Ciné
13 Théâtre
1, avenue Junot
75018 Paris
Tel : 01 42 54 15 12
Métro : Lamarck / Abbesses
Ecrit et interprété par Patrick de Valette
Mis en scène par Isabelle Nanty
Présentation :
Dans un spectacle loufoque à l’humour décalé et ravageur, Hubert O’ Taquet,
professeur dans un CHU mais pas sûr, se pose avec vous ses questions sur notre
existence, et bien d’autres encore…
Mon
avis :
Oh bobo ! Bobo au ventre ! Bobo au ventre de rire… La première moitié
du spectacle de Patrick de Valette est carrément désopilante. Son arrivée sur
scène depuis le fond de la salle est un moment d’anthologie. Accoutrement insolite,
l’air emprunté, sourire niais de ravi de la crèche, regards furtifs et évaporés,
rasant le mur il progresse au ralenti. Toujours sans prononcer un seul mot, il
arrive sur la scène et regarde le public en se livrant à une kyrielle de
mimiques et grimaces toutes plus saugrenues les unes que les autres. Dans la
salle, ça pouffe, ça glousse, ça éructe… On ne sait trop quelle attitude
adopter face à cet énergumène bizarre et mutique. Enfin, après nous avoir
laisser mariner un bon moment, il se décide à parler : « La vie,
c’est quoi la vie ? ». Et enchaîne avec la fameuse interrogation
rendue célèbre par Pierre Dac : « Qui sommes-nous ? D’où
venons-nous ? Où allons-nous ? »…
Dès lors, devant nos yeux
effarés et nos esprits déboussolés, le professeur O’ Taquet va nous donner une
sorte de conférence animée et imagée sur l’évolution de l’humanité. Partant des
tout débuts de la vie sur terre, il se met à mimer avec autant de talent aussi
bien les animaux que les végétaux avant d’en venir à l’homme. Mais, nonobstant
son accent chantant et sa gestuelle grotesque et farfelue, on s’aperçoit bientôt
qu’il est bien loin de raconter des bêtises. Son discours, très étayé, est
celui d’un érudit remarquablement documenté. Si la forme est délirante, le fond
est sérieux, solide. Ce qui rend le contraste d’autant plus saisissant et la
portée réellement efficace.
Patrick de Valette est-il
un fou ? A moins qu’il ne soit un sage… C’est bien connu, les extrêmes
finissent par se rejoindre. Disons donc qu’il nous livre un message empreint de
vérité(s) par le truchement d’une folie douce. Double effet « Kiss
Cool » garanti.
Il utilise sa science
aiguë du mime, du burlesque et son très large éventail de jeu pour parler
darwinisme, philosophie existentielle, métaphysique, psychanalyse même (avec
Freud). Il va jusqu’à inventer un langage fait de borborygmes et d’onomatopées
et, surtout, il se livre à une débauche physique insensée. C’est un véritable
athlète. Pas une once de graisse (j’ai rarement vu des jambes aussi musclées),
il s’en donne à corps joie. Il saute, il court, il danse (avec un côté Nijinski
atteint du syndrome de la vache folle), il rampe, fait le poirier. Il est complètement
déjanté… Et puis, soudain, sans qu’on n’y soit préparé, il pique une crise. Il
hurle, invective, investit la salle, atteint un pic d’exaspération… et se calme
aussi soudainement qu’il s’est énervé. Tout penaud, il s’excuse, conscient
d’avoir « dérapé ».
Et là, les lumières se
font psychédéliques, il se dépouille au propre comme au figuré, et se fait
l’apôtre du Peace and Love et du Hare Krishna avec travail sur les chakras.
C’est là que j’ai un peu décroché. La chute de rythme et de tension a provoqué
chez moi une chute d’attention. C’est dommage car jusqu’à cette séquence, je
n’ai cessé d’être ébahi par les trouvailles extravagantes qu’il va puiser dans
son esprit labyrinthique et par sa gestuelle insensée.
Reste que Hobobo
est un spectacle inénarrable et atypique, interprété par un hurluberlu
hyperdoué. Il est évidemment très visuel, mais il sait aussi être didactique
sans en avoir l’ère. Patrick de Valette mérite amplement son titre de
« Maître du gag et de l’absurde ».
Gilbert
« Critikator » Jouin
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