L’Archipel
17, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tel : 01 73 54 79 79
Métro : Strasbourg Saint-Denis
Spectacle écrit et interprété
par Christopher et Steeven Demora
Mis en scène par Pascale
Osterrieth
Présentation :
Les Jumeaux ont une révélation à faire… En attendant, Dupont et Dupond
infiltrent une mosquée, un lion devient végétarien, des mamies deviennent
dealeuses, Steeven se lance dans le one man show et Christopher Nolan rencontre
un Ch’ti à Dunkerque…
De son côté, Sarko se
consacre entièrement à la carrière de Carla, ce qui lui laisse pas mal de temps
libre…
Mon
avis :
Entre le délire complètement frappadingue du Gros Diamant du Prince Ludwig au Gymnase et le numéro de duettistes
parfaitement abouti des Jumeaux hier
soir à L’Archipel, mes zygomatiques, très sollicités, ont passé une excellente
semaine.
Les Jumeaux, Steeven et
Christopher, je les avais remarqués lors de leurs passages à l’émission On n’ demande qu’à en rire. Chacune de
leurs apparitions – et elles avaient été légitimement nombreuses – m’avait
séduit. Je n’avais pu hélas assister à leur premier spectacle. C’est donc avec
beaucoup d’envie que je me suis rendu au théâtre de l’Archipel pour les
découvrir enfin dans la longueur.
Très sincèrement, la
réponse a largement répondu à mon entente. Leur prestation a été en tous points
conforme à ce que j’attendais d’eux. Ils sont vraiment excellents. Dans tous
les domaines. Leur écriture est précise, ciselée, efficace ; sans aucune
scorie ou digression inutiles, elle va à l’essentiel. Avec un sens très aigu et
un emploi judicieux de la (bonne) vanne, chaque phrase est conçue pour
provoquer le rire… De plus, leurs sketches, déjà remarquablement troussés et
construits, sont bonifiés par leur talent de comédiens. Très à l’aise avec
leurs corps, rompus à l’exercice du mime, jouant à la perfection avec
différents timbres de voix et avec les accents, ils peuvent se permettre de se
lâcher sur la gestuelle et les mimiques. A l’instar de leurs textes, leur jeu
est précis, alerte, et toujours infiniment drôle.
Photo : Kobayashi |
Steeven et Christopher
sont élégants, tant dans leurs costumes que dans leur attitude. Leur humour est
fin, jamais vulgaire, jamais méchant. Gentiment iconoclastes, ils caricaturent,
ils égratignent, ils balancent… Et puis, leur atout le plus important, celui
qui fait paradoxalement leur singularité, c’est d’être deux. Et, qui plus est…
jumeaux ! Ces deux-là font vraiment la paire. C’est fascinant de voir
double sans avoir rien bu d’autres que leurs paroles. Dans « jumeau »,
il y a jeu de mots ; leur gémellité est propice au ping-pong verbal, aux
effets miroirs, à une complicité sans faille. Et comme ce sont de vrais
jumeaux, ils monogigotent en stéréo.
Leur spectacle, très
visuel, contient une dizaine de sketches donnant lieu à autant de créations de
personnages et de thématiques différentes. Distillés sans aucun temps mort, ils
sont tous vraiment bons. Je serais bien en peine d’indiquer lequel m’a le plus
plu. Ils sont tellement variés qu’on ne peut pas les comparer. Je citerai néanmoins
la subtile dimension philosophique que contient le sketch sur les lions et le
joli moment de poésie que nous offre Steeven faisant l’apologie de leur Nord
natal.
Leur répartition des
rôles est impeccable. Steeven est très à l’aise dans les personnages féminins,
les incarnations animalières et les pitreries. Il est un peu l’Auguste, la
fonction de clown blanc étant dévolue à Christopher qui, lui, est
formidablement doué pour les imitations (tant vocales que physiques) ou pour
endosser une personnalité (le metteur en scène de one man show, Christopher
Nolan). Leur duo, parfaitement huilé, fonctionne admirablement.
Photo : Kobayashi |
Tout au long de leur
spectacle, sympathiques et bienveillants, Steeven et Christopher sont très
proches des spectateurs. Ils les sollicitent, jettent leur dévolu sur le plus
vieux et le plus jeune, les questionnent, les provoquent. Ces interventions,
intelligemment menées, produisent quelques heureuses ruptures ; comme
autant de joyeux petits moments récréatifs.
Si je ne veux rien
révéler du contenu de leurs dix sketches, dont il faut souligner la qualité des
chutes (ce qui est le plus difficile), pour vous en laisser découvrir tout le
sel, je tiens quand même à mettre le dernier en exergue car il est leur plus personnel.
C’est un sketch chanté dans lequel, s’accompagnant d’un ukulélé, ils évoquent
avec plein d’humour et de tendresse le test de fraternité qu’ils ont passé sept
mois auparavant. Ils ne pouvaient pas finir sur une meilleure note, confirmant
en cela que pour bien faire l’humour, il faut être (au moins) deux.
Gilbert
« Critikator » Jouin
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