vendredi 8 octobre 2010
Le Technicien
Théâtre du Palais-Royal
38, rue de Montpensier
75001 Paris
Tel : 01 42 97 59 76
Métro : Palais-Royal
Une comédie d’Eric Assous
Mise en scène par Jean-Luc Moreau
Décor de Charlie Mangel
Avec Roland Giraud (Jean-Pierre), Maaaike Jansen (Séverine), Patrick Guillemin (Patrice), Elisa Servier (Victoria), Zoé Bruneau (Célia), Arthur Fenwick (Guillaume), Jean Franco Gaëtan), Jean-Yves Roan (Liebovski)
Ma note : 7,5/10
L’histoire : Il y a 20 ans, Séverine Chapuis s’est fait plaquer par son mari, un flamboyant homme d’affaires sans foi ni loi. Abandonnée, sans le sou, Séverine a travaillé dur et elle a monté une maison d’éditions littéraires qui lui assure un train de vie plus que confortable et elle a refait sa vie avec Patrice. Un beau matin, le fameux Jean-Pierre réapparaît dans le bureau de Séverine. Ce n’est plus le businessman arrogant et cynique qu’elle a connu, mais un homme ruiné, quasi SDF. Il est venu lui demander pardon… et un emploi ! Pas rancunière, Séverine décide de lui redonner une chance. Jean-Pierre sera technicien… de surface. Autrement dit homme de ménage ! Et à condition qu’il prenne un nom d’emprunt car il n’est pas question de dire au personnel de la société que Jean-Pierre est l’ex-mari de la patronne…
Mon avis : Le tandem Eric Assous/Jean-Luc Moreau a encore frappé ! Eric à la plume et Jean-Luc à la mise en scène nous ont encore une fois concocté une comédie foutrement bien ficelée et particulièrement enlevée.
Un tango enjoué nous a déjà mis dans les meilleures conditions d’esprit lorsque l’on découvre le décor : un bureau-salon encadré d’étagères encombrées de livres. Nous sommes dans le coeur de la maison d’éditions dirigée par Séverine. Dès l’apparition, assez rapide, de Roland Giraud, le ton est donné, le rythme est lancé et le scenic railway dans lequel nous venons d’embarquer ne va plus cesser de prendre de la vitesse et de sous secouer la ceinture abdominale. En route pour un déferlement de vacheries. Ça vanne sec à tous les niveaux et surtout dans les dialogues acerbes qu’échangent Séverine et Jean-Pierre, vieux couple qui a quelques comptes à régler. En dépit des mensonges et des trahisons qu’elle a dû supporter et subir, Séverine est une bonne âme. Alors qu’il est en train de noyer, elle lui tend une main charitable, mais de l’autre, elle le soufflète moralement. Embauché d’accord, mais dans l’emploi le plus humble qui soit. De quoi lui faire ravaler sa superbe et son orgueil.
Cette pièce possède tous les ingrédients du (très) bon boulevard… Dans la société, tout le monde a trouvé sa place et assure son train-train quotidien avec son lot de mesquineries et de tromperies secrètes. Cette routine aurait pu tranquillement perdurer si un sacré grain de sable n’était venu enrayer la mécanique. Jean-Pierre va être cet élément perturbateur avec un sadisme et un enthousiasme assez machiavéliques. Il va leur pourrir l’ambiance.
Pendant le premier tiers de la pièce, j’ai trouvé le spectacle plaisant, mais sans plus. Il y avait tous les clichés conventionnels et convenus du genre, c’était bien joué, mais quelques ficelles étaient un peu grosses. J’ai par exemple trouvé superflue la scène de la machine à café. Elle n’apporte rien à l’action, elle dure trop longtemps et elle fait trop farce… Et puis, soudain, c’est comme si le diésel avait passé le turbo. Au premier rebondissement que j’avais trouvé un peu simpliste, en succèdent un ou deux autres qui nous prennent vraiment par surprise. Et là, on passe à un tout autre niveau. Les scènes se succèdent à un rythme fou, toutes plus hilarantes les unes que les autres. Le public est pris en otage. Le rire devient non stop. Et ce, jusqu’à un final complètement délirant. Du grand art. Magistral !
Le Technicien est emmené de main de maîtresse par une Maaike Jansen époustouflante. C’est elle qui mène le bal. Très élégante, très femme, donc très rouée, elle se balade dans tous les registres avec une justesse et une vitalité confondantes. Entraînés dans son sillage, tous les autres comédiens, Roland Giraud en tête, s’en donnent à cœur joie. Cette pièce, qui démarre comme un diésel, prend rapidement de la vitesse pour finir en trombe telle une formule 1. Grand moment de détente et de gaîté, elle va être, à n’en pas douter, un des grands succès populaires de cette fin d’année.
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