Comédia
4, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tel : 01 42 38 22 22
Métro : Strasbourg Saint-Denis
Un spectacle de Jean-Marc Ghanassia
Mis en scène par Laurent Serrano
Direction musicale : Philippe Gouadin
Scénographie et décors de Jean Haas
Lumières de Jean-Luc Chanonat
Création vidéo d’Olivier Roset
Costumes de Cidalia da Silva
Chorégraphies de Cécile Bon
Avec Morgane Cabot (Florence),
Xavier V. Combs (Jimmy), Magali Goblet (Corinne), Jules Grison (Francis),
Pierre Huntzinger (Tom), Margaux Maillet (Martine), Geoffroy Peverelli (Paul),
Cléo Bigontina (Basse), Benoît Chanez (Guitare), Yann Destal (Chanteur lead,
guitare, harmonica), Hubert Motteau (Batterie)
Présentation : Inspiré d’une expérience vécue, ce spectacle
musical est conçu comme une odyssée. Au lendemain de mai 68, des rêves de
révolution encore plein la tête, une bande de copains décide de partir pour le
concert « événement » de Woodstock. Sur la route américaine, portés
par les chansons des Canned Heat, des Who, des Doors, de Janis Joplin, de Jimi
Hendrix, ils découvrent ébahis l’univers sexe, rock et psychédélique des années
hippies...
Mon avis : Un pur bonheur ! Et je ne m’emballe pas. Je
traduis simplement mon ressenti objectif face à ce spectacle festif et
particulièrement haut en couleurs. J’ai guetté en vain la moindre fausse note
histoire de jouer au critique un peu pinailleur. Rien pour tremper ma plume
dans un dé de vinaigre. Il ne reste donc qu’à dérouler un tapis de fleurs et à
me répandre en louanges sincères sur ce spectacle ô combien musical.
La Musique, avec un grand
« M » est en effet le personnage principal de Welcome to Woodstock. La
bande-son de ce show est le fidèle témoignage d’une époque des plus prolifiques
en la matière. Les années 65/70 ont été d’une richesse et d’une variété
époustouflantes. Cinquante ans plus tard, elles n’ont rien perdu de leur
créativité, de leur puissance, de leur éclat. Pour moi, ces années-là sont plus
marquées du sceau du « Music Power » que de celui du Flower Power.
Les fleurs ont fané, la musique est toujours aussi vivante et exaltante.
25 chansons. Que du lourd !
Que du gravé à jamais dans le disque dur de notre mémoire musicale. OK… En
1968, j’avais 25 ans. J’ai baigné dans ce climat de révolte, d’insouciance, de
recherche d’un idéal et de désir de liberté. Je suis donc un tantinet partisan.
Mais au vu du comportement dans la salle de jeunes spectateurs, j’ai pu
constater l’effet produit sur eux par ces titres intemporels et par leur irrésistible
force mélodique.
Ce qui est intelligent dans ce
spectacle que l’auteur qualifie à juste titre de « road trip musical et
psychédélique » c’est qu’il a su faire coller chacun des énormes tubes à
son histoire. Tout est cohérent. Les chansons, judicieusement amenées,
accompagnent et illustrent l’action.
Parlons-en de l’histoire.
Légèrement fictionnée, c’est celle vécue par Jean-Marc Ghanassia, l’auteur. Il
a réussi, en deux heures de temps, à nous livrer un digest, un condensé de ce
qu’a été cette parenthèse effervescente. A travers des projections, des affiches,
des slogans, des dialogues, des situations, des effets spéciaux, il balaie tous
les grands thèmes fondateurs de cette époque : l’esprit révolutionnaire,
la beat génération, la non-violence, la guerre au Vietnam, la liberté sexuelle,
le Black Power, la recherche de la spiritualité orientale, les paradis
artificiels, la déstructuration de la société… Tout y est, il va à l’essentiel
sans jamais tomber dans le cliché.
La mise en scène, la
scénographie, les décors et les effets sont également épatants. Il y a quelques
tableaux qui sont d’un esthétisme enchanteur. La clairière est magnifique. Les
créations vidéo nous embarquent complètement dans ce que vivent les
protagonistes de l’histoire. Comme sous l’emprise des joints de marijuana
qu’ils font tourner et des pilules de LSD qu’ils avalent avidement, on part
littéralement en « voyage » avec eux. On partage leurs
hallucinations. On voit des poissons voler dans les arbres, les cimes des
arbres se mettre à danser… C’est remarquablement réalisé. Sur le plan strictement
visuel, ce spectacle est d’une grande qualité. Je ne veux citer – entre autres
superbes images – la formidable beauté et l’extrême sensualité de la scène
d’amour entre Angelina et Paul, coloriée façon Crazy Horse. Un
ravissement ; un grand moment de poésie pure.
Et puis, il y a les
comédiens-chanteurs… Quelles voix ! Ils sont tous excellents ; aussi
bien dans le jeu que dans la performance vocale. Autre atout de ce
spectacle : les interprétations de ces standards immortels sont très
personnelles. Aucun d’eux ne joue à l’imitateur ou au clone. Grâce également à
des arrangements originaux, exécutés par des musiciens hyper-talentueux et
investis, on redécouvre ces pépites musicales et on les savoure avec intérêt,
gourmandise et respect. Nous ne sommes pas devant un juke-box mais dans la
vraie vie, dans un « Live » absolu.
Quelques mots pour résumer ce
spectacle : esthétisme, humour, authenticité, générosité, énergie… Même si
on n’est jamais dans la nostalgie, au contraire, on ne peut s’empêcher de penser
que c’était vraiment sympa de vivre cette époque-là.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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