces murmures, ces brisures, cette vaporosité éthérée, cette sensualité
naturelle et primesautière, cet entrelacs de force et de fragilité…
Sincèrement, la voix de Pomme est hors norme. C’est comme un instrument de
musique qu’on vient d’inventer et que l’on a magnifié en lui donnant quelque
chose d’humain.
J’ai bien lu et écouté
les treize titres qui composent cet album. Une phrase découverte en exergue
dans un coin du livret m’a donné une clé de lecture : « A peu de
choses près, voici mon âme. J’ai tout dit plus ou moins »… « Plus ou
moins » dans un album qui s’intitule A peu près sans pour autant tomber
dans l’approximation est un tour de force. A sa décharge, on peut dire qu’elle
est si jeune qu’elle manque encore un tantinet de vécu. Heureusement pour elle.
Et pour nous. Elle en a encore des choses à vivre, donc à dire. Pourtant, en
dépit de son jeune âge, elle chante des sentiments très matures. Dans La
Lavande, son titre apparemment le plus personnel, elle se livre énormément. Une
phrase en dit long : « Ma peau
n’est pas si jeune, elle connaît les adieux »…
On a donc un joli panorama
de sa personnalité. Bien qu’elle ait fait appel à des auteurs différents, son
album dégage une réelle homogénéité. Il y a beaucoup d’audace dans les textes. L’amour
et la mort (Eros et Thanatos) s’y côtoient aimablement. La jeune femme a
visiblement soif d’absolu. Elle ne fait pas dans la demi-mesure.
J’ai remarqué – est-ce
voulu on non – que certaines chansons pouvaient s’écouter comme des suites. Par
exemple, Adieu mon homme pourrait être la suite de La Gare. De même que De
là-haut pourrait être la suite de La Lavande.
Dans Comme si j’y croyais,
faussement candide, on comprend qu’elle n’est dupe de rien… Dans Même
robe qu’hier, elle évoque une aventure d’un soir. Ce n’est en tout cas
pas ce partenaire éphémère qui mérite qu’on dise de lui Ce garçon est une ville…
Il y a aussi des histoires de filles (Pauline, On brûlera), un aveu de
complexes (De quoi te plaire), une analyse obsessionnelle et quasiment
clinique de l’insomnie (Ceux qui rêvent)…
Il y a tant à raconter
sur cet album ! Dire que ses arrangements sont fouillés est un doux
euphémisme. Il y a plein de couleurs et de climats différents. C’est parfois
hyper dépouillé et, parfois, ça frise le symphonique.
Bref, A peu
près est une totale réussite. Un album qui trouble et qui fait plaisir.
Mais, surtout, quelle voix !!!
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