Sentier
des Halles
50, rue d’Aboukir
75002 Paris
Tel : 01 42 61 89 95
Métro : Sentier
Vendredi
et samedi à 20 heures
Présentation :
Pourquoi lire les livres en entier ? Que doit-on crier entre les morceaux
pendant un concert ? Est-ce que c’est grave d’avoir un survêtement qui
sent le tabac ? A-t-on vraiment besoin de mettre des DJ partout ?
Attend-on une réponse quand on demande à son chienchien « Qui c’est
le pépère ? » Est-ce qu’un bébé ça doit manger tous les jours ?
Le djihad pourrait-il
s’organiser uniquement avec des jeux d’eau ?
A bientôt 40 ans, Thomas
VDB ne lésine plus quand il s’agit de poser les questions essentielles…
Mon
avis :
Franchement, le spectacle de Thomas VDB est inracontable. Ça a l’air de partir
dans tous les sens, il passe sans vergogne du coq à l’âne, et pourtant tout se
tient. Il y a certes quelques thèmes principaux qui émergent comme la musique
(le rock et le classique), Internet, la culture, la paternité… mais ils les
traite d’une telle façon qu’aucun ne constitue un véritable sketch. Il effleure
un sujet, passe à un autre, revient sur le premier, s’embarque dans une
digression… En fait, il nous raconte sa vie, mais vue par le petit bout de la
lorgnette. Jamais de plan large. Chez lui, tout est dans le détail, dans
l’anecdote, dans le ressenti. Il adore mettre la loupe sur des futilités, des
petites situations qui lui posent problème, qui l’agacent. Il est très sensible
à des broutilles, à des petits riens qui l’interpellent et qu’il cherche à
comprendre. Il de déclare d’ailleurs à plusieurs reprises : « J’ai
besoin de savoir ».
VDB a la désinvolture
véhémente. Il s’indigne pour des insignifiances. Avec son timbre de voix si
particulier, ce phrasé qui n’appartient qu’à lui, ce débit haché et cette
gestuelle impétueuse, il nous prend à témoins de ces petits faits qui lui
encombrent le quotidien. N’attendez pas de lui de grandes envolées sur la
politique ou la société, lui tout ce qui l’intéresse, c’est l’accessoire. Il
n’y a chez lui aucune agressivité, aucune méchanceté, aucun cynisme. Il se
complaît dans une forme de marginalité. Chez lui, le diable est dans le détail,
dans le comportement et dans les allégations de ses potes. Il s’ingénie à
tenter d’analyser le pourquoi de petites phrases banales du genre « J’ai
préféré le bouquin » à propos de l’adaptation cinématographique qui en a
été faite sans être pour autant capable de l’expliquer. C’est là tout son
génie.
Capable de nous faire
rire avec n’importe quoi – c’est un vrai talent - il joue avec les évidences,
jongle avec les ellipses, excelle dans les formules à l’emporte-pièce, distille
quelques notes d’absurde, pratique sournoisement la mauvaise foi. Avec son
irrésistible faconde, il pratique sans cesse l’autodérision. Il se connaît
bien, il ne se fait pas de cadeau tout en restant quand même assez complaisant
avec lui-même. Il est comme un grand gamin qu’un rien révolte et qu’un rien
amuse ; il a aussi une appétence très prononcée pour la farce, surtout si
elle est de mauvais goût et pour les images un tantinet saugrenues. Il nous
livre beaucoup de lui, de son intimité, ce qui le rend d’autant plus
sympathique. Tout simplement parce qu’il est proche de nous.
Pendant une heure et
quart, Thomas VDB nous offre un véritable feu d’artifice qui ne décolle pas
plus haut que le ras des pâquerettes. Il est naturel, il est lui-même, il ne
surjoue jamais et il nous met dans sa poche avec son flot de banalités
réjouissantes. Son stand-up est unique. Il a une voix, une bouille, un
physique, une énergie qui n’appartiennent qu’à lui et qui le rendent si
singulier. Hier soir, la petite salle voûtée du Sentier des Halles était pleine
à craquer. Le public ne s’y trompe pas : il fait bon partir et voyager
dans l’univers volontairement étriqué de Thomas VDB. D’autant que, mine de
rien, il nous donne pas mal à réfléchir sur la sottise, la puérilité, voire la
vanité de l’existence. Finalement Bon
chienchien nous laisse quelques os à ronger…
Gilbert
« Critikator » Jouin
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