Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre-Caumartin / Auber
One woman show écrit par Antonia de Rendinger
Mis en scène par Olivier Sitruk
Présentation :
Bienvenue dans la loge de madame Cayeux, 80 ans, concierge de son état et
plaque tournante d’un petit immeuble où, au fil des rencontres, se croisent
autant de points de vue que de personnages variés…
On embarque dès que le noir se fait dans un voyage d’une
heure quinze qu’on ne saurait vraiment qualifier de « seule en
scène » tant nombreux sont les protagonistes qui s’y invitent ! On
remarquera surtout la manière dont chacun fait écho à l’autre, composant un
puzzle jubilatoire, dans l’esprit des films choraux…
Mon avis :
Je m’attendais à un bon spectacle. J’ai découvert une prestation d’une qualité
allant au-delà de mes espérances. Comme beaucoup, Antonia m’avait époustouflé
par son talent et son culot avec son sketch sur Miss France et ses apparitions
à On n’ demande qu’à en rire m’avaient
fréquemment enchanté. Et bien, Antonia gagne encore plus à être vue sur la
longueur, pendant les Quatre-vingt minutes que dure son one woman show.
Antonia de Rendinger (oui, oui, comme Olivier de Benoist, c’est
une aristocrate grand teint) est un véritable phénomène. Mine de rien, ça fait
vingt ans qu’elle écume les planches. Ligue d’impro, théâtre, sketchs en solo…
elle a un sacré bagage et de l’expérience à revendre. Et, particularité qu’il
ne faut surtout pas négliger, elle a fait des études de lettres modernes et
possède une maîtrise de littérature française. D’où la remarquable qualité de
son écriture… Antonia, c’est de 4G agrémentée du haut débit. 4G comme Gaîté, Grâce,
Générosité et Grivoiserie ; avec une touche de Génie comique.
Huit sketchs, huit performances de très, très haut niveau. Dès
son entrée en scène, elle nous déclenche une irrépressible envie de faire l’humour
avec elle. Elle nous entraîne dans son monde, un monde fait de folie, d’extravagance
et d’irrévérence. Je crois que l’adjectif qui la qualifie le mieux à mes yeux (et
à mes oreilles), c’est « truculente » (Petit Larousse : « Qui exprime les choses avec crudité et
réalisme ; pittoresque, haut en couleurs »… Elle est
rabelaisienne dans le sens le plus noble ‘normal pour une aristocrate qui
pratique l’irrévérence) du terme. Dans son spectacle, en effet, comme chez Rabelais,
il y a de l’épique, du parodique, de l’exagération, de la satire, de la
paillardise, voire de la scatologie et, surtout, elle est la démonstration
vivante de l’adage « le rire est le propre de l’homme ».
Olivia sait tout faire. Du mime (voir le premier sketch),
elle prend tous les accents, elle danse remarquablement (voir sa bluffante chorégraphie
du septième sketch), elle a l’art d’incarner des personnages. Visiblement, elle
n’a aucune limite. Elle n’a peur de rien. Elle est sacrément gonflée… J’ai tout
aimé dans ce spectacle : le jeu, l’audace, le délire, l’écriture, la mise
en scène. C’est d’une efficacité rare. Jacqueline Cayeux, la concierge qui est
le fil rouge de Travail, Famille, Poterie,
est une sorte de compromis pour la voix entre Michel Serrault et la Gisèle des
Vamps. Cette bignole est une sacrée nature. Son franc-parler est dévastateur.
Comme Monsieur Jourdain, elle pratique sans le savoir l’anticonformisme, la
xénophobie, le politiquement (très) incorrect, la subversion. Etre, en même
temps, elle peut s’avérer touchante.
Dans ce spectacle qualitativement impeccable, deux sketchs m’ont
arraché encore plus que les autres des spasmes de rire : l’épilation et la
conférence sur le nombril. Mais, motus et clavier cousu, je n’en révélerai
absolument rien.
Précipitez-vous aux Mathurins. Vous y passerez un moment de
bonheur total. Antonia de Rendinger possède un talent monstrueux. C’est une
auteure et une comédienne hors pair. Elle a largement sa place au Panthéon de l’humour…
Gilbert « Critikator » Jouin
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