samedi 9 octobre 2010
Interview
Studio des Champs-Elysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
Tel : 01 53 23 99 19
Métro : Alma-Marceau
D’après le film de Théo Van Gogh
Adapté par Patrick Démerin et Hans Peter Cloos
Mis en scène par Hans Peter Cloos
Avec Sara Forestier (Katya) et Patrick Mille (Pierre Peters)
Ma note : 5/10
Synopsis : Un grand reporter et journaliste politique doit interviewer la jeune vedette d’un feuilleton télévisé à succès. De cette rencontre entre un spécialiste des relations internationales et une starlette people naît une bataille sans merci avec, en arrière-plan, le drame personnel de chacun qui prend place : impuissance, jalousie, soif de succès, souvenirs mal assumés…
Mon avis : Le générique était alléchant : le sulfureux Théo Van Gogh, Hans Peter Cloos, Sara Forestier et Patrick Mille…
Premières impressions : un décor froid et moderne, un traitement très cinématographique. Deux personnages contrastés : elle, sorte de poupée Barbie (elle m’a rappelé la Sophie Daumier des sketches avec Guy Bedos), perruque peroxydée, mini-robe rose, naturellement provocante avec juste ce qu’il faut de vulgarité, bien dans sa peau. Lui, sorte d’ours mal léché, mal rasé, mal attifé et mal disposé, visiblement venu à contrecœur. Tout est donc en place pour un duel à fleurets non mouchetés entre une fine lame et un sabre, tous deux décidés à blesser l’autre. Ce sont deux mondes qui s’affrontent, deux idéologies, deux caractères. Un seul lien les relie, l’antipathie…
Le schéma de base est incontestablement intéressant. Mais, hélas, il ne va rester qu’à l’état de schéma. Le démarrage est un peu lent et les propos superficiels. D’emblée, il y a un décalage qui va rendre l’ensemble bancal. Autant Sara Forestier est crédible dans son rôle de starlette, plus lucide et moins évaporée qu’il n’y paraît, maligne et authentique, autant le personnage qu’incarne Patrick Mille ne l’est pas. Je m’explique. J’ai, personnellement, effectué près de 3000 interviews, et même si j’en ai connu de pittoresques, je n’ai jamais rencontré une situation qui ressemble un tant soit peu à celle qui nous est présentée là. Les questions que pose Pierre Peters sont aussi peu plausibles qu’improbables. Que répondre à ceci, par exemple : « Est-ce que vous êtes bonne pour séduire les hommes ? » !!! Il y a de quoi être perplexe. Ça ne tient pas la route. Il serait photographe, on comprendrait qu’il cultive le cliché… Et puis le garçon est trop agressif et il en fait un peu trop dans le genre désabusé. Mais où il atteint le paroxysme de l’invraisemblance, c’est quand il commence à égrener ses malheurs : il sort les drames comme un magicien les lapins d’un chapeau. Quand on croit qu’il a touché le fond, il en rajoute un encore plus tragique. L’effet escompté est raté puisqu’il en devient risible.
Du coup, je ne suis jamais rentré dans ce huis-clos. Pas concerné, je suis resté en périphérie. Ce qui n’est pas gênant puisque l’intrigue tourne longtemps en rond avant que nos deux héros se décident enfin à jouer à une sorte de jeu de la vérité. "Donnant-donnant" affirment-ils. On dresse l’oreille. Va-t-il y avoir enfin un rebondissement ? Las, le soufflé retombe car on en anticipe vite la chute. Tout comme ma charmante voisine qui me le confiera à la sortie, j’avais deviné le truc. Je ne le dévoile pas par correction... Et cette pièce complètement fumeuse se termine en eau de boudin.
Il faut bien du talent à Patrick Mille pour essayer de sauver les apparences, mais il n’y parvient quasiment jamais. Ce n’est pas de sa faute. Il n’est pas gâté par le texte qu’il a à dire et la mise en scène ne l’aide pas à avoir de la chair, à prendre de l’épaisseur.
Quant à Sara Forestier, elle est irréprochable. Elle n’est pas non plus responsable de l’indigence du scénario et de la pauvreté des dialogues. Tout ce qu’elle fait, elle le fait bien. Mais ses efforts sont hélas vains. Elle confirme néanmoins tous ses talents de comédienne, sa sincérité, son implication. Elle donne beaucoup, mais que va-t-elle recevoir en échange ?
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