samedi 30 octobre 2010
Ben
Théâtre Le Temple
18, rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
Tel : 08 92 35 00 15
Métro : République
Ma note : 8/10
Le prétexte : « Tout part de quelque chose de vrai… ou que j’ai vraiment rêvé » avertit Ben dès le début du spectacle.
A mi-chemin entre le stand-up et le one-man show traditionnel, et sur un texte largement au-dessus de la moyenne dans cette discipline, Ben interpelle son public avec sincérité, pour l’emmener, l’air de rien, là où plusieurs kilomètres avant, bien des humoristes ont fait demi-tour
Mon avis : S’il y avait un néologisme à inventer pour qualifier Ben, le mot le plus idoine pourrait être : Absurdoué…
Doué, il est indéniable qu’il l’est. Quant à « absurde », c’est l’adjectif qui résume le mieux son univers. Va pour Absurdoué donc…
Ben est un bel et grand garçon très élégamment vêtu de noir. Déjà, pour séduire la gent féminine, il a de l’avance et il n’a pas trop besoin de parler. Surtout que lorsqu’il se met à parler, il commence à nous embrouiller. Enfin, quand je dis « parler », c’est plutôt soliloquer que je devrais dire. Il se met en effet à bredouiller quelques apartés exactement comme s’il était tout seul. En plus, on remarque tout de suite que ses apartés sont totalement saugrenus. Ce n’est pas un cerveau qu’il a, c’est un labyrinthe. Et on n’a aucun fil d’Ariane auquel se raccrocher. De toute façon, à quoi servirait de se raccrocher puisque il nous emmènera quand même là où il voudrait aller sans en être sûr lui-même. Quoi que… Et s’il était conscient ? Si son esprit tortueux était en fait porteur de sa propre rationalité ?
Il admet bien sûr qu’il utilise « des phrases pas cohérentes », mais en fait, il a sa logique à lui. Cartésiens s’abstenir. En revanche, amateurs de rubyk’s cube cérébral, vous allez en voir de toutes les couleurs…
La mine imperturbable, il arpente la scène inlassablement comme s’il se trouvait en pleine réflexion dans son salon. Il pense donc tout haut, ouvre un compartiment de son cerveau-gigogne pour en sortir un truc qui n’aurait pas dû y être rangé, oublie de le refermer, pour se préoccuper aussitôt d’un bidule qui vient d’attirer son attention en sachant qu’à un moment ou à un autre, il ira fermer le tiroir précédent pour nous reparler de ce qu’il aurait dû contenir… Oui, je sais, un tel comportement est quasiment impossible à analyser et à retranscrire.
Ben pourrait être l’enfant qu’aurait pu avoir le professeur Rollin s’il avait fauté avec Daniel Prévost (chose qui n’a encore jamais été ébruitée). Mais Ben est Ben. Il doit être très fort en mécanique des fluides, à part que dans sa mécanique à lui, tous les rouages sont inversés ou déformés. Mais ça reste quand même fluide. De digressions en élucubrations, tel un enfant qui joue à la marelle, il retombe toujours sur ses pieds. Il ne faut rien oublier dans le texte de son spectacle car n’importe quel élément peut resurgir à un moment donné pour faire tenir le château de cartes qu’il a patiemment élaboré tout en parlant d’autre chose.
Le pire, c’est qu’il aborde des sujets on ne peut plus banals. Certains, néanmoins, donnant plus à réfléchir que d’autres. Quoi que… Le mariage mixte, les préjugés, l’achat d’un appartement sont tout de même des cas de figure intéressants. Ou bien problème épineux, comment acheter un téléviseur lorsqu’on est interdit bancaire ?
On est avec Ben comme sur un escalier branlant, il vaut mieux se cramponner à la rampe pour ne pas perdre pied. Surtout qu’il a bien pris soin d’en cirer les marches ! Lui il s’en fout, c’est un équilibriste… Et non seulement il nous emmène exactement là où il veut, une fois qu’on s’y retrouve, il nous donne le coup de grâce en nous narrant les festivités qui ont émaillé son anniversaire. Il part en plein délire. C’est de la folie pure. Quoi que… Et si tout était vrai ?
Je crois que je vais devoir y retourner et, à la façon du Petit Poucet, marquer l’itinéraire qu’il nous fait emprunter pour essayer de retrouver mon chemin…
Vous l’aurez compris, Ben est à part. Il est dans son monde à lui. Il ne faut pas le déranger. Mais qu’est-ce qu’il nous fait rire. En plus, on a l’impression de rire intelligemment. Tout simplement parce qu’il est impossible de rire bêtement à ses remarques. Quoi que…
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