lundi 24 septembre 2007

Les belles-soeurs


Théâtre Saint-Georges
51, rue Saint-Georges
75009 Paris
Tel : 01 48 78 63 47
Métro : Saint-Georges

Une pièce d'Eric Assous
Mise en scène par Jean-Luc Moreau
Décors de Stéphanie Jarre

Avec François-Eric Gendron (Yvan), Sabine Haudepin (Mathilde), Roland Marchisio (Francky), Véronique Boulanger (Nicole), Elisa Servier (Christelle), Manuel Gélin (David), Mathilde Penin (Talia)

Ma note : 6/10

L'histoire : Francky vient de se rendre acquéreur d'une maison à la campagne. Avec son épouse, il a décidé d'inviter ses deux frères et leur épouse respective. Au cours de l'apéritif, la maîtresse de maison apprend à la cantonade qu'elle a également convié à cette pendaison de crémaillère une certaine Talia, secrétaire de son mari, mais qui semble aussi être très bien connue des deux autres hommes de la famille... Aussitôt, un vent de panique commence à se lever du côté de ces messieurs entraînant un tsunami de suspicion auprès de ces dames...

Mon avis : Voici une pièce de boulevard de facture classique qui n'aura aucun mal à séduire le spectateur qui a envie de se distraire. En plus, habileté du casting, le dit-spectateur prend d'autant plus de plaisir qu'il retrouve sur scène des visages qui lui sont familiers via le petit écran. Il suffit de l'entendre ronronner d'aise quand font tour à tour leur apparition François-Eric Gendron (Le Proc, Avocats et associés, L'été rouge), Elisa Servier (Nestor Burma, Cap des Pins, Les grandes marées), Manuel Gélin (Avocats et associés, Sous le soleil), ou Véronique Boulanger (Confidences sur canapé). Ce n'est pas du tout idiot, loin de là, de les avoir ainsi réunis.
Dès les premiers échanges, on comprend que ça ne va pas être tendre entre les différents protagonistes. C'est Sabine Haudepin qui donne le la avec une salve de répliques cinglantes et rentre-dedans. La langue de bois, ce n'est pas vraiment son truc. On admet donc l'attitude réservée de son mari qui s'efforce d'esquiver les flèches tout en essayant d'arrondir les angles. On le devine déjà assez faux-cul.
Si les hommes affichent plutôt un profil comportemental assez convenu, ce sont les fameuses belles-soeurs qui s'offrent la part du lion (de la lionne devrait-on dire). Elles sont tellement dissemblables qu'on se réjouit à l'avance de la prévisibilité de leurs réactions. Mathilde (Sabine Haudepin), c'est la vraie teigne, la punaise qui pique là où c'est sensible. Elle est en outre dotée d'un tel sens de la répartie que chacune de ses remarques est une vraie gifle assénée à l'encontre de tel ou telle... Christelle (Elisa Servier), c'est la bonne bourge, qui ne vit que pour son confort, le paraître et ne jure que par les grandes marques. Son côté snobinard va peu à peu voler en éclat au fur et à mesure que les projectiles qu'elle reçoit vont entamer son armure Prada. Quant à Nicole (Véronique Boulanger), c'est la bonne pâte, apparemment même un peu nunuche. Mais elle a ses petits secrets et son bon sens lui permet de mieux se protéger des jets de vitriol.
Les frangins ! Ils sont sans suprise. Très solidaires et, surtout, très masculins. C'est-à-dire un peu veules, un peu lâches, un peu cachottiers. Emberlificotés dans leurs mensonges, ils s'enfoncent inexorablement dans les sables mouvants de leur pusillanimité.
Et puis il y a Talia ! celle par qui le scandale arrive. Il est vrai que, dans la salle, on l'attend la donzelle ! Ces dames nous ont tellement fait monter la mayonnaise à son propos qu'on a hâte de découvrir celle qui fait tourner la tête (et vraisemblablement d'autres organes) à leurs maris. Et on n'est pas déçu. Tornade blonde à la plastique irréprochable, Talia (Mathilde Penin) justifie que les mâles aient pour elle des comportements dignes (indignes ?) du loup de Tex Avery. Mais là aussi, le personnage n'est pas aussi premier degré qu'on pourrait le supposer. Au-delà de son apparence futile, superficielle et désinvolte, on sent peu à peu poindre les blessures. En ne pouvant se retenir d'exprimer sa fragilité, elle en devient touchante et sympathique.
C'est ce qui est bien dans cette pièce : rien ni personne n'est tout noir ou tout blanc. Personne n'en sort indemne. L'humour et l'ironie sont là pour aider à faire passer la souffrance et le chagrin. C'est la vie quoi !
Chacun des sept comédiens est parfaitement en phase avec son personnage. Les couples sont fort bien assortis et parfaitement plausibles. Il y a de jolies trouvailles de mise en scène qui, quand les acteurs auront pris leur rythme de croisière, vont encore gagner en efficacité. Bien sûr, une fois de plus, la gent masculine n'a pas le beau rôle. Ce sont les femmes qui tirent diaboliquement les ficelles de ces trois pauvres pantins. Pour se protéger, voire se justifier, nous n'avons qu'à nous dire, nous les hommes, qu'après tout ce n'est que de la fiction...

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